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Quel est le rapport ?

Publié le 02 février 2008 par Christophe Foraison
undefined Oui, je sais, j'ai du retard: pas d'article depuis plus d'une semaine, vous croyez peut être que je m'amuse ? (j'me prépare à la réforme du métier d'enseignant, je suis plus réactif en mettant moins d'une semaine pour corriger les copies^^).
Sans blague...Vous croyez peut être que je n'ai rien à dire ? Tiens, je vais vous faire un long billet, avec peu d'images et pas de vidéo...Sans blague ^^
Non, bon, en réalité, l'explication est plus simple:  il y a plein de sujets  qui sont abondamment commentés sur le web. Résultat: j'en ai parlé avec les collègues, avec les élèves et donc je ne voyais plus trop l'intérêt d'écrire un article ^^ C'est dingue, la vie réelle prend le dessus...

Anton van dalen, 2005


Les remous dans la finance ?

En effet,  alors que la crise de la société générale éclate, des élèves ont réalisé un exposé clair et synthètique sur les subprimes et  l'affaire du trader.
Cela a aussi été l'occasion de comprendre le rôle économique des banques. Elles sont un instrument essentiel de financement des activités économiques en collectant l'épargne et en participant aux processus de création monétaire par le biais du crédit. La finance peut se définir comme un moyen de faire en sorte que les capacités de financement des uns (les acteurs économiques qui ont une épargne supérieure à leurs investissements) servent à satisfaire au mieux les besoins de financement des autres (ils sont dans la situation inverse).
Alors, où est le problème ? 
Disons, pour simplifier, que, pour mieux remplir ces fonctions, les banques ont pu multiplié les produits financiers dans un contexte marqué par trois aspects nouveaux: le système financier s'est dérèglementé, décloisonné (ce qui a donné beaucoup plus de liberté pour agir).
De plus, le progrès technique a accéléré le processus, il a permis de créer de nouveaux produits, individualisés, gérés en temps réel...).
En même temps, la concurrence s'est intensifiée, les banques ont donc chercher à maximiser leurs profits, à racheter d'autres concurrents, à prendre plus de risques (car cela peut être rémunérateur).
Le système financier, très réglementé, était devenu inadapté. Le basculement vers une régulation par le marché s'est opéré à partir du milieu des années 1980.

undefined Cette stratégie de gestion des risques vient de montrer ses limites: des ménages surendettés qui ont  perdu leur bien immobilier aux Etats-Unis (crise immobilière), des banques qui ont mis en place des instruments financiers tellement complexes qu'on ne sait plus où est le risque et qui a risqué (conséquence: sur les marchés interbancaires, les taux augmentent) et en plus, on apprend dans l'affaire de la société générale que les mécanismes de contrôle qui devaient limiter les risques n'ont pas fonctionné (d'où le probable rachat de la société générale par d'autres banques).

Voici, de façon plus savante, un lien qui permet d'approfondir cet argument sur la finance et le risque
(ce livre me parait toujours très pertinent)


Les deux nouveautés de la semaine dernière me paraissent être d'une part le fait que, contrairement au passé, nous sommes aujourd'hui encore (soit 5 mois après le début de la crise des subprimes) incapables de voir l'étendue de la crise; et que d'autre part, l'affaire de la Société Générale porte sur des montants très élevés (nous détenons, il me semble, le triste record du monde en ce domaine).


undefined Le tricheur
Georges de la Tour (vers 1625)   

Le rapport Attali ?

On peut avoir une même grille de lecture: comment concilier sécurité et liberté ?
Notre système économique et social a été le fruit d'un long processus qui a permis de construire collectivement un certain nombre de protection ayant été à l'origine de nombreux progrès économique et sociaux. Les élèves sont toujours surpris d'apprendre que plus de 90 % des actifs occupés sont salariés. Pourquoi ? Ce très beau documentaire apporte des éléments de réponse éclairants.
Dans l'affaire du Rapport Attali, beaucoup de propositions vont dans le sens de vouloir libérer les activités économiques et sociales de ces protections afin de permettre plus de croissance économique: multiplier les grandes surfaces (alors qu'elles sont encore limitées par la loi), permettre aux travailleurs qui le souhaitent de continuer de produire après l'âge officiel de la retraite, supprimer la carte scolaire (liberté de choix total de l'établissement)...Pour les taxis, c'est la même démarche: supprimer les règles qui encadrent cette profession pour démultiplier leur nombre.


