Les corpus
Les premiers textes médicaux qui nous soient parvenus, textes chinois, égyptiens et mésopotamiens, montrent qu’il existait déjà un savoir thérapeutique il y a 3000 à 4000 ans et des remèdes minéraux, animaux et surtout végétaux étaient utilisés : par exemple, les Egyptiens connaissaient les propriétés sédatives du Pavot, et les Assyriens savaient employer la Belladone contre les spasmes.
A travers les médecines grecque, latine, arabe, héritières des civilisations anciennes, la connaissance des plantes médicinales et des remèdes végétaux n’arrête pas de s’enrichir. Pour preuve, les manuscrits de Dioscoride au Ier siècle après J.-C. inventorient plus de 500 espèces de plantes dans son célèbre De materia medica. Cet ouvrage a fait autorité en Europe et a constitué la base des études médico-botaniques pendant plus de 1500 ans.
Au Moyen Age, la phytothérapie, « la médecine par les plantes », du grec phuton (plante) et therapeuein (soigner), se dégage difficilement de la magie et de la sorcellerie, vers lesquelles se dirigent les malades, pour endiguer les terribles épidémies de l’époque. Des plantes comme la jusquiame noire, la belladone ou la mandragore étaient considérées comme des plantes diaboliques.
Pendant la Renaissance, lorsque les textes anciens sont redécouverts, augmentés, compilés, la connaissance des remèdes végétaux se précise. Le XVIe siècle voit la publication de grands traités des médecins botanistes (Leonhart Fuchs ou Jean Ruel, entre autres) qui tiendront lieu de référence jusqu’à fin du XVIIIe siècle. Olivier de Serres qui reforme l’agriculture française sous Henri IV et constitue un jardin médical, parle dans son Théâtre d’agriculture (1600) des eaux distillées de certains bourgeons, qui présentent des propriétés particulières parfois très distinctes de celles obtenues à partir de plantes à l’état adulte.
Macer Floridus de Viribus herbarum famosissimus medicus et medicorum speculum
Source: Bibliothèque nationale de France
Au XVIIIe siècle les événements se précipitent en ce qui concerne la connaissance botanique des plantes, avec les classifications de Linné (1735) et de Jussieu, quelques années plus tard. L’homéopathie, du grec homoios (semblable) et pathos (souffrance), apparaît à la fin du XVIIIe siècle, grâce à Samuel Hahnemann (1755-1843) bien que ses sources remontent à la tradition hippocratique. Son Organon de l’art de guérir (1810) pose les fondements de la doctrine homéopathique et connaîtra six éditions différentes. Les plantes représentent seulement une partie de la thérapeutique homéopathique, qui emploie aussi des substances animales et minérales.
Des chimistes ont fait faire à la phytothérapie un pas de géant au XIXe siècle par la découverte des principes actifs des plantes (notion envisagée dès le XVIe siècle par Paracelse), en particulier des alcaloïdes et des hétérosides. La rencontre des biologistes et des chimistes font du XIXe siècle un grand siècle scientifique, le véritable point de départ de la thérapeutique scientifique.
De nos jours, des travaux de chimie et de pharmacologie permettent de mieux connaître les principes actifs, l’activité thérapeutique et les mécanismes d’action biochimique des plantes.
Cette première partie du billet présente une approche historique de la médecine par les plantes. Une deuxième partie sera orientée vers l’utilisation pratique de ces remèdes par nos ancêtres.
Flore médicale et iconographie végétale, peintes par Mme E. Panckoucke et Turpin… décrites par MM. Chambéret, [...], Fermond, Poiret et Ach. Richard… Troisième édition
Source: Bibliothèque nationale de France
Alina Cantau – Département Sciences et techniques