Est-il possible de donner de la formation sans apporter de nouvelles connaissances, sans expliquer « comment on peut » ou « comment il faut faire », sans conseiller ou prodiguer des recettes ?
Oui, j’en suis persuadé ! Tout en émettant une petite réserve s’il s’agit uniquement de transmission de savoir. Dans ce cas, personnellement j’utiliserai plus volontiers le terme « apprendre » que « former », question de faire la distinction.
J’ai déjà fait appel aux abeilles pour développer d’autres thématiques. Ces petites bêtes bien utiles m’inspirent et je trouve l’analogie assez marquante.
Que fait l’apiculteur dont la mission est tout de même de récolter du miel ? Il commence par mettre une ruche à disposition des abeilles. Il place celle-ci dans un endroit adéquat, bien orienté, protégé des vents ou autres éléments perturbateurs. L’environnement sera choisi en fonction du type de miel qu’il souhaite récolter : lavande, sapin, tilleul, toutes fleurs… Placées dans ces conditions favorables, les abeilles, sans aucune instruction ni injonction, vont s’organiser, créer les alvéoles, partir à la recherche de fleurs, les butiner, ramener le pollen,… Elles s’activeront sans relâche. L’apiculteur n’intervient à aucun moment dans le processus de fabrication du miel. Il vérifie que rien d’anormal ne se produit et que la production de miel se poursuit. Dans ces conditions, la récolte sera pleinement satisfaisante.
L’être humain ne posséderait-il pas, comme les abeilles, des ressources encrées au plus profond de lui-même ?
Pour quel motif l’animateur, que l’on appelle volontiers depuis peu « facilitateur », ne pourrait-il, à l’instar de l’apiculteur, mettre à disposition du groupe en formation un cadre assurant son bon fonctionnement ? Il offrirait aux participants un espace de liberté. Ce que les fleurs sont aux abeilles serait pour les participants des supports invitants à la réflexion, et non des manuels d’instructions. Ce support serait choisi en fonction des objectifs de la formation. Ensuite, comme l’apiculteur, l’animateur veillera à créer et entretenir un climat favorable : chaleur, confiance, encouragements, félicitations… et, sans autre instruction, les participants feront leur parcours. Ils découvriront, ils réfléchiront, ils partageront le fruit de leurs réflexions, ils vivront et expérimenteront des situations en lien avec le thème et l’objectif de la formation. Ils synthétiseront les résultats de leurs échanges et s’engageront dans des voies de progrès. Ce seront leurs voies de progrès et, selon nous, ceci contribue grandement à la pérennité et à l’efficacité de leur dynamisme.
Selon cette démarche de formation, l’animateur-facilitateur n’intervient nullement sur le fond des échanges ou des découvertes. Si nécessaire il invitera à adapter un engagement trop ambitieux et qui, de ce fait, s’avèrerait irréalisable, ou hors objectif.
Et vous, avez-vous déjà tenté d’intégrer une approche non-directive dans vos animations ? Qu’en ressort-il pour vous et vos participants ?
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