Quatrième de couverture :
« Couvrir » les guerres pour la télévision est plutôt considéré comme un métier d'hommes et pourtant, depuis plusieurs années, les femmes s'imposent sur ce terrain. Parmi elles, un visage, une voix, ceux de Catherine Jentile. La guerre du Liban, la guerre Iran-Irak, l'Algérie, l'Afghanistan, les Territoires palestiniens, Israël, la Russie, les Balkans..., elle rend compte des soubresauts tragiques de la planète pour les journaux télévisés de TF 1. Mais une vie de grand reporter ne se limite pas à des interventions sur l'écran et Catherine Jentile témoigne ici de l'envers du décor: les départs précipités, la vie au quotidien sur le terrain, son cortège d'angoisses, de rencontres, de désespoirs et de fous rires. Souvenirs indélébiles pour cette passionnée d'information à qui ne sont pas épargnées parfois les situations les plus loufoques ; par exemple, un jour qu'elle est en direct au téléphone, au milieu d'une fusillade, n'entend-elle pas la régie lui réclamer: « Tu pourrais pas aller plus loin ? Il y a trop de bruit autour de toi ! »
Une existence hors du commun pour cette journaliste qui avoue une terrible phobie de l'avion ! Un texte plein de larmes, d'émotions, de tragédies et d'humour décapant.
Catherine Jentile est grand reporter à TF1, prix Albert-Londres 1998, spécialiste du Proche-Orient.
Mon avis :
Ce livre est un témoignage passionnant d'une femme grand reporter (notez qu'il s'agit d'un des métiers où, grammaticalement parlant, il n'existe pas de féminin), Catherine Jentile, qui nous raconte son métier et sa philosophie de vie.
Il ne faut pas un caractère type pour devenir grand reporter. Evidemment, une dose de folie, de curiosité et d'aventure sont nécessaires. Mais, le caractère de ces personnes se développe à partir de ce métier. Catherine Jentile nous montre les aspects difficiles pour créer un environnement familial (sans jamais parler de son cas personnel : a-t-elle un mari, un compagnon ?), la claustrophobie, l'extrême sensibilité au bruit, la peur de la banalité et du repos que peut ressentir toute personne vivant à cent l'heure dans sa vie professionnelle.
Le métier est très bien rendu ici : la narratrice nous raconte les départs précipés quasi constants, les rencontres, les pertes d'êtres chers ou d'inconnus à qui l'on s'attache le temps d'un reportage, mais aussi les collègues qui ne peuvent être que des amis, les fous rires en passant par le fait d'être une femme dans ce métier à priori masculin. La pudeur de l'auteur, la culpabilité qu'elle peut ressentir en rentrant en France ayant l'impression d'abandonner des malheureux à l'horreur de la guerre.
C'est vraiment un témoignage très intéressant et tout en modestie.
Le style du livre est assez étrange. Des paragraphes qui s'enchaînent parfois sans beaucoup de lien : un mot d'une fin de paragraphe fait rebondir l'auteur sur une autre facette du métier, sur une anecdote (foisonnantes dans l'ouvrage). Cela peut être un peu dérangeant dans le sens où on peut se sentir perdu. C'est un flot d'informations, comme un flot d'émotions lancées presque au hasard et qui soulage le corps et l'esprit. Je l'ai en tout cas ressenti comme ça.
En résumé, un beau témoignage comme je les aime.