Des côtes, ce marathon n’en manque certainement pas. Le nouveau parcours en propose même davantage que celui sur lequel j’avais couru la première édition. Et comme la chaleur est bien plus présente aussi cette année (la date a changé et le mois d’avril, dans l’hémisphère sud, est plus chaud que juin), je crains, vu mon niveau actuel aussi (même si les sensations étaient plutôt bonnes la semaine passée en Tunisie) de ne pas pouvoir approcher mon temps de 2h54. J’arrive un peu fatigué à bon port, où je suis accueilli par Marlène Chane, la présidente du Club d’Athlétisme de la Plaine des Caffres, organisateur de l’évènement avec la mairie du Tampon; nous rejoignons ensuite son mari, Roland, maître d’oeuvre de l’organisation côté mairie justement et Michel, son bras droit pour l’Ekomarathon.
Ce dernier m’emmène un peu plus tard, en compagnie de Laurence Goilot, une athlète mauricienne surtout spécialiste des trails qui courra là son deuxième marathon, reconnaître le parcours. Effectivement cela s’annonce difficile. Une nouvelle côte dans un champs de cannes promet de laisser des traces à chaque tour. Mais bon, c’est toujours bien agréable d’être là, il fait beau (quand une pluie rafraîchissante ne vient pas s’interposer), les fleurs sont belles et l’ambiance est toujours aussi sympathique et détendue, typique de la «perle de l’océan indien».
Le lendemain, samedi, il fait encore plus chaud. Un footing matinal avec Laurence ne me rassure pas vraiment sur ma condition: la fatigue est là et la douleur qui m’a gêné une bonne partie de l’année passée au talon est revenue. Souvenir sans doute de ma semaine tunisienne. Enfin on verra bien. Je profite de la journée pour rendre visite à des amis rencontrés sur l’Annapurna Mandala Trail en 2008 puis dîne en compagnie de Roland, jamais à cour d’histoire drôle qui doivent faire le bonheur de ses collègues à la mairie du Tampon, Michel, Laurence, Sebastian, un coureur allemand invité à la fête, qui vaut 32 minutes sur 10 kilomètres et connait très bien la course à pied (il bosse dans un magasin spécialisé à Iéna) et remplace au pied levé un de ses compagnons de club qui devait courir ici mais s’est fait renversé par une voiture juste avant, et Tanja, une athlète de CAPC, assistante d’allemand à l’école du Tampon, qui joue ici le rôle de traducteur et de manager avec efficacité.
Après cette soirée conviviale il me faut penser à l’objet principal de ma visite: courir quarante deux kilomètres sur un mode marathon le lendemain matin... Un réveil au petit jour et nous voilà donc alignés devant la mairie pour un départ matinal. J’y retrouve mon copain Jean-Claude Eclapier, venu me dire bonjour, et Eric Lacroix, avec qui j’ai souvent couru en Ile-de-France et en Eure-Loire, notamment lors de la saison 2002 (il avait gagné les Gendarmes et Voleurs de Temps, j’avais fini 3e, il avait du finir 13e des 20 kms de Paris où j’avais fait 15e...et il m’a devancé deux fois sur la Route des 4 châteaux) qui est responsable du sport universitaire sur l’île et a gardé une excellente condition entre trails, course de montagne et course sur route tout de même, qu’il pratique encore pour garder sa base de vitesse.
Je constate rapidemment qu’il a encore de beaux restes: j’essaie de rester trois kilomètres en sa compagnie mais je sens rapidemment que cela va trop vite pour moi. Je laisse donc filer Eric et Jean-Pierre Harrisson, un coureur réunionnais de 47 ans qui court là son premier marathon et semble posséder une belle aisance! Sebastian Harz me dépasse assez vite aussi, puis rejoint les deux hommes. Quant à moi je réduis nettement mon allure. Le parcours alterne montées et descentes, avec de belles vues sur les montagnes et un passage sympa sur le campus et dans le lycée. La montée dans le champ de cannes est effectivement particulièrement redoutable. Quelques coureurs me dépassent mais j’arrive ensuite à m’accrocher à deux locaux. Nous gardons un rythme correct, passons au premier tour de 14 kilomètres en 59‘. Le problème c’est que je ne me sens pas capable de tenir ce rythme jusqu’au bout. Je résiste à peu près bien toute la deuxième boucle mais la troisième est terrible: le soleil est bien présent maintenant et la température grimpe et les jambes qui n’étaient déjà pas bien dynamiques au départ ne répondent vraiment plus. Je lutte pour ne pas marcher, prend le temps de boire aux ravitaillement qui sont de plus en plus les bienvenus. Enfin le dernier kilomètre se profile quand un puis deux coureurs me rejoignent et me dépassent. Il y a longtemps que les trois heures de course sont dépassés. Dans un sursaut, je ne sais à vrai dire pas trop pourquoi, j’arrive à relancer et à dépasser à nouveau ces deux coureurs pour terminer tout de même entamé à la 7e place en 3h21. Eric et son compagnon de route ont terminé main dans la main en 2h46 tandis que Sebastian a assuré la 3e place en 3h07, avec un manque d’entraînement spécifique et d’acclimatation. Laurence termine elle à la 2e place chez les filles, en 3h36 et 12 e au scratch tout de même.
Il ne me reste plus qu’à profiter de l’ambiance conviviale de la remise des prix de cette manifestation qui a su garder son esprit originel d’une course basé sur la convivialité, accessible à tous grâce aux relais et aux randonnées organisés en parallèle du marathon et organisé avec un vrai soucis de développement durable, tout en organisant un salon pour sensibiliser à ces enjeux. Une autre belle journée sur l’île et me voilà déjà reparti après un séjour trop court mais tout de même bien agréable, ponctué de belles rencontres et sous le signe d’une ambiance simple, chaleureuse et joyeuse si typique de la Réunion, qui fait partie des endroits où je retourne toujours avec plaisir.