Voilà bien longtemps que je n’avais pas eu un pareil coup de cœur – depuis janvier à vrai dire et la lecture du dernier Irving! C’est peu dire !
Je m’y attendais si peu pourtant en lisant la quatrième de couverture où il est question de découvrir, sous les dehors d’un conte de la vie ordinaire, l’étonnante renaissance, à trente ans d’intervalle, de deux femmes blessées, une mère et sa fille.Oui, bon, me suis-je dit quand l’éditeur m’a proposé le livre, je ne connais pas l’auteur…un tel résumé… ça peut être tout et n’importe quoi…voyons un peu…sans conviction…on ne sait jamais…Et voilà que dès réception, après avoir pris plaisir à prendre le volume en main, à le soupeser, le humer, caresser sa couverture, lisse comme de la soie, constaté la brièveté des chapitres, la facilité de la lecture grâce à une encre bien contrastée et bien noire, une typographie élégante et suffisamment large sur la page bien blanche, je n’ai pas pu le lâcher et j’ai lu sans discontinuer, abandonnant toutes mes autres activités, comme je ne le fais que pour les grands moments de lecture toujours trop rares mais qui demeurent ensuite inoubliables.
Le récit commence en 1987 avec Isabelle, la mère divorcée, professeur de physique qui vient de conduire à la gare ses deux enfants pour les laisser à leur père le temps du mois d’août. Elle n’aspire qu’à une chose : que ce mois finisse et que sa vie reprenne « dans ses bons chaussons d’automne.» Soudain, un air de hautbois retient son attention, joué par un musicien vagabond.Que va-t-il se passer entre ces deux êtres solitaires mais si opposés le temps d’un mois d’été dans cette grande ville déserte quand l’un accueille l’autre dans son appartement pour repeindre la chambre de sa fille? Pas si simple! Pas si évident avec de tels écorchés vifs! Rien de banal en tout cas mais une rencontre qui laissera des traces et qui bouleversera la vie … de qui au fait?La mère, l’homme, la fille ? So What…Et l’art dans tout ça? L’imaginaire? La recherche, toujours la recherche, le vide à combler, toujours…l’autre, les autres…les secrets, les silences, la découverte d'un passé différent de ce que l’on croyait et sa mère, autre, tellement autre…, la vie, la mort, l’inconnu, l’amitié, l’amour… tous les grands thèmes sont là…sobres, pudiques, mine de rien…un éblouissement !
Le titre ne m’avait pas particulièrement attiré et voilà que je le trouve parfait !
Un refrain sur les murs : c’est ça…juste le résumé de toute l’histoire. A prendre dans sa plus simple vérité : les murs chantent et continueront longtemps à chanter, ceux de la petite chambre d’abord et puis ceux de la ville et puis et puis…le refrain s’envole : n’enfermez jamais personne dans les musées. De l’air, du grand air, l’art au soleil, dehors, à tout va, à tous vents.Un grand grand roman, tout simple pourtant mais qui m’a fait rêver tout en m’étonnant!
Un refrain sur les murs de Murielle Magellan, (Julliard, 2011, 248 p)Merci à Adeline et à l'éditeur pour l'envoi de cette perle.Une lecture par la comédienne Anne Consigny a eu lieu à Paris, à la librairie du Rond Point, Paris, le 3 avril dernier et je regrette de l'avoir manquée. Peut-être d'autres lectures bientôt ailleurs? A suivre! Clara aussi l'a beaucoup aimé.