Ce titre « Cherchez la femme » évoquait chez moi du rêve, de la poésie, du mystère. Cherchez la femme à l’intérieur de soi, pour y faire des trouvailles de vérités, qui implique une recherche, donc de l’observation et de la réflexion. Vous voyez, je partais de haut et qui part de haut a des chances de descendre. Je suis atterrie sur de la surface lisse, brillante, glissante. Partir d’une India Desjardins (l’initiatrice) à un Michel Vézina, en passant par un Patrick Sénécal et prenant un détour par une Rafaële Germain et un Podz me lançaient des œillades. De ces 17 plumes disparates je m’attendais à 17 styles éclectiques *** (identification des auteurs à la fin du texte).
Mais non. Il m’a semblé, je dis bien semblé parce que je ne jurerais rien, que les ambiances se confondaient dans un même brouillard, de là ma difficulté à discerner les traits de chacun. Si j’eus une surprise, ce fut celle-là. Assez qu’une question m’a taraudée ; quelle était l’idée de départ que dame Desjardins a lancée aux potentiels écrivains qu’elle a contactés ? Elle n’a pas donné que le titre j’imagine.
Je me confesse, si j’ai tant tardé à pondre ce commentaire c’est parce que je ne sais comment aborder cette situation ; je me souviens à peine de cette lecture. Comment commenter des nouvelles dont il me reste si peu, à quelques exceptions près.
"Fammes" de Patrick Sénécal est la plus longue (36 pages sur 226), la plus consistante, la plus exploitée, ma préférée en fait. Guy A. Lepage, je l’ai observé écrire son amusant « Shower », je me suis amusée qu’il s’amuse et j’entendais parler le gars d’un « Un Gars, une fille ». Alex Perron, de « Plats New Life », pour la démonstration pétante de la différence entre l’écriture d’humour et d’une nouvelle. India Desjardins, pour l’entrée dans la matière première, pour le ton et la couleur donnés à ces « Adam et Ève » ultra modernes. Je me souviens de mon soulagement à la lecture de « Démones » de Marie Hélène Poitras, enfin une fibre d’écrivaine, du savoir et de l’expérience, sans me souvenir pour autant de la trame. À Rafaële Germain, de me dire que son histoire ne la trahit pas. Isabelle Gaumont, me promettre de la lire ailleurs, avec un thème qui lui donne de l’expansion.
Je ne mettrai pas la responsabilité entière de mon amnésie sur le dos de ces auteurs desquels j’ai pourtant perçu un réel plaisir de s’adonner à l’écriture. Ce n’est pas la première fois qu'à la lecture d'un recueil de nouvelles, il m'en échappe, même si jamais en aussi grand nombre. Il faut comprendre qu’un recueil de nouvelles du même auteur installe un style qui prend de l’expansion avec les pages qui se tournent, on s’imprègne un de l’autre et puis arrive progressivement la confiance. Puis l’abandon. Mais ici, nul temps pour ces étapes. Ce qui fait que, attachée nulle part, j’ai été secoué d’un côté et de l’autre. Qu’est-ce qui reste d’un voyage où l’on a été balloté ? Il reste la sensation d’avoir été ballotée.
Je me risque à dire que l’ensemble m’est apparu comme la déclinaison d’un jeu où chacun sort sa plus belle carte, se sentant observé par l’autre et de là, peut-être, cette impression qu’on veuille me distraire en m’épatant.
J’en ai conclu qu'un « Cherchez la femme » n’évoque pas la même chose chez moi que chez la plupart des gens.
Veuillez noter que plusieurs critiques ne sont pas d'accord avec moi !
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Caroline Allard
Nadine Bismuth
India Desjardins
Marie-Julie Gagnon
Isabelle Gaumont
Rafaële Germain
Claudia Larochelle
Guy A. Lepage
Annie L’Italien
PODZ
Marie-Hélène Poitras
Martin Perizzolo
Alex Perron
Sonia Sarfati
Patrick Senécal
Matthieu Simard
Michel Vézina
Cherchez la femme, collectif (17) dirigé par India Desjardins, Québec-Amérique, 240 pages, 2011