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Je ne le fais pas souvent, parler du Québec je veux dire. Pour ne pas oublier, il ne faut pas l’oublier, vise à conserver une mémoire de ce que cette aventure haïtienne a eu et aura de mémorable. Même l’anodin peut être mémorable, c’est toujours ce que je dis à mes ex ... Je voulais réagir concernant le dossier Cantat qui noircit silencieusement les pages de plusieurs journaux/blogues depuis maintenant quelques jours. Je ne vous rappelle pas l’histoire, elle devrait sortir en film bientôt (à moins que ce ne soit déjà fait ?). En fait, je lis plusieurs des commentateurs dans les médias québécois (je ne peux prétendre les avoir tous lus), mais il y a quand même quelque chose qui me surprend. Tout y passe. Le droit à la réhabilitation, la chaise électrique, le statut de l’artiste face à ses crimes, des gens qui veulent aller le huer et d’autres qui disent qu’un artiste a le droit de vivre de son art même après l’odieux, de la provocation ou un gros coup de pub, les douaniers le laisseront-ils passer et les politiciens commencent à récupérer l’affaire… Jusque là, on me semble tourner un peu en rond. Comment, dans cette affaire, on n’arrive à ne pas interpeller directement Wajdi Mouawad ? Comment peut-il refuser de répondre aux questions des journalistes ? Quelles sont ses intentions ? Théâtralement je veux dire. Le gars ne fait généralement pas dans du ‘Fabienne Larouche’. Incendie dans le vieux Quat’Sous, on se désole encore en fouinant dans tous les théâtres de la ville. Littoral, … Son théâtre est généralement porteur d’une humanité assez forte, d’une humanité qui a migré, d’une humanité victime de la guerre. Le message est appuyé. Que veut-il donc en engageant ce musicien pour faire parti de son spectacle ? J’imagine un metteur en scène qui implique une association de ‘pédophiles repentis’ dans un spectacle pour marquer davantage son propos contre les violences sexuelles faites aux enfants. Bien ficelé, tout le monde (ou presque) reconnaîtrait que ces ‘pédophiles repentis’ amplifient la force du message de l’auteur, de la théâtralité du spectacle. On serait heureux d’ovationner leur réhabilitation. Wajdi a-t’il ce genre d’intention, ou avait-il seulement besoin d’un guitariste ? Il me semble que le débat part de cette question. Si le crime et la réhabilitation font parti du propos du metteur en scène, on pourrait avoir droit à du grand Wajdi. S’il a simplement souhaité donner un job à un ami guitariste, il faudra se rappeler que la rationalité de la justice face à un délit, et l’émotivité ambiante face à ce même délit sont souvent aux antipodes. On pourra encore avoir droit à du grand Wajdi, mais avec une distribution qui égratigne la portée du message.