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Jean-Claude Sgro, galerie La Source

Publié le 06 avril 2011 par Doudonleblog

Chirurgien et peintre! Jean-Claude Sgro expose à La Source, à Fontaine-lès-Dijon, jusqu’au 24 avril. Investigation de la figure féminine…Ne manquez pas. L’expo est intitulée « Corps et âmes ».

Salle du rez-de-chaussée: des grands formats à la palette enflammée, avec quelques timbres sombres qui savent relancer le rythme de la toile. Des corps de femmes pris dans la matière et la couleur: ça donne une belle dynamique. Quand vous aimez une femme, vous l’aimez dans l’action et dans le mouvement (et non parfaitement figée sur une photo), vous l’aimez pour les émotions qu’elle vous procure, pour des instants qui passent trop vite, pour des sensations qu’on a peine à contenir. J.C. Sgro exprime tout cela. Son travaille témoigne de la sensibilité d’un homme pour le corps féminin. Pour la femme.

Premier étage: des dessins qui saisissent l’essentiel du corps, sans fioritures. (On pense à Matisse). Et puis encore des toiles au geste pictural plein de fougue, à la grande vivacité de trait. Toujours des femmes aux formes déformées…Pour dire qu’elles dansent, tournent, se balancent, s’allongent, courent…

A retenir, la salle où l’artiste a mis ses « défilés ». Bien vues, la façon de marcher des mannequins, leur allure, leur cambrure, leur pas rapide et assuré. Sauf que. Les femmes, ici, sont nues  et bien en chair! Elles mettent en valeur non les habits du couturier mais leur propre corps. L’élégance malgré tout. C’est assez innovant et sympathique. (cf la photo

Sgrodéfilé
Sgro
de droite)

A voir aussi, les collages de J.F.Sgros. Intéressants parce qu’ils sont souvent faits des découpages de ses propres peintures, réintégrés dans une toile.

A savoir que certains petits dessins (ou peintures) sont faits les yeux fermés, de la main gauche. Les silhouettes obtenues sont étonnantes.

Cliquez sur les photos pour agrandir, en plusieurs fois.

Voici le texte de présentation de Claude Martel:

Jean-claude Sgro n’a pas oublié le geste du chirurgien qui dessine sur le corps avant d’inciser. Chez lui, le dessin est premier. Trace d’un moment éphémère, trace d’écriture de corps, trace impalpable, quasiment effacée à l’instant où on essaie de la saisir, trace de souvenirs…Que reste-t-il de ce moment éphémère, de ce passage de vie où le corps en mouvement est laissé à l’abandon du temps ?…

Le dessin tente de restituer ce moment essentiel de l’être, du corps, du temps. Corps anonyme, légitime mais innommable. Une mémoire de corps dans un vaste espace vide. Il apparaît là avec assurance ; l’infaillible texture du trait pose sa solitaire anatomie. La trace, précise, rigoureuse, muscle son architecture unique et fondamentale. La trace appréhende et exprime l’essence de la vie. D’un bout à l’autre de l’œuvre, le trait vibre, palpite, respire. Les silhouettes évanescentes s’enchantent du tressaillement de l’espace à venir. De ce corps immatériel, naît une matérialité universelle : le talent de l’artiste est au service de ce corps. Nos yeux deviennent des doigts devant ces natures généreuses.

Le graphisme, spontané et élaboré à la fois, est si expressif qu’il semble se développer indéfiniment avec une variété illimitée de nuances. Le large dessin noir est tout à la fois symbole et expression du mouvement. Jean-Claude sait qu’aucune correction n’est possible, il domine son répertoire de signes afin que le dessin soit réussi du premier coup de pinceau. Il tranche dans la multiplicité des détails, ne retient que ce qui fait choc sur sa sensibilité. Il accentue, souligne ce qui l’interpelle, élude ce qui lui est indifférent.

Puis le dessinateur se fait peintre, afin de passer de la forme-contour à la forme-volume. Entre ses mains, les couleurs sont des cartouches de dynamite. Les personnages aux couleurs chaudes et violentes font masse. Des contrastes s’opèrent à même les corps, seuls quelques traits bleus forment le contour, et le modelé, qui n’est plus l’effet d’un clair-obscur, surgit du morcellement des surfaces peintes.

L’exaltation des couleurs, leur choix, répondent au seul souci d’exprimer une vision instantanée, un élan, une émotion. Surtout pas d’anecdotes, il faut aller à l’essentiel ! Traduire sa perception de l’humain … Les effets de figuration résultant d’un dialogue intime entre formes, couleurs et matière ne sont en vérité que le miroir de notre imaginaire.

L’artiste s’aventure dans une figuration aux formes tourmentées et aux couleurs dissonantes, une figuration soumise à de nouvelles exigences. Dans ses toiles, la tension picturale s’exprime par l’interpénétration des formes et des couleurs vives posées à la hâte. Jean-Claude Sgro récuse l’apparente réalité, l’intense clarté de ses fonds nous projette dans les distances infranchissables de valeurs incertaines. Les corps ne sont que des ombres, vérités fuyantes, révélations fugitives, séductions crépusculaires de présences secrètes.

Cette peinture porte en elle ses doutes, ses repentirs, ses emballements et ses regrets afin de mieux convoquer la vie là où ça fait mal, aux confins de l’humain et de l’inhumain. Elle nous engloutit corps et âme pour notre plus grand plaisir…

Claude Martel

Galerie La Source,   avril 2011


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