Le rapport Pochard ?

Bon, je sais, cela concerne notre petit monde, celui des enseignants. Le rapport sera publié lundi, quelques aspects ont fait grand bruit dans la presse (amenant Michel Rocard, un des membres de la commission à démissionner).
Là encore, on sent qu'il s'agit de donner plus de liberté dans le système: autonomie des établissements, changements du mode d'évaluation des enseignants jugé trop bureaucratique, annualisation du temps de travail (au lieu de devoir 18 heures de présence devant les élèves par semaine, chaque enseignant doit 1 600 heures de travail dans l'année, ce qui permettra de réguler de façon plus souple son temps de travail). En plus, ces réflexions se sont téléscopées avec l'affaire de la "gifle" (un enseignant ayant giflé un élève de 6ème a passé 48 heures en garde à vue et a été suspendu). Conséquence: beaucoup d'enseignants se sentent lâchés, ayant le sentiment d'être fragilisés.

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"Alors m'sieur, et vous, vous en pensez quoi ?"

Les élèves me posent systèmatiquement cette question après ma tentative de
présenter les faits ou les évènements. Que faire ?
   -a- rien. L'enseignant doit être neutre pour ne pas manipuler les élèves et respecter la diversité des opinions. Personnellementt, j'ai eu ce type d'enseignant, j'appréciais leur rigueur, mais j'étais frustré
   -b- donner son avis personnel si possible engagé pour éclairer les consciences. J'ai eu des enseignants très engagés sur le plan politique ou associatif. Certains provoquaient de façon mécanique une volonté de les contredire (même pour le plaisir^^), d'autres m'irritaient: ils donnaient systématiquement leur version (qui n'était pas toujours pertinente à mes yeux).
  
Bon alors, passé de l'autre côté, je préfère que les élèves donnent leur propres réflexions (en général, dans une classe, on a toujours une diversité assez étonnante, c'est à moi de faire émerger ceci), soit me posent la question...sauf ici où je fais les questions et les réponses, c'est mon blog, non mais ...

1°) une remarque sur le fond: il me semble qu'à trop vouloir déplacer rapidement le curseur de la sécurité contre la liberté, on risque d'aboutir à de nombreux effets pervers: réaction du corps social (les nerfs à vifs des chauffeurs de taxis, des enseignants etc...), trop de liberté tue la liberté (air connu). C'est l'enjeu actuel: si on veut plus de liberté pour améliorer le système (pourquoi pas ?), il faut également rechercher de nouvelles formes de sécurités et des règles qui limitent les abus de la concurrence (que dit le rapport Attali sur ce sujet ? Trop peu ? ).
On retrouve les enjeux des négociations sur le contrat de travail qui tournent autour de la "flex-sécurité": plus de flexibilité pour les entreprises pour gérer la main d'oeuvre, plus de sécurité pour le salarié (droit à la formation...).

2°) une remarque sur la forme: il me semble qu'on peut être un peu mal à l'aise.
En bon démocrate, je croyais que chaque candidat se présentait devant les électeurs pour nous raconter notre avenir et régler un certain nombre de problèmes par des propositions. En 2007, deux élections majeures ont donc permis de trancher. Le président et les députés ont donc une légitimité forte pour mettre en place leur programme.
Pourquoi mettre en place des commissions de ce type ?
- les députés (de la majorité) ont l'impression d'être supplantés par les experts (qui ont une légitimité technocratique mais pas démocratique)
- les experts doivent alors réflechir à la mise en place pratique des pistes lancées par le pouvoir éxécutif / législatif. Mais alors, des questions se posent: il y a effectivement un certain nombre de propositions concrètes qui mettent dans l'embarras des personnalités de l'opposition (voir Jack Lang avec la réforme des institutions ou  récemment avec Michel Rocard). D'autre part, pas un membre de la commission Attali n'a un lien avec l'éducation nationale. Or, le premier chapitre est centré exclusivement sur le savoir et quelques propositions touchent de très près le système scolaire. Enfin, le rapport Attali prend souvent la forme d'un programme (qu'il faut le prendre en bloc selon l'auteur !).


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