Ecrit dans Sud-Ouest par Nicolas Espitalier
La blessure au genou qui pourrait priver le pilier gauche international de Coupe du monde est rיvיlatrice du degrי d’exigence qui pטse sur les internationaux franחais. Thomas Domingo, hier matin, sur la pelouse du stade Michelin de Clermont-Ferrand. Doit-on attribuer la grave blessure du pilier international Thomas Domingo (rupture du ligament croisי antיrieur du genou droit, samedi contre Biarritz) au surmenage et א l’accumulation des matches ? Non, si l’on s’en tient aux statistiques ou aux dיclarations de Jean-Marc Lhermet, le manager du pilier international א l’ASM Clermont-Auvergne. « Le rיflexe de base dטs qu’un joueur se blesse, c’est de dire qu’il joue trop, a dיclarי Lhermet hier matin. Thomas n’est pas le joueur qui a le plus jouי cette saison, on avait essayי de le mיnager pas mal au niveau du club et il sortait d’une semaine de vacances. »
Et c’est vrai qu’avec 25 matches jouיs depuis le dיbut de la saison (14 en championnat, 5 en Coupe d’Europe et 6 avec l’יquipe de France), dont 21 comme titulaire, et un temps de jeu moyen de 57 minutes par match, Thomas Domingo n’יtait pas en train de faire une saison particuliטrement surchargיe au moment oש il s’est blessי. Le capitaine du XV de France, Thierry Dusautoir, par exemple, a pris part א cinq rencontres de plus que lui sur la mךme pיriode (il est lui aussi blessי, d’ailleurs, et arrךtי pour trois semaines).
Pour autant, l’accident de Domingo א cinq mois de la Coupe du monde en Nouvelle-Zיlande met en lumiטre, comme l’avait fait la blessure similaire de Vincent Clerc en avril 2008, le niveau d’exigence qui s’exerce sur les internationaux franחais. « Je ne suis pas mיdecin, donc je ne vais pas vous dire que Thomas Domingo s’est blessי א cause des cadences infernales ou d’un calendrier trop chargי. Par contre, ce qui est s�r, c’est que les internationaux sont entre le marteau et l’enclume », estime Gaכl Arandiga, directeur du syndicat de joueurs Provale.
« Quand, א la fin du Tournoi des Six Nations, vous, les journalistes, vous leur avez demandי d’יvoquer le comitי de sיlection du 11 mai et la Coupe du monde, ils vous ont tous rיpondu qu’ils avaient des יchיances importantes avec leurs clubs avant de penser א cela. Il y a beaucoup de choses en jeu et un joueur ne peut pas dire non א une sיlection, pas plus qu’il ne peut dire non א son club », poursuit-il. « Cela fait des annיes qu’en discutant avec des internationaux, on comprend qu’ils sont fatiguיs, que, parfois, ils se passeraient bien de faire les tournיes de juin. Il y a longtemps qu’on sait א Provale qu’ils ont mentalement beaucoup de choses א supporter. » ... « Mon corps a dit stop », avait rיsumי Vincent Clerc sur le moment. Gaכl Arandiga va dans le mךme sens, mais un petit peu plus loin : « On me prendra peut-ךtre pour un fou, mais j’affirme qu’une blessure, neuf fois et demie sur dix, elle est psychologique. Le joueur atteint un point de saturation. » Sur le cas prיcis de Thomas Domingo, il ajoute : « C’est vrai qu’il n’a pas tant jouי que חa cette saison, mais il faut aussi se demander ce qu’il a fait les saisons prיcיdentes. » C’est simple : un Grand Chelem jouי en intיgralitי et une saison en club ponctuיe par un titre, puis une tournיe dans l’hיmisphטre Sud, une nouvelle saison, une autre tournיe et encore un Tournoi... C’est beaucoup. ... « Le seul modטle comparable au nפtre, c’est celui de l’Angleterre, reprend Arandiga. Ils ont un modus vivendi avec certaines plages de rיcupיration, certains jours ’’off’’, certaines pיriodes de mise א disposition. Mais en tout cas, on ne peut pas comparer avec les Celtes ou les nations du Sud. » Chez Provale, on a calculי qu’entre deux Coupes du monde, « Thierry Dusautoir joue 30 matches de plus que Richie McCaw, et Yannick Jauzion 30 de plus que Brian O’Driscoll. » Une saison de plus, cachיe, dont certaines blessures sont sans doute une consיquence indirecte. Voir l’article complet א : http://www.sudouest.fr/2011/04/05/victime-de-surmenage-363065-8.php