Avant-propos : en France pour X ou Y raison (mieux vendre sans doute), on aime changer les titres de films. Ainsi le film connu comme Triple Tap se transforme en Shooters pour sa sortie DVD. Shooters c’est donc le même film que Triple Tap…Shooters c’est sans doute plus vendeur, plus série B, plus…laid comme titre.
Derek Yee Tung Sing est un cinéaste de poids à Hong Kong. C’est l’un des pontes (au passé comme au présent) de l’ex-colonie britannique de l’industrie cinématographique. Un metteur en scène de talent qui a su livrer des œuvres fortes et marquantes (Viva Erotica, The Lunatics). Il nous revient avec Triple Tap / Cheung Wong Chi Wong (2010), enfin je veux dire Shooters. Un thriller qui met en scène Louis Koo Tin Lok (Connected, 2008) et Daniel Wu Yin Cho (Protégé, 2007).
Ken Kwan, un trader qui vient de remporter in extremis un concours de tir face à un policier du nom de Chong, repart travailler. Sur le chemin, il assiste au braquage d’un fourgon blindé qui vire au carnage. Un motard de la police intervient. Echanges de coups de feu. Kwan qui veut sauver la vie du policier s’arme de son pistolet de compétition et abat les braqueurs, l’un d’eux prend la fuite. Kwan, seul témoin est arrêté par la police…
Shooters n’est pas un film d’action. Ce n’est pas un polar où les pistolets se dégainent à tout va. Derek Yee fait le choix de poser son intrigue et d’offrir au film une dimension psychologique. Un film qui se révèle plutôt efficace mais efficace jusqu’à un certain point seulement. Il reste « efficace » si l’on ne se fait pas une fausse idée en allant voir Shooters. « Fausse idée » traduite par le désir d’y voir un face à face où ça canarde aux plombs. Là n’est donc pas le but que se donne le cinéaste. Il livre un film qui avait pourtant un sacré potentiel. Maintenant force est constater que Derek Yee se perd dans des banalités qui desservent le propos de son film notamment sur ses choix scénaristiques. Ce qui est malheureux avec Shooters c’est que l’histoire se laissait regarder non sans peine, le cinéaste livrait une réalisation qui fonctionnait à défaut d’être « bonne », les acteurs livraient des prestations correctes. Le potentiel se tarit. Il se tarit une fois que Derek Yee décide de tomber dans la facilité scénaristique en faisant notamment appel au personnage d’Alex Fong Chung Sun (Une Nuit à Mongkok, 2004), la fameuse scène surréaliste de la « projection ». La facilité déconcertante où Ken Kwan/Louis Koo se fait piéger alors même qu’il a pensé à tout sauf au détail le plus flagrant qu’il n’a pas vu et qui le condamne, facile. Bref. Shooters partait avec de bonnes intentions et un potentiel qui malheureusement s’amenuit à mesure que le film avance et ne se perde finalement dans un scénario facile, vu et revu (Charlene Choi Cheuk Yin qui joue un sale coup à l’homme qu’elle aime, c’est d’un bateau).
Shooters déçoit, c’est le constat qui frappe lorsque nous entrons dans la troisième partie du film. Il y a bien des choses intéressantes qui le parsèment (des personnages menés par les conséquences de la crise financière entre autre), cependant il manque une réelle audace scénaristique dans une grande partie du film pour en faire un film qui aurait été tout autre (réussi ?).
I.D.
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