Mon titre ne doit bien évidemment rien au hasard… Je ne sais s’il vous en souvient mais ce fut ce qu’osa déclarer Hervé Gaymard à peine nommé ministre de l’Economie et des Finances à la fin novembre 2004… Las ! Révélée par le Canard Enchaîné le 13 février 2005 «l’affaire Gaymard» - le ministre bénéficiant d’un duplex de 600 m² loué par l’Etat (qui avait aussi pris à sa charge de fort dispendieux travaux d’aménagement) lors même qu’il fut révélé qu’il était propriétaire d’un appartement à Paris mais qu’il le louait à un ami – fit grand bruit, Hervé Gaymard finissant par démissionner le 25 février 2005 après dix jours de polémiques, de démentis en nouvelles révélations… Affaire dont on ne dira jamais assez combien elle contribua à la victoire du Non au référendum sur la Constitution européenne.
Ce fut d’ailleurs à cette occasion – je n’avais pas encore Internet à la maison, donc pas «la possibilité d’un blog» et piaffai d’impatience ! - que j’inaugurai la formule qui deviendra par la suite – à l’occasion du scandale de l’appartement de Nicolas Sarkozy à l’Ile de la Jatte à Neuilly – la Constante de Sarkozy : «un scandale par semaine, un mensonge par jour»… Le scandale étant au demeurant devenu très vite permanent en Sarkozie. Cette rubrique étant pour le moins très encombrée, je me réserve pour la suite le plaisir de faire une petite revue d’effectifs dans une brève histoire des divers scandales qui ont émaillé le règne de Nicolas S. (2007- ?)… Merci pour le travail ! Peut-être devrais-je tendre ma sébile à l’Elysée ? «Travailler plus pour gagner plus»…
Or donc, Christian Estrosi avait déjà défrayé par deux fois cette chronique du gaspillage d’argent public ou d’avantages indus.
Primo, à l’occasion d’un déplacement à New York en jet privé pour ne pas rater un raout à l’Elysée – loin des yeux du Prince, loin du cœur – ce qui avait coûté la bagatelle de 138.000 euros (Le Figaro du 6 fév. 2008).
Secundo, en occupant deux logements de fonction à Paris (20 minutes, 19 mai 2010) ou selon Antoine Guiral Estrosi doublement bien logé (Libération, 19 mai 2010) scandale révélé une fois de plus par le Canard Enchaîné.
L’un à Bercy dont il osa prétendre qu’il s’agissait d’une «chambre» et l’autre dans la très chicos rue de Lille (VIIe arrondissement, un des plus chers de la capitale) qu’il présenta comme une «soupente»… Ben, oui quoi : sous les toits. Mais je vous fiche mon billet que mon petit deux-pièces de 45 m² sous les toits n’a rien de comparable avec ses 60 m² qui plus est logés dans le superbe hôtel de Seignelay.
Devant la polémique qui enflait Christian Estrosi ne put faire moins qu’organiser pour les journalistes une visite guidée des “taudis” qu’il occupait aux frais de la princesse – trop “bonne fille” pour les nantis et véritable insulte à l’égard des vrais mal-logés ou SDF. Or, selon ce qu’en a rapporté Ariane Lecointre cette Visite express dans la «soupente» et la «chambre» de Christian Estrosi (Libération du 19 mai 2010) a fait vite litière des mensonges du ministre de l’Industrie. Les photos en témoignant. Quant à sa “chambre” à Bercy (la mienne fait grosso modo 4 mètres sur trois) elle s’est révélée être un duplex de 50 m² avec une belle vue sur la Seine… Pourquoi tant d’ineptes démentis ? Sinon parce que les scandales, la prévarication et le mensonge sont consubstantiels au sarkozysme.
Or, s’il n’est plus ministre de l’Industrie depuis le remaniement du 13 novembre 2010, le «motodidacte» - il fut pilote de Grand prix motocycliste - Christian Estrosi n’en continue pas moins d’alimenter récemment la chronique des petits arrangements avec les fonds publics.
