Wes Craven, le sous pape du cinéma d’horreur pop corn. Celui qui a creusé les fondations du genre il y a une quarantaine d’années, avant de se faire oublier (dit « la traversée du désert »), et pour mieux revenir dans les années 90 avec un pastiche de son propre cinéma, Scream. Ledit film engrangeant un très beau succès, et malheureusement une nouvelle mode du film de serial killer cheap’ à la sauce ketchup. Je te tue, tu me tues, tout ça c’est très cool. En attendant, ledit Craven retourne au placard, entre les suites à avorter de son propre Scream, et la surveillance de ses remakes (La Colline A Des Yeux, merci Alexandre!).
Ne le nions pas, Wes Craven a le statut d’une icone un peu poussiérieuse. Une sorte de Stan Lee version gore rapidement mis au placard. Après avoir contribué aux heures de gloire du genre, il n’a pas fait grand chose. Mis à part, donc, Scream. Ou la mise en abîme satirique de son propre cinéma ; une bande de jeunes imbéciles caricaturés (quaterbacks sans cerveaux, blondes sans soutiens gorges..) se fait découper par un tueur masqué sur fond de rappel des règles de films d’horreur. Attendez, je reviens tout de suite.. Au-delà, le premier Scream offrait gentiment sa dose d’hémoglobine et de tension. Un petit film intelligent, moderne et punchy. Un vrai puit sans fond, puisque deux suites naissaient, avec des qualités diverses, remuant la sauce sans vraiment lui redonner du goût (le deux reste à voir). L’annonce d’un quatrième opus, dix ans après, semait le doute : Wes Craven se servait il de sa dernière saga à succès pour se redorer le blason? La réunion de tous les membres de l’équipe, acteurs et scénaristes, était elle un gage de qualité? On avait oublié que Craven a un sens de l’humour acerbe : plus qu’une simple suite, moins qu’un remake, Scream 4 est l’occasion pour le maître de remonter le niveau, tout en se moquant de ces nouveaux concurrents, de lui-même, et des nouvelles modes du genre. Voilà donc un nouveau Scream, version tuning du premier remasterisé à la sauce 2011. Un hold up réussi, si on a un tant soi peu d’humour.
Dix ans plus tard.. Nos trois protagonistes principaux sont de retour. Peu importe comment, pourquoi ; l’histoire ne tire toujours pas sur les ficelles de l’intelligence, et on ne cherchera pas ça. Le film sert surtout de hachoir à jouvencelles (pour le coup) dans un remake pompé allègrement sur le premier ; comprenez, la nouvelle génération à appris de la précédente. Le/les tueur(s) nous refont donc une version 2.0 de l’histoire des anciens (Courtney Cox, Neve Campbell, David Arquette répondant présent), qui tenteront de se rappeler ce qu’il s’est passé pour les arrêter. Une confrontation entre les années 90 et 2000, en somme (nymphettes modernes à l’appui, prêtes à se faire découper ; Hayden Panettiere, Anna Paquin ou Kristen Bell en premier lieu..). Craven en profite, sans trop se soucier de l’histoire, pour passer une belle couche sur tout ce qui s’est passé depuis son premier Scream ; Saw, cinéma d’horreur à la chaîne, nouveaux codes… Ce qui au final fait plus rire que peur ; Scream 4 est un pastiche du pastiche, rappelant à tous que son réalisateur était là au départ. Pas pour autant inutile, le film se suivra plus pour ses effets attendus et son final un peu rebâché. Et même si on connaît les mécanismes, le 4e opus s’avère plus redoutable que les autres suites, mélangeant quelques beaux meurtres au milieu de tout ce sarcasme ambiant.
Les dix premières minutes, véritable surprise, sont construites pour poser le débat ; qui hérite au final de l’héritage du film d’horreur? Souhaitant visiblement montrer qu’il est toujours de la partie, Wes Craven se rappelle à notre bon souvenir, sans éclats ni fanfares. Préférant revenir sur ses pas, pour ne pas trop se tromper, il nous offre une nouvelle mise en abîme sur le genre, sur lui-même, et finalement c’est une meilleure surprise qu’une éventuelle autre histoire. Scream 4, ça charcute gentiment et c’est blindé à l’humour, pour le coup ça vaut mieux qu’une pseudo intrigue sortie du chapeau magique. Sans chercher à prendre trop de risque, Craven réussit donc son pari, et nous on ne sait pas si on s’est fait avoir, ou si c’est vraiment un bel exercice de style.