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Du contre-pouvoir au XXIème siècle

Publié le 05 avril 2011 par Pierre

En ces temps d’insurrection égyptienne, de révolution tunisienne, de ras-le-bol à la française, de peuples oppressés par des dictatures en Chine ou à Cuba, de sociétés pressurisées par la corruption au Monténégro ou en Syrie, il est de bon ton de coller l’étiquette « contre-pouvoir » sur toutes formes de mécontentement ostensible aux pouvoirs en place. Michel Fromage, grand reporter au comptoir, est parti surfer sur la vague d’un contre-pouvoir international renouvelé, structuré, mis en réseau. En effet, un vent de modernité souffle sur les forces obscures de la démocratie. Mais quelles sont ces forces ? Leurs motivations, leurs roots ? Qui les financent ? Qui les manipulent ? Le citoyen serait-il devenu un pion virtuel sur l’échiquier de l’IP mondialisé ?

Rappelons tout d’abord quelques banalités premières.
Le contre-pouvoir est un « pouvoir qui s’organise pour faire échec à une autorité établie ou pour contrebalancer son influence ». Le concept, aussi large que flou, est la porte ouverte à un fourre-tout sociologique. Autrefois, le contre-pouvoir était obscure, caché et ne portait pas son nom. Installé dans la critique, ce type de mouvement vise à faire évoluer l’ordre établi pour y apporter des changements drastiques. Que la minorité devienne majorité. En souhaitant changer les règles du jeu, le contre-pouvoir recherche le pouvoir, pour y établir le cadre des nouvelles règles du jeu. Mais sans atteindre le graal : aucun contre-pouvoir n’a pour raison d’être de prendre le pouvoir.

Mais alors, quels sont les contours de ce contre-pouvoir ?
Le concept de contre-pouvoir demeure relativement flou. Les définitions des dictionnaires usuels sont simplistes, voire contradictoires. Les études les plus fouillées sur les contre-pouvoirs semblent être le fait :

  • de groupes libertaires, de mouvements anarcho-syndicalistes : ils s’appliquent à montrer en particulier le risque engendré par les pseudo-contre-pouvoirs, émanations cachées du pouvoir,
  • de citoyens apartidaires s’interrogeant sur l’équilibre des pouvoirs, le concept de contre-pouvoir étant alors personnalisé par les pouvoirs transnationaux à vocation universelle,
  • de mouvements antiglobalisation, tels qu’ Attac, qui se posent quant à leur stratégie d’action la question : la mouvance doit-elle rechercher l’exercice du pouvoir, ou choisir de créer de puissants contre-pouvoirs capable de peser dans les décisions ?

Des bouts de scotchs
Finalement, ces contre-pouvoirs sont des empêcheurs de tourner en rond. Des bouts de scotchs qui collent aux doigts des puissants (politiques, médias, financiers…). Inquiets par les mouvements des sociétés civiles arabes, les médias internationaux ont monté tout un pataquès sur l’importance des réseaux sociaux. Facebook, Twitter sont devenus les symboles de ce contre-pouvoir moderne : la Révolution Facebook. La bombe Twitter. Sans aucun doute, ces révolutions arabes auraient eu lieu sans ces réseaux. Le téléphone arabe, ou la capacité à créer du lien et à transmettre un message au sein de la société civile, existe depuis des millénaires dans cette région du monde.

Et si le contre-pouvoir devenait pouvoir ?

Du contre-pouvoir au XXIème siècle
Au-delà des réseaux classiques, de nouveaux contre-pouvoirs se dessinent. Rappelons la force des blogs durant la campagne 2007. Ce 5ème pouvoir ! L’Internet moderne, le 2.0, favorise l’émergence de combattants nouveaux.
Dans le même sens, Daniel Schneidermann devient un contre-pouvoir moderne et engagé à lui tout seul, pour dénoncer ouvertement une situation que les médias n’osent plus combattre. Il profite de son aura, pour sortir un pamphlet sur le Sarkozistan, pays imaginaire ou la nomenklatura qui jouit de multiples passe-droits, justice aux ordres, police secrète paranoïaque, médias silencieux… Le pays, jamais nommé, est surnommé «le petit Etat voyou». «La crise au Sarkozistan»: succès pour un pamphlet dont la seule publicité est le site Arrête sur Images et quelques blogs amis. Sorti en catimini en décembre 2010, ce pamphlet savoureux est vendu sur le site lepublieur.com, est en passe de devenir un phénomène avec plus de 15.000 exemplaires écoulés en à peine un mois…


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