Michel Martelly est donc le nouveau Président de la République d’Haiti.
On connait ce pays par les catastrophes naturelles qui viennent de loin en loin occuper nos écrans de télévision. On connait beaucoup moins l’histoire des interventions extérieures, France et Etats-Unis en tête, qui depuis sa création, on empêché ce pays de devenir une véritable république.
Depuis la “dette” exigée par Charles X pour indemniser les pertes de la France causées par l’indépendance de l’île, jusqu’à l’enlèvement rocambolesque d’Aristide en 2004, organisé par la France et les Etats-Unis, et qui a plongé le pays dans un chaos social et politique, mettant le pays sous une quasi-occupation de la MINUSTAH, dont le coût fonctionnement aspire plus de 80% de l’aide internationale.
Michel Martelly a beaucoup de travail. Ce pays, autrefois appelé “la perle des Antilles” est devenu est un des plus pauvres du monde après des années de corruption et de pillages de ses richesses par sa bourgeoisie internationalisée, sans que jamais les haïtiens ne voient une “gourde” (la monnaie du pays) des bénéfices réalisés.
L’agriculture est exangue, la quasi totalité des arbres de l’ile ont été coupés par les habitants pour faire du feu. L’élan de rassemblement de la société civile des années 2003-2004, symbolisé par l’”appel des 184″, a été étouffé dans l’oeuf par l’intervention Franco-Américaine, renvoyant chacun aux clivages et aux divisions qui sont depuis sa création le plus gros handicap de ce pays.
Michel Martelly n’était pas le candidat de la “communauté internationale”, il a même failli ne pas passer le premier tour après un scrutin entaché d’irrégularités pour lequel il avait demandé lui-même à ses électeurs de ne pas voter et d’aller manifester dans la rue pour protester contre une élection qui devait être jouée d’avance et conduire Jude Celestin, par ailleurs gendre de René Préval l’actuel président, à la Présidence.
Dans une belle leçon de démocratie, les haïtiens ont rejeté ce vote, alors même qu’il avait été approuvé par le Conseil Electoral Provisoire et par la “communauté Internationale”. René Préval a donc été forcé par le peuple de demander un rapport d’évaluation, confiée à l’OEA (Organisation des Etats Américains), qui a conclu à l’élimination du candidat Celestin.
Une autre leçon de démocratie : Michel Martelly n’est pas issu de la nomenKlatura politique, c’est un musicien, impliqué au quotidien dans la vie civile du pays, qui travaille sur le terrain depuis des années à partir de la fondation qu’il a crée.
Encore une fois, après avoir été la première république noire, après avoir été les premiers à suivre à la lettre la déclaration des droits de l’homme et à abolir l’esclavage, les haïtiens nous montrent l’exemple.
Tiens pour le plaisir, voilà ‘Ti Limye’ (petite lumière) une chanson de Manno Charlemagne, un autre artiste haïtien.
“solei va cléré pou nou tout, e nou tout va join mêm saler” (le soleil va briller pour nous tous et tous nous auront le même salaire). C’est pas gagné !