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« Ce qui est clair, net et incontestable à l’issue du scrutin des cantonales, c’est que Sarkozy et son parti l’UMP subissent un désaveu massif, rarement connu dans de telles proportions par un parti au pouvoir.Ses choix sont sanctionnés sur tous les terrains. D’abord ses grandes promesses sur la revalorisation du travail, la croissance, la « moralisation » du capitalisme, sur l’Europe protectrice ou encore la sécurité, sont autant d’engagements non tenus, de tromperies que ceux dont la vie ne cesse de se dégrader ne lui pardonnent. Déjà sanctionné aux élections régionales, Sarkozy a tenté de déplacer le débat en reprenant les idées, les mots et les propositions de l’extrême-droite. De l’insécurité au fumeux concept d’identité nationale, de l’immigration, assimilée à la délinquance, voire même à une invasion, ou en stigmatisant une religion tout en accordant à une autre un statut quasi officiel en bafouant les valeurs de notre République laïque. Les valeurs d’égalité de notre République sont bafouées par sa fréquentation ostentatoire des milieux d’affaire en France et à l’étranger, alors que seize millions de personnes ont du mal à boucler les fins de mois et que six millions vivent avec mois de 750 euros par mois. Mécontentement, indignation et parfois colère se sont ainsi exprimés pour une part dans l’abstention et pour une autre part dans l’inquiétant vote pour l’extrême-droite de la famille Le Pen.
Entre les deux tours des élections cantonales, une nouvelle inflexion, lourde de menaces pour l’avenir a été donnée. Alors que le Général de Gaulle avait dressé un mur étanche entre la droite et l’extrême-droite, pour la première fois la ligne jaune a été franchie. En renvoyant les candidats de gauche et d’extrême-droite dos à dos, Sarkozy, son équipe et avec eux de nombreux commentateurs ont laissé entendre que le parti d’extrême-droite était devenu un parti comme les autres, avec une dirigeante se faisant « avenante ». Que d’efforts déployés pour masquer qu’elle est l’héritière fidèle d’une tradition construite dans le refus de la République ! Ses pairs ont choisi en 1940 la défaite avec une partie des élites de la bourgeoisie française. Antisémite en 1930, de la même manière, elle rejette aujourd’hui les musulmans. Eux étaient colonialistes, elle fait de l’étranger un bouc émissaire privilégié. Comme Hitler à la fin des années 1930, elle prospère sur la crise et s’accapare les urgences sociales pour tromper un électorat qui n’en peut plus des violences du capitalisme et de l’incapacité des institutions et de la politique, telles qu’elles sont, à résoudre ses difficultés. Nous sommes malgré tout heureux dans notre canton de Louviers-Nord qu’Olivier Aubert candidat UMP battu au premier tour n’ait pas suivi cette voie et je salue son courage pour son attitude du deuxième tour.Depuis des années, une partie de la droite extrême et souverainiste s’est acharnée à brouiller les repères, à effacer les leviers d’actions nécessaires au peuple pour poursuivre dans le sens du progrès. En créant ouvertement les conditions de passerelles entre l’UMP qui s’extrémise et le FN, Sarkozy tente de préparer une nouvelle recomposition politique au service des classes possédantes et dirigeantes. Si les résultats de ces élections sont plutôt bons pour le Front de Gauche et EELV qui progressent et pour le Parti socialiste qui demeure plutôt stable en comparaison des élections du même type de 2004, ils doivent être relativisés par le haut niveau d’abstention.
Cela nous appelle la gauche, les progressistes à la réflexion et à la responsabilité. Je n’ai pas encore consulté le projet socialiste pour la présidentielle de 2012. Je ne sais s’il est cohérent, mais j’attends surtout celui que nous présentera le Front de Gauche avec ses projets de transformation de la société et la mise en avant des valeurs de solidarité, d’égalité et de fraternité qui seront les meilleures réponses à la montée du F-haine.
Alain Lefeez