Le silence dans une pierre
se concentre,
les cercles s’y ferment,
le monde tremblant,
les guerres, les oiseaux et les maisons,
les villes, les trains, les forêts,
la vague répétant les questions de la mer,
le voyage successif de l’aurore
arrivent à la pierre, noix du ciel,
témoin prodigieux.
La pierre poussiéreuse du chemin
connaît Pierre et ceux qui Pont précédé,
elle connaît l’eau depuis sa naissance :
de la terre elle est la parole muette :
elle se tait car elle est l’héritière
du silence antérieur, de la mer immobile
et de la terre vide.
Ici la pierre a précédé le vent,
elle a précédé l’homme et précédé l’aurore :
son premier mouvement
a été la musique initiale du fleuve.
(Pablo Neruda)