Le vide...

Par Lisbeth_hugen

Je vous ai déjà parlé de cet homme tant aimé, disparu il y a quelques années,  et qui me contait la Lorelei : mon grand-père

Mon grand-père aimait aussi boire. Attention, il ne buvait pas jusqu’à l’ivresse, dans sa démarche il ne s’agissait pas de chercher Dieu au fond de son verre… Bien au contraire, il s’agissait de se délecter, de déguster de très bons vins. Lorsque j’étais enfant, il avait même été intronisé au sein de plusieurs confréries en Bourgogne. A l’époque, j’étais très fière de voir ses diplômes, médailles et instruments de dégustation. J’avais même cru qu’il avait gagné cela car c’était lui qui avait bu le plus ! Je ne trouvais pas ça dépravant mais au contraire, très glorieux! J’avais beaucoup fait rire ma mère et ma grand-mère avec cette histoire !

Maintenant qu’il n’est plus, il reste ses bonnes bouteilles. Le problème c’est que je ne sais jamais quand et avec qui les boire (et je ne vais pas non plus boire seule !). J’ai la sensation qu’il faut que cela soit une occasion particulière avec des personnes qui savent apprécier. J’en ai déjà ouverte quelques unes et lorsque j’annonçais fièrement « c’est le vin de mon grand-père », cela m’arrachait le cœur de voir que les personnes n’y portaient que peu d’attention. Cela me donnait envie d’hurler, ils  étaient en train de boire un breuvage inestimable et ils ne s’en rendaient même pas compte… Mais je pense que mes amis m’auraient prise pour une folle, en même temps mes réactions semblent un peu déraisonnables mais l’amour ne relève pas du rationnel (ça se saurait !). Quand je parle d’amour, je parle de l’amour porté à mon grand-père, pas à la bouteille !

Pourtant, je sais pertinemment que le jour où les bouteilles seront vides, il restera les photos et les souvenirs… Du coup, pour me déculpabiliser de boire des bouteilles à des occasions qui ne me semblent jamais à la hauteur, je garde les bouteilles vides ! On fait ce qu’on peut pour être en paix avec soi-même et pour vivre avec le vide…