Critique du film SOURCE CODE : Intelligent, Original et Brillamment réalisé

 
Source Code
Note : 9 sur 10
Date de sortie France : 20 avril 2011
Studio : Summit Entertainment
Production : Vendôme Production
Réalisateur : Duncan Jones
Scénario : Ben Ripley
Avec : Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan, Vera Farmiga,Jeffrey Wright
Genre: Action, Thriller
Site web officiel  en anglais : EntertheSourceCode.com
Site web officiel en français : snd-films.com
Bande annonce : en VF
 

L’histoire : 8 minutes… Capitaine Colter Stevens (Jake Gyllenhaal) se réveille brusquement dans la peau du passager d’un train à destination de Chicago. 7 minutes…. Christina Warren (Michelle Monaghan), assise en face de lui, lui parle comme si elle le connaissait. 6 minutes…. Il est désorienté, ne comprend pas ce qui se passe.  5 minutes… 4 minutes…. Que fait-il dans ce train? 3 minutes….  Pourquoi Christina semble le connaitre? 2 minutes… Que fait il dans la peau de cet individu dont il ne connait rien et qu’il ne reconnait pas… 1 minute ….Christina le rejoint. O minute…. Le train explose, tuant tout le monde à bord….

Stevens se réveille isolé, dans une sorte de capsule… Le Capitaine Colleen Goodwin (Vera Farmiga) lui parle… Le rassure.. Lui demande de se ressaisir. il a une mission à accomplir, quelle mission? D’abord incrédule, il comprend qu’il doit retourner dans ce train à l’exact même moment. Se concentrer, trouver la bombe, trouver le terroriste…

Est-ce un exercice de simulation? Est-il en mission? Depuis quand lui et son équipe ont-ils quitté l’Afghanistan? D’ailleurs, où est son équipe ?…. A peine ses questions lui ont-elles traversées la tête qu’il se retrouve dans le train, face à Christina qui lui sourit… Il faut se dépêcher, exercice de simulation ou situation réelle importe peu, dans 8 minutes une bombe explosera ! Encore… Et encore…

Pourquoi cette mission? Pourquoi lui? Trouvera-t-il le terroriste? Arrivera-t-il à déjouer ses plans? Comment se sortira-t-il de cette boucle temporelle infernale? Et Christina ?…

Mon avis : Je me plaints souvent de trop en voir dans les bandes-annonces et, au final, d’être déçu par les films dont le suspens et l’effet de surprise sont largement défloré par la campagne marketing qui les précède. Avec Source Code, voici enfin un film dont la bande-annonce respecte le spectateur. C’est suffisamment rare pour le noter et particulièrement intelligent de n’avoir dévoilé, dans la bande-annonce, qu’une des lectures du film. Source Code est, en effet, bien plus qu’un thriller d’anticipation qui aurait revisité les principes de films tels que Un jour sans fin.

Source code est infiniment plus complexe, multidimensionnel, mais aussi – et c’est un exploit d’y être parvenu – multi genre. A la fois Thriller, film d’action, de science fiction et d’anticipation, Source Coderespire aussi l’humanité des sentiments naissants entre un homme et une femme si proches, et pourtant inaccessible l’un pour l’autre.

Il est assez difficile de parler de ce film, tant on voudrait vous convaincre en vous révélant les changements inattendus d’aiguillage de l’histoire, au rythme effréné de ce train qui n’en finit pas d’arriver. Qui n’en finit pas d’exploser… Considérez la bande-annonce comme un avant-goût et félicitez-vous qu’elle vous réserve le meilleur pour le film.

 Quant à la réalisation et au jeu des acteurs : Jake Gyllenhaal tenait à ce que Source Code soit réalisé par Duncan Jones. En effet, qui d’autre que le réalisateur du magistral Moon avec Sam Rockwell aurait pu s’y atteler tant on retrouve, entre les deux films, des parallèles évidents. Rockwell et Gyllenhaal sont isolés, et pourtant si proches de ceux qui les entourent. Il y a ce qu’ils voient, ce qu’ils pensent…. et ce qui est. Tout autant que pour Moon, porter à l’écran le très subtil scénario de Source Code relevait de la gageure. Toute la difficulté résidait dans l’art, avec un matériau riche, de ne pas en faire trop. De rester concentrer. De n’abuser ni des effets de style, ni des effets visuels. Duncan a parfaitement maîtrisé l’exercice. Chaque scène du film est économe au meilleur sens du terme et nous distille – à un rythme maîtrisé – les pièces d’un puzzle qui s’avèrera représenter une vérité bien éloignée de celle imaginée (Duncan Jones va assurément être parmi les réalisateurs qui compteront dans les prochaines années).

Au delà du jeu maîtrisé de Gyllenhaal, j’accorderais une mention spéciale aux deux rôles féminins du film.

Jouer Carol Goodwin (Vera Farmiga), contact vidéo de Stevens depuis sa capsule , était de mon point de vue beaucoup plus complexe qu’il n’y parait. De froide et purement opérationnelle, on sent l’armure se fêler, l’envie d’en dire plus à Stevens la tarauder, l’attachement naitre.. ..le tout à distance. Bel exploit pour Farmiga que d’avoir réussi à trouver le juste jeu aux différents chapitres du film.

De son coté, comment ne pas saluer la prestation de Michelle Monaghan qui, dans la peau de Christina Warren, a du jouer et rejouer la même scène sans jamais – grâce bien sûr à la dextérité de Jones – ne lasser le spectateur. Comment ne pas remarquer le subtile changement de ses émotions au fur et à mesure des successives huit dernières minutes qui lui restait à vivre. Elle devait toujours, strictement, partir d’un même état émotionnel, mais évoluer différemment, au rythme des évolutions du personnage incarné par Gyllenhaal.

Je retiens, en particulier, cette scène particulièrement émouvante de l'explosion filmée au ralenti et des émotions qui traversent, l'espace d'un instant, leurs regards respectifs.

Au final : A la vitesse de ce train déboulant à pleine vitesse vers Chicago, Jones réalise un film maitrisé, au rythme prenant et à l’efficacité saisissante. Il arrive à mêler, avec intelligence, les genres. A la fois thriller et film d’anticipation Source Code saura aussi vous émouvoir et vous questionner. Il fait définitivement parti de ces films dont on aime discuter après la projection. Bref, un film brillamment imaginé, joué et réalisé.