Examinons les résultats des élections de novembre dernier et on se rendra compte que le sud a largement voté pour Laurent Gbagbo [la photo provient d'ici] et le nord pour Alassane Ouattara, président reconnu par la Communauté internationale, terme élégant pour désigner un mondialisme qui n'ose pas dire son nom, par souci de respectabilité.
Il ne faut en effet pas confondre le mondialisme qui est une ébauche de gouvernement mondial, dominé par de riches pays occidentaux, et qui s'arroge le droit d'intervenir dans la politique intérieure des Etats membres, et la mondialisation qui est un phénomène spontané, produit de la libéralisation des échanges et de l'accroissement de la mobilité.
Les résultats du second tour des élections ivoiriennes, assorties de fraudes commises par les deux camps, sont diamètralement opposés suivant que l'on s'en tient à leur proclamation par la Commission électorale indépendante ou par le Conseil constitutionnel du pays.
Admettons toutefois que ce soit les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante qui soient les plus dignes de foi. Dans cette hypothèse, Laurent Gbagbo a tout de même obtenu 46% des suffrages, principalement dans le sud où il est resté populaire et a de nombreux partisans. A Abidjan, la capitale économique, il a fait jeu égal avec son adversaire.
Or, comme dit d'emblée, la Côte d'Ivoire est schématiquement divisée en deux. A la dimension religieuse, nord musulman, sud chrétien, s'ajoute une dimension ethnique que l'on retrouve dans tous les pays d'Afrique, qui explique les clivages existant dans un même pays et qui fait partie de la longue histoire du continent que la parenthèse coloniale n'a pas gommé. Les ethnies ivoiriennes du nord sahélien et celles du sud et de l'ouest ne s'entendent pas depuis longtemps et la richesse se trouve ... dans le sud, avec son débouché maritime.
Dans ces conditions on se rend bien compte que la démocratie à l'occidentale ne peut pas fonctionner, du moins dans sa version jacobine telle qu'elle existe en France par exemple. Encore une fois le modèle helvétique, qui préserve l'existence des minorités, serait certainement plus adapté. Aussi, quelle que soit l'issue de l'affrontement Gbagbo-Ouattara aucune réconciliation ne sera possible sans tenir compte de cette réalité.
En choisissant un camp plutôt que l'autre, en armant l'un, pour lui permettre de lancer son offensive éclair (le temps jouait pour Gbagbo) et en désarmant et en détruisant l'autre, le mondialisme sera peut-être apparu comme le protecteur affiché de populations civiles, que ne respecte pourtant aucun des deux camps, mais il aura surtout jeté de l'huile sur le feu.
Cette main basse du mondialisme sur la Côte d'Ivoire est dans la lignée des interventions des pays occidentaux qui croient détenir la vérité et cherchent à l'imposer aux autres, sans d'ailleurs demander pour autant leur avis sur ces questions à leurs propres citoyens.
Francis Richard