Pour relater tout ça, Chateaubriand recopie les dépêches qu'il expédiait à son ministre par intérim: le Comte Portalis.
Une élection papale, des courriers diplomatiques: vu comme ça, ça semble d'un ennui mortel. Et pourtant, c'est passionnant.
Pourquoi? Les intrigues, d'abord. La France et l'Autriche ont leurs candidats, et surtout des cardinaux qu'ils ne veulent pas à ce poste. La politique est omniprésente. Suspense, machinations.
Et cela se double d'un arrière-fond: le lecteur sait que Chateaubriand n'apprécie guère Portalis. La correspondance va se terminer d'ailleurs sur un billet rude. L’ambassadeur se plaint de n'avoir pas été considéré à sa juste valeur. La lettre du ministre lui semble avoir été « rédigée par un commis mal élevé des affaires étrangères » et surtout « on aurait dû un peu se souvenir de la personne à qui on l'adressait ». Car on a le sens de sa valeur.
Et puis Chateaubriand est grand écrivain partout. Même ses billets diplomatiques ont cette luminosité un peu voilée, cette chatoyance du reste de sa prose.