Approche intelligente du théâtre d’Aimé Césaire : en feuilletant la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Et d’interroger les notions de liberté, d’égalité et de fraternité. Les textes de Césaire sont des paroles combattantes, rythmées ici par les pas des comédiens, les frappes sur les percussions. Au centre des préoccupations, la situation de l’homme noir et de la femme noire dans le monde : libres ? égaux ? fraternels ? A travers des extraits de quatre pièces (Les chiens se taisaient, La tragédie du roi Christophe, Une saison au Congo, Une tempête), le metteur en scène choisit d’explorer les questions politiques qu’a exposées Aimé Césaire. Après l’esclavage, l’expérience du pouvoir en Haïti ou au Congo se termine plutôt mal : Christophe se suicide, Lumumba est assassiné. Alors, il faut peut-être oser réécrire Shakespeare, une tempête où Caliban, l’esclave, anagramme de Canibal, se révolte contre son maître Prospero… Et reprendre l’histoire là où la dignité a été bafouée.
La salle et la scène du Théâtre des Déchargeurs sont petites. Les sons, les voix les emplissent et ne laissent pas place aux silences, pourtant écrits par Césaire. C’est, il me semble, parce qu’il faut à ces paroles de l’espace, un horizon ouvert, qui en accueillerait toute la puissance. Ne resteraient au sol, éparpillés, que les chapeaux, mitre, casques, képi ; et les hommes et les femmes « sans distinction aucune », selon la formule de la Déclaration Universelle, iraient debout.