Il y a 20 ans, on écoutait Khaled, Cheb Mami, les Négresses Vertes, les Gypsy Kings... On vantait les vertus du métissage. Il n'y avait plus de méchants cocos, hormis en Corée du Nord, mais de ceux-là on se foutait. Il y avait bien le GIA, de l'autre côté de la Méditerranée, mais on s'en foutait un peu. Sauf quand quelque poubelle ou RER nous sautait à la gueule. Les temps étaient sereins. Tout nous en touchait une sans faire bouger l'autre, comme le disait élégamment le successeur de Tonton.C'était le temps de la world. Les jeunes bourgeois, à l'ouest de la Porte Maillot dansaient même sur du raï. Certes, chanté par Faudel, mais qu'importe. On pouvait se piquer de diversité.11 septembre, djihad à gogo. The times they are A-changin', mon pote. Khaled et Mami sont tombés pour violences conjugales. La world, c'est moins tendance, voire c'est out. A part sur Nova. On débat sur la laïcité, le port du voile, les signes religieux ostentatoire, les prières de rue, le hachis parmentier halal... Jusqu'à l'obsession. C'est alors que concomitamment, Nolwen Leroy, ci-devant gagnante, il y a des années, d'un télé-crochet, se redécouvre une identité bretonne qu'on avait eu jusque là un peu de mal à percevoir dans sa vie-son oeuvre (impression générale, je ne me suis jamais penché à fond sur ses productions). Elle intitule son opus Bretonne. C'est clair. En marketing, ça s'appelle l'USP (Unique Selling Proposition). Et ça cartonne, sur un marché de la musique sinistré. On en appelle aux mânes d'Alan Stivell, Tri Yann, Dan ar Braz... Il n'y a qu'Annaïck Labornez dite Bécassine et Glenmor qui n'ont pas été conviés à la crèpe-partie.Finie la world, retour aux sources, à la bolée de cidre de chez nous, à l'andouille de Guéméné, et aux goëmon de Lanildut (et son musée éponyme). Comme disait le borgne trinitain, plutôt mon frère que mon cousin, mon cousin que mon voisin, mon voisin que les estrangers qui viennent nous bouffer la galette dans l'écuelle. Mais qu'en est-il de Bretonne? C'est breton, au début. Tri Martolod, Suite Sud-armoricaine, La jument de Michao. On sort le chouchen, on se tient par le petit doigt, on descend du rouge qui gratte. Puis ça se gâte, on élargit, ça devient celte, on file chez Barry Lyndon. Puis on rebretonnise, Caradec, Miossec, Souchonnec. Y'a de la lande, de la flotte, des bagadou. C'est produit pour les centres Leclerc, pour la tête de gondolenec. C'est chanté en breton, mais ça sent la lecture phonétique, un peu comme quand Adamo chantait Tombe la neige pour le marché japonais, dans les 60s. Que dire d'autre? Soyons juste, elle chante bien Miossec. Mieux que Miossec, quoique "nom de Dieu" dans la bouche d'une jeune fille... On lui pardonne. Elle aurait pu chanter du Matmatah... On se serait marrés au moins dans les fest-noz. Lambe-an dro, les Moutons... Quels seront les prochains avatars de l'identité nationale en chanson? Y'a-t-il un auvergnat dans la salle (Brice Hortefeux?)? Un alsacien (Helmut Fritz?)? Un basque (Lizarazu?)? Impatient je suis de redécouvrir mon patrimoine culturel!Enjoy!
PS: Merci à Not So Blonde qui s'est penchée la première sur la bretonnante Nolwenn et m'a donné l'idée de ce post.