Cri contre le déni d’humanité fait aux peuples de couleur, l’imposture coloniale et toutes ces « sociétés vidées d’elles-mêmes, cultures piétinées, institutions minées, terres confisquées, religions assassinées, magnificences artistiques anéanties, extraordinaires possibilités supprimées ». Chantre de la Négritude, donc de l’Universel mais de cet Universel qu’il affirmait riche de tous les particuliers. Aimé Césaire rejoint Victor Schœlcher et Jean Moulin.
Au regard de l’Histoire, telle est bien sa stature. Mais il retrouve aussi Toussaint Louverture et Louis Delgrès. Ce fut la même lutte. Puisse, dans ses écoles, la République savoir l’enseigner à ses enfants. La grandeur de notre pays est aussi à ce prix car « une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde ». Et Césaire, lui, est vivant.
Dans nos esprits comme dans nos cœurs. Toute sa vie, il a fui les fastes et écarté les honneurs. Sans mépris ni ostentation. Pour ce faire, un sourire malicieux lui aura suffi. Mais Césaire était tout entier son message. C’est à mes yeux le sens d’aujourd’hui. Et il est juste qu’il repose dans ce pays natal dont il disait que le limon entrait dans la composition de sa chair. Césaire est vivant. Dans son île, il sommeille seulement. Peut-être en nous observant, le regard pétillant.
Dans ce monde qui nous fait parfois si peur, enchevêtrement de bruit, de violence, de fureur, me reviennent ses mots faits pour rendre l’espoir: « Mon cœur, préservez moi de toute haine, ne faites point de moi cet homme de haine, pour qui je n’ai que haine ». A l’heure où nous lui rendons hommage, ce simple mot créole, enfin : eia pour Césaire. Eia.