Le programme apporte un éclairage général sur des volontés communes au courant socialiste trop longtemps écarté de ces fondamentaux. On n’est pas surpris de retrouver en première ligne les 300 000 emplois aidés pour les jeunes ; le courant AUBRY ne serait pas aux manettes s’il n’en revenait pas invariablement à ce type d’idées empreintes de générosité mais surtout d’un dirigisme passéiste inapproprié au regard des déficits de la France. J’entends l’argument consistant à opposer à cette volonté sociale les dépenses immodérées de SARKOZY dans le cadre des exonérations fiscales accordées…Mais sur le fond les écarts budgétaires proposés par les uns ne peuvent légitimer les écarts budgétaires des autres.
Au petit jeu de la dépense il serait plus judicieux d’opposer la vertue économique… ZAPATERO, premier ministre Espagnol, montre aux socialistes hexagonaux la voie ; selon lui, le socialisme européen ne vivra que s’il s’accorde sur une politique industrielle productiviste. Une thématique en grande partie absente du projet du PS. L’axe ZAPATERO-DSK, à l’évidence, fonctionne en marge de la rue de Solferino.
Du côté des archéos auxquels s’est rallié notre bon maire Pierre COHEN le logiciel reste bloqué sur les expériences des années 1981 (nombre de mes lecteurs n’étaient pas nés ; il s’agit du siècle passé….). Les mêmes (en plus vieux, proche de la retraite) nous servent la même soupe…Le pire c’est qu’à part MONTEBOURG peu de voix s’élèvent pour proposer des alternatives à ce socialisme historique. Si la recette est éculée l’on peut cependant s’accorder sur la nécessité de création d’emploi (et le pouvoir d’achat qui en découle) des jeunes. Sans nul doute ce point reste LA priorité du prochain Président avec le logement. Pour autant revenir au renforcement temporaire des effectifs de l’administration est de nature à faire oublier d’une part la révolution de l’e-gestion et d’autre part de l’absence de réalisme face à une économie dominée par les pays émergents.
Ce n’est pas d’emplois temporaires dont la France a besoin mais de vrais emplois durables et ciblés. En premier lieu dans la sécurité intérieure et la justice ; sur ce point il suffit d’analyser le vote des plus défavorisés des électeurs au profit de Marine LEPEN pour comprendre qu’il importe au PS de modifier sensiblement ses objectifs. Apporter de l’aide et du soutien aux plus fragiles est aujourd’hui en grande partie fait (un héritage des années Mitterrand) ; il importe d’en établir avec objectivité les nécessaires contreparties du « contrat social » que l’électeur est en droit d’attendre. Il est urgent, en particulier, de faire appliquer lois et décrets existants et de déployer un effectif de police renforcé en tout lieu où la délinquance prend racine. Sur ce point Ségolène ROYAL au cours de sa campagne avait constitué une approche réaliste ; la gauche semble vouloir se réapproprier en urgence ce thème et c’est un bon point.
En second lieu, ce n’est pas d’emplois temporaires dont la France a besoin et ce n’est pas, non plus, dans le secteur public qu’ils seront utiles, mais prioritairement dans le secteur concurrentiel. Nos industriels, nos entreprises, ont besoins de main d’œuvre qualifiée, de cerveaux neufs, inventifs, compétents. Nos universités en produisent. Il est impensable de continuer à laisser partir nos meilleurs éléments à l’international par faute de budget en recherche et développement. Formés en France, détenteur de diplômes reconnus sur l’ensemble du territoire européen est-il judicieux de proposer à ces aventuriers potentiels (bac + 5 et doctorants) des jobs sous-payés dans des missions administratives accessoires ? C’est pourtant cela qu’AUBRY et ses conseillés proposent in fine. Les futurs diplômés apprécieront de l’opportunité offerte par ce courant de pensée...belle perspective !
Heureusement, la communication établie sur ce maladroit programme, si elle ne donne pas à son auteur la dimension qu’elle souhaitait, ouvre cependant le seul débat qui mérite d’occuper les esprits des futurs candidats. Il permet, à l’évidence, d’engager les opposants et les autres courants socialistes à produire des alternatives et d’enterrer le débat artificiel sur la laïcité que SARKOZY et ses apôtres nous propose.