[Critique dvd] Mon pote

Par Gicquel

Nous sommes prévenus, et c’est heureux, ce film s’inspire d’une histoire vécue. Je ne sais pas dans quelle mesure l’adaptation est fidèle à la réalité (un début de réponse dans les bonus), mais j’ai eu beaucoup de mal à croire à toute cette histoire de réinsertion en forme de sapin de Noël.

Soit Bruno, un récidiviste fan de voitures qui réussit depuis sa cellule à se faire engager dans un magazine spécialisé, dirigé par Victor. Sur le fond, pourquoi pas, mais l’acte civique, sinon social du patron, passe très vite au second plan, pour verser dans l’anecdote et les relations d’amitiés qui se nouent entre les deux hommes.

Et si en la matière Marc Esposito n’est pas avare de bons sentiments, ça dégouline tellement que le sujet perd très vite de sa consistance et se noie dans des scènes convenues, lisses, bien souvent inutiles.

Victor qui prête sa voiture à Bruno,  Victor et Bruno  au restaurant,  Victor et Bruno hilares devant la maquette du prochain numéro, et chez le boss en train de prendre l’apéro, les intermèdes se suivent et se ressemblent. Pendant ce temps  la petite famille du détenu se reconstruit et l’avenir sourit à tout le monde, sauf au spectateur qui s’endort au volant.

Pour passer la surmultipliée, il faut attendre quasiment le dernier tiers du film, avec un brin de suspense mitonné autour d’une course poursuite. Un malfrat reste un malfrat, je vous laisse deviner la suite …

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C’est du n’importe quoi et les premiers ratés du scénario, nous conduisent  à la panne sèche. Sans l’excellente performance de Edouard Baer, dans la peau du patron sympa, mais bourru, bien relayé par Benoît Magimel, je pense qu’il y a longtemps que j’aurai balancé les clés de ce tacot par-dessus bord.

Comme s’il avait un doute sur la crédibilité de son histoire, le réalisateur indique au générique de fin le nom de la personne qui lui a inspiré un tel film. Il est sorti de prison depuis 19 ans et travaille comme directeur artistique dans un magazine de bateaux. Très sincèrement je suis content pour lui.

Benoît Magimel,, entouré par Louka Masset et Léonie Simaga-

LES SUPPLEMENTS

Le making of

Il est sympa, mais sans excès, quand Benoît Magimel se félicite de travailler aux côtés de Marc Esposito «  qui fait un cinéma humain. Je sais qu’il m’attendait depuis un an pour ce film, ça fait quelque chose ». Edouard Baer pense «  à des personnages de Sautet », quand il voit ceux du film «  avec un sens moral assez fort et qui évite alors d’aller vers les défauts ».

Diane Bonnot , une actrice de théâtre qui tourne pour la première fois au cinéma se dit très satisfaite et sa longue séquence au restaurant face à son mari (Victor) est ici reprise dans le détail. Avec la visite de l’imprimerie qui renforce mon point de vue initial : encore une scène inutile. Marc Esposito explique qu’il s’agissait de bien évoquer le monde industriel dans lequel évoluait Victor et le faire découvrir à son petit protégé.

Le petit plus de ce making of  ce sont tous les principaux techniciens qui défilent devant la caméra. Une idée vraiment sympa.

Au cœur du film

Plusieurs petits chapitres qui parfois répètent ce que l’on a vu dans le making of.

Calogero explique sa conception de sa première BO, avec séance d’enregistrement en prime. «  On a pu s’exprimer en tant que mélodiste ».

Les trois caméras : ou pourquoi le réalisateur utile souvent sur des scènes à deux personnages, un tel trio. «  Cela permet aux acteurs de jouer ensemble, et en continu ». Magimel y voit l’occasion d’une seule prise.«  Je n’ai rien inventé » conclut Esposito, Frank Capra utilisait déjà un tel procédé.