Cette étude a suivi 7.095 fonctionnaires britanniques durant plus de 10 ans, en examinant l'association entre leur temps de travail et leur risque d'avoir une crise cardiaque. Au cours de l'étude, 192 ont connu une crise cardiaque et parmi ces participants, ceux qui travaillaient plus de 11 heures par jour présentaient un risque accru de 67% de connaître un événement cardiaque en comparaison des personnes qui travaillent de 7 à 8 heures par jour.
Les résultats pourraient “être pires” : Cette étude bien menée a été réalisée sur un groupe de “travailleurs à faible risque”, qui signifie que ses conclusions ne s'appliquent pas à l'ensemble de la population (ici britannique), mais pourraient s'avérer encore plus significatifs sur des métiers à plus forte pénibilité ou à stress plus élevé. En outre, l'étude ne dit pas combien de temps de travail en plus peut augmenter le risque de crise cardiaque et quelle est la relation exacte, nombre d'heures de travail et niveau de risque cardiaque. De nombreux autres facteurs comme le stress, un mode de vie malsain peuvent aussi influer sur le risque cardiaque, rappellent les auteurs.
Cette étude de cohorte a suivi un groupe de personnes âgées de 39 à 62 ans (2109 femmes et 4986 hommes) qui participaient à un vaste projet de recherche appelé l'étude Whitehall II. Cette étude suit les fonctionnaires britanniques pour aider à identifier la façon dont l'environnement de travail, les comportements liés à la santé et le statut socio-économique sont associés à la maladie clinique. Les heures de travail ont été mesurés par un questionnaire remis aux participants entre 1991 et 1993. A cette époque, les chercheurs ont exclu les participants de la cohorte qui avaient déjà eu une maladie coronarienne, les employés à temps partiel et ceux pour qui les données n'étaient pas disponibles. Les heures quotidiennes de travail ont été classées comme suit:
· 7 à 8 heures: “durée normales de travail”
· 9: “1 heure de travail supplémentaire par jour”
· 10: "2 heures de travail supplémentaires par jour"
· 11 heures ou plus: "plus de trois heures de travail supplémentaires"
Au début de l'étude, les chercheurs ont aussi mesuré et enregistré les autres facteurs de risque connus de maladie cardiaque, comme l'âge, le sexe, le taux de cholestérol, l'hypertension artérielle et le tabagisme ou les éventuels traitements médicamenteux. .
Plus de 11 heures de travail par jour, risque accru de 67% de crise cardiaque : En moyenne, les participants à l'étude ont été suivis pendant 12,3 ans, au cours de laquelle 192 des 7.095 participants ont eu une crise cardiaque non fatale ou sont décédés d'une maladie cardiaque. Les chercheurs constatent qu'un peu plus de la moitié des personnes avaient une durée de travail normale: 8 heures par jour (54%), tandis que 10,4% travaillaient 11 heures ou plus. Les chercheurs ont ensuite inclus les données de temps de travail dans le score de risque de Framingham et concluent que, par rapport à une personne qui travaille à 7 à 8 heures/ jour, les personnes “qui font” plus de 11 heures présentent un risque accru de 67% de crise cardiaque (hazard ratio 1,67 HR, 95% intervalle de confiance, de 1,10 à 2,55). Ils n'identifient aucune différence dans le risque de crise cardiaque chez les personnes ayant travaillé 9 ou 10 heures par jour par rapport aux personnes ayant travaillé 7 à 8 heures par jour (HR 0,90, IC 95%: 0,60 à 1,35 et HR 1,45, IC à 95%, 0,99 à 2,12, respectivement).
Les chercheurs ont découvert également que l'inclusion de la durée de travail dans le score de risque du modèle de Framingham améliore la sensibilité du modèle à identifier les personnes qui sont à risque de développer, plus tard, une maladie coronarienne.
Les heures supplémentaires, au delà d'une certaine durée de travail –ici, 11H par jour- doivent donc, selon les chercheurs, être cxonsidérées comme un facteur à part entière de risque cardiaque.
Source :Annals of Internal Medicine, April 4 2011vol. 154 no. 7 457-463 Using Additional Information on Working Hours to Predict Coronary Heart Disease.
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