Pierre (Pablo Neruda)

Par Arbrealettres


Pierre qui roule au creux de l’eau, ou de la cordillère,
ronde fille du volcan, colombe
de la neige,
en descendant vers la mer la forme a laissé
sa colère égarée dans les chemins,
le rocher a perdu son signe
pointu, mortel, alors
comme un oeuf du ciel il est entré dans le fleuve,
il a continué à rouler parmi les autres pierres
oublieux de sa descendance,
loin de l’éboulis infernal.

Ainsi, d’une douceur de ciel, jusqu’à la mer
arrive parfaite, vaincue,
concentrée, insigne,
la pureté.

(Pablo Neruda)