Après des semaines de polémiques embarrassantes à l'UMP, la convention chère à Jean-François Copé s'est finalement déroulée, sans surprise.
On connaissait déjà les (26) conclusions de l'UMP sur la laïcité. On savait qui l'animerait, quels seraient les grands absents de la majorité. Et ce grand raout de la droite de l'UMP n'a pas réservé de surprise : comme prévu, on y a beaucoup parlé, mais on n'a pas dit grand-chose. Comme prévu aussi, un monde fou attendait, mardi, à Montparnasse, devant l'hôtel Pullman où a eu lieu le débat : les plus nombreux étaient sans doute les CRS, mais on comptait encore plus de journalistes (près de deux cents, selon les organisateurs).
Parmi les participants, outre un certain nombre de jeunes UMP, plusieurs figures de la majorité ont défilé dans l'après-midi, plus ou moins contentes d'être là, mais toujours sur l'air de "On vous l'avait dit que ça intéressait les Français, ce débat..." Entre autres, : NKM, discrète, Luc Chatel, bon élève de la majorité, Jean-Claude Gaudin, passionné par le sujet, Bruno Le Maire, en retard mais très appliqué, Gérard Longuet, manifestement très inspiré, lui aussi, ou encore François Baroin, ministre du Budget, mais surtout porte-parole du gouvernement, qui, après avoir regretté la tenue de ce débat la semaine dernière, a fait acte de présence et s'est dépatouillé habilement d'un petit discours d'introduction dans lequel il a rendu hommage à la loi de 1905, avant de filer discrètement. Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant n'est apparu, quant à lui, qu'à la fin du débat, et ne s'est pas exprimé.
Copé ne cesse de justifier le débat
À la droite de la droite, on a aperçu, entre autres, Éric Ciotti et Chantal Brunel, ou encore un autre membre de la majorité moins connu, Xavier Lemoine, maire de Montfermeil, venu "témoigner (d') une pression intolérable sur les populations des cités" et de "la désespérance des populations qui se sentent étrangères chez elles", prenant l'exemple "d'enfants qui ne peuvent pas sortir leur goûter à 16 heures pendant le Ramadan", ou de femmes portant le voile "non pas par conviction, mais pour vivre tranquilles". Loin de le gêner, ces propos ont conforté l'organisateur en chef, Jean-François Copé : "Ce témoignage-là est aussi la réalité de la France d'aujourd'hui", a-t-il tenu à répondre à l'élu de Seine-Saint-Denis.
S'il a exprimé plusieurs fois ses regrets sur l'absence de représentants de la communauté musulmane, répétant à l'envi qu'il les avait "pourtant invités", le patron de l'UMP a été jusqu'à se féliciter de la présence - réelle - de nombreux journalistes étrangers : "On a quand même attiré 200 journalistes du monde entier !" crânait-il, feignant d'ignorer que la plupart d'entre eux étaient venus constater d'eux-mêmes la "droitisation" du parti du président de la République française, dont on parle tant. Non content de fustiger, à de nombreuses reprises, les "polémiques ridicules auxquelles l'UMP a eu le droit sur ce débat", Jean-François Copé n'a eu de cesse d'affirmer que les questions soulevées intéressaient, voire inquiétaient les Français. Les Français, peut-être, mais à mesure que la convention touchait à sa fin, de nombreux députés et sénateurs présents n'ont, eux, pas caché leur intention de privilégier à l'avenir d'autres thématiques, comme l'emploi et le pouvoir d'achat, par exemple.
Source : Le Point