Le 8 mars 2011 j’avais enregistré cette info, gardée sous le coude gauche – celui que je lève le plus difficilement depuis une sérieuse fracture
- lue dans le NouvelObs Estrosi utilise à Paris voiture et chauffeur de Nice, selon Le Canard Enchaîné… On ne dira jamais assez le rôle du “volatile” (dixit le Général de Gaulle) dans le dévoi-lement de telles affaires.Nul doute que les pôv co…chons de payants et con…tribuables de Nice n’appréciassent que fort modérément le procédé, quand bien même la ville de Nice et la communauté urbaine Nice-Côte d’Azur affirmeraient-elles que «les informations publiées dans l’hebdoma-daire satirique ne sont en aucun cas des révélations puisqu’elles sont dans le domaine public et n’ont jamais été dissimulées par qui que ce soit». Encore faut-il aller chercher l’info !
Toujours est-il que depuis qu’il n’est plus ministre et a retrouvé son siège de député des Alpes-Maritimes Christian Estrosi «a décidé de faire venir à Paris sa Citroën C6 municipale, qu’il “fait garer sur le parking de l’aéroport d’Orly” quand il regagne Nice». Mais encore mieux : «il fait venir un chauffeur de la mairie de Nice pour qu’il le trimballe dans les rues de Paris les jours de session parlementaire. Lequel chauffeur vient en avion le mardi en fin de matinée et repart pour la Côte d’Azur le mercredi en fin de soirée».
Cela ayant bien évidemment un coût hebdomadaire pour le budget de la ville de Nice, estimé selon le Canard Enchaîné à «plus de 500 euros de billes d’avion auxquels s’ajoutent les repas du chauffeur et quelque 70 euros pour la nuit d’hôtel»… Gaspillage des fonds publics, sans même parler de «bilan carbone» !
Selon les meilleures sources (Assemblée nationale) le revenu mensuel brut (toutes primes comprises) des députés a été fixé depuis le 1er juillet 2010 à 7.100 euros.
Des bonnes âmes devraient avertir Christian Estrosi qu’outre les transports publics (les députés disposent d’une carte leur permettant de voyager gratuitement) de la RATP (métro et bus) il existe des taxis à Paris et que s’il tient particulièrement au luxe, des sociétés privées seraient tout à fait ravies – pour peu qu’il les rémunérât, sur ses propres revenus, ce serait encore mieux ! – de mettre ponctuellement à sa disposition une voiture et un chauffeur.
Comme si cela ne suffisait pas, une autre info est tombée récemment sous mes yeux en parcourant Libération Estrosi va rembourser des frais de blanchisserie payés par l’Etat (3 avr. 2011)… à la suite d’une note d’observation de la Cour des comptes qui a relevé dans la gestion de Christian Estrosi quand il fut jusqu’en mars 2008 secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer «des dépenses de blanchisseries qui ne seraient pas imputables à une activité publique» pour un mon-tant de 4.600 euros (et non 40.000 comme l’indiquait le JDD) que Christian Estrosi se serait engagé à rembourser.
En lisant superficiellement cet article il y a quelques jours, je me demandai pourquoi cette annonce avait été faite par Claude Guéant mais en le parcourant attentivement, la réponse est évidente : le secrétariat d’Etat à l’Outre-mer dépendait alors du ministère de l’Intérieur.
Il n’empêche : je trouve formidablement curieux que Claude Guéant soit intervenu pour mettre en difficulté Christian Estrosi précisément deux jours avant le débat sur la laïcité auquel l’ancien ministre s’est dit opposé, ce qui avait été considéré comme un «coup de pied de l’âne» par les partisans de ce débat…
Pour taper juste, il faut être honnête. Je n’éprouve à l’égard de Christian Estrosi ni sympathie ni antipathie particulière. Si je ne saurais dire dans cette histoire qui est “l’âne“, je sais en revanche d’où vient ce dernier “coup de pied” : téléguidé en direct depuis le Grand Guignol de l’Elysée avec Claude Guéant en marionnette ventriloque vedette de Nicolas Sarkozy