Titre : Dernière nuit à Twisted river
Auteur : John Irving
Editeur :Seuil
Nombre de pages : 561
Date de parution : 20 janvier 2011
Résumé :
1954, au nord du New Hampshire, à Twisted River, pays sauvage des bûcherons et des flotteurs de bois, les draveurs, Dominic Baciagalupo, 30 ans, veuf et père de Danny, 11 ans, travaille comme cuisinier avec, pour garde du corps Ketchum, l’ogre anarchiste au grand coeur, l’ami de toute une vie. Suite à la mort malencontreuse de Jane, sa maîtresse, causée par Danny qui l’a prise pour un ours, père et fils fuient le courroux revanchard du shérif Carl, l’« officiel » de la dame. Première étape, Boston, où Dominic cuisine dans un restaurant italien, où Danny rêve de devenir écrivain. De nouveau inquiétés par le shérif, les Baciagalupo se bâtissent une nouvelle vie dans le Vermont : après avoir tâté de la gastronomie chinoise, Dominic se lance à son compte avec succès, et Danny devient un écrivain célèbre. Ultime étape : Toronto. Mais on n’échappe pas à la rage vengeresse du shérif !
Mon avis :
La Twisted river impose son esprit et son rythme au roman de John Irving. Le lecteur suit les méandres de la vie de Dominic, cuisinier et de son fils Daniel. A la suite d'un accident qui a coûté la vie à Jane, l'indienne amante de Dominic, les deux héros doivent fuir la vengeance probable du shérif, lui aussi amant de Jane. Ce sera une course perpétuelle et une ombre permanente sur leur vie. Tantôt, le cours est calme et nos deux héros s'installent dans une nouvelle ville, ouvrent un nouveau restaurant et connaissent de nouvelles compagnes.Ces parties du roman sont un peu moins intéressantes.
" Car il n'y a guère que le bonheur qui puisse vous rendre aussi ennuyeux."
Tantôt, le rythme s'accélère si le fantôme du shérif se rapproche ou si la vie apporte un nouvel accident.
" Nous vivons dans un monde d'accidents, n'est-ce-pas?"
Grâce à ce roman fleuve, l'auteur retrace soixante ans de la vie américaine (guerre du Vietnam, attentat du 11 septembre, loi sur l'avortement, politique étrangère de George W Bush). Mais c'est avant tout un roman sur les liens humains, sur la relation père-fils et sur la crainte permanente de perdre un être cher.
" Il n'était pas père ou ne l'était plus, et n'avait donc pas grand chose à perdre."
Au fil des pages, on s'habitue à ces personnages hauts en couleur (et d'ailleurs je vis encore avec eux après avoir fini ce roman). J'ai particulièrement aimé le personnage de Ketchum, qui est en fait le personnage principal.
" Parfois, les personnages les plus importants doivent demeurer un brin cachés."
Ketchum est un bûcheron robuste, bourru mais avec un énorme coeur. C'est le meilleur ami de Dominic, ils sont liés par Rosie, la première femme du cuistot. Et, Daniel l'admire depuis sa jeunesse. C'est un homme qui parle haut et franc et qui aidera Daniel, l'écrivain à oser écrire un livre fort.
Car c'est aussi un livre sur la création littéraire et Daniel ressemble à l'auteur et il écrira d'ailleurs à la fin la première ligne du roman de John Irving. La boucle se referme.
La lecture de ce roman m'a parfois paru fastidieuse (surtout en milieu de roman). Heureusement, John Irving est un magnifique conteur, il nous entraîne dans les grands espaces et nous livre des histoires rocambolesques (danse des élans, histoires de la poêle à frire et des ours, l'arrivée de Tombé du ciel).
Le style n'est pas linéaire puisque l'auteur mêle le temps présent et le temps passé par le biais de l'écriture des romans de Daniel.
Je pense qu'il faut persévérer dans cette lecture car le livre se termine sur des moments forts et sur certaines explications qui peaufinent la qualité de l'intrigue.