La nouvelle est tombée hier dans une dépêche de l’AFP qui fait suite à la parution d’un rapport de l’InVS (Institut national de veille sanitaire) : pour la première fois depuis sa mise en place en 2004, le taux de réponse des femmes à l’appel au dépistage du cancer du sein est en baisse.
En 2010, le taux de participation a été de 52% (2 360 000 femmes) – alors que le gouvernement en attend 70% – avec des disparités importantes entre les régions. A Paris par exemple, on compte un taux de réponse de 27,1%. Il est à noter que 10% des femmes pratiquent un dépistage individuel.
Pourtant ce dépistage est essentiel et extrêmement bien fait. En France, les femmes, entre 50 et 74 ans, reçoivent une lettre tous les 2 ans les invitant à se rendre chez leur radiologue afin d’effectuer une mammographie entièrement gratuite. Celle-ci sera vue par deux médecins différents et cette double lecture, dont on ne dispose pas dans un dépistage individuel, est une assurance supplémentaire de la fiabilité de l’examen. Contrairement à celui du cancer colorectal (2ème dépistage systématique mis en place en France) pour lequel, il faut bien le dire, l’examen n’est pas très glamour, celui du sein est facile, rapide et indolore.
Mais pourquoi cette population ne se sent-elle pas suffisamment concernée pour répondre à l’appel? « Ca n’arrive qu’aux autres », « je n’ai pas de cas dans ma famille », la peur de l’examen, l’absence de symptômes, le manque de temps, de confiance dans le dépistage, l’éloignement d’un cabinet de radiologie, la politique de l’autruche? L’InVS compte pas moins de 14 freins au dépistage. Pourtant, nous savons toutes que ça peut nous arriver et ce en dehors de la tranche d’âge concernée ; qu’il n’est pas nécessaire d ‘avoir des cas dans ses proches ; que la mammo, si elle n’est pas agréable est rarement douloureuse ; que le cancer du sein est sournois et sans signe apparent ; que se voiler la face n’empêchera pas le cancer de s’installer ; que ce dépistage est sinon entièrement fiable, il est la seule arme dont nous disposons ; et qu’enfin le fait d’être une working girl débordée est simplement une mauvaise raison.
Et, en allant plus loin, et pour parler d’un sujet qui me tient à coeur, si le taux de réponse au dépistage est si mauvais, comment imaginer que le gouvernement décide d’abaisser l’âge aux 40/50 ans? Les femmes jeunes vont elles plus se rendre à la convocation? Vont-elles se sentir d’avantage concernées? Rien n’est moins sûr!
Mais alors quelles seraient les solutions ? Peut-être que les associations, le gouvernement et l’INCa pourraient multiplier les campagnes de pub en les pensant un peu mieux. La dernière en date, « mobilisez les femmes que vous aimez » avait néanmoins pour une fois le mérite de ne pas montrer de femmes à moitié nues ! Mais martelez les esprits au mois d’octobre n’est pas suffisant, le cancer frappe toute l’année et les affiches placardées dans les rues sont vite vues et vite oubliées… Peut être faudrait-il que les journalistes des magazines féminins revoient leurs copies, qu’ils en parlent mieux et plus souvent, en dédramatisant l’affaire et en enjoignant leurs lectrices à le faire. Exhiber les seins de personnalités pour octobre rose a fait couler beaucoup d’encre, crée le buzz mais n’a certainement pas incité beaucoup de femmes à effectuer leur examen. Et en passant, que les médias cessent de confondre prévention et dépistage ! Enfin les gynécologues et surtout les médecins généralistes (toutes les femmes ne consultent pas un gynéco) doivent s’impliquer d’avantage et engager systématiquement leurs patientes à faire leur mammographie et ce, en dehors de tout symptôme alarmant.
Campagnes appropriées, ciblées et régulières utilisant tous les supports à disposition (affiches, spots télé et cinéma, médias sociaux… ), mobilisation intelligente et fréquente des journaux, éducation de tous les médecins me semblent être des stratégies à mettre en place d’urgence faute de quoi ce dépistage systématique n’atteindra pas son but : sauver le maximum de femmes …
En attendant, les filles, si ce n’est déjà fait, parlez en à vos mères, grands mères, soeurs, collègues, amies ou voisines et qu’elles mêmes en parlent autour d’elles … parce que la peur n’évite pas le danger et que, nous sommes bien placées pour le savoir, ça n’arrive pas qu’aux autres !
Catherine Cerisey
Source : AFP
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