Ali Fekih (cl. Jérôme Delatour / Images de danse)
Ali Fekih, danseur de rue, c'est d'abord une gueule. Un mix de Jamel Debbouze pour le charme gouailleur et de Charlie Chaplin pour la démarche syncopée. Ce qu'il fait n'est pas un solo, c'est un one-man show. Et l'on se fiche du titre de la pièce. Ali a le jeu de canne preste, élégant. Sauf que sa canne, ce n'est pas celle de Charlot, c'est la béquille d'un handicapé, atteint de la poliomyélite.
Sur scène, Ali fait un bras d'honneur à la maladie. Son spectacle, c'est son histoire. Et l'histoire des autres aussi, celle des sans grade, des immigrés, de ceux pour qui Le Monde et Libé sont des couvertures pour l'hiver. Il sait aussi qu'il va vous en mettre plein la vue avec deux bouts de ficelle. Il y a de la revanche dans ce spectacle, beaucoup de fierté, du défi. De la dignité. Après la rue, il conquiert les planches.
Que le petit monde recroquevillé et sempiternellement geignant de la danse contemporaine en prenne de la graine : ce gars-là peut aller jouer dans les banlieues, il y fera un malheur, parce que ce qu'il sort vient des tripes. Voilà à quoi ça tient.
♥♥♥♥♥♥ Des équilibres... à quoi ça tient, d'Ali Fekih et Anne-Catherine Nicoladzé, a été créé à Micadanses les 31 janvier et 1er février 2008 dans le cadre du festival Faits d'hiver.
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