Poste à Galène, 3 Avril 2011.
Sans doute va t’il falloir que le bruit tourne mieux mais une fois n’est pas coutume le printemps va régaler les amateurs de rock indé Marseillais souvent si frustrés.
Si la salle n’est pas pleine ce soir, on sent une certaine excitation dans l’air chez les amateurs du genre qui attendent au bar au son d’impeccables sélections des confrères des Sessions Fantômes (Panda Bear, Dum Dum Girls, et même les oubliés Juantrip…).
La seule personne qui a l’air de ne pas trop savoir ce qu’elle fout là ce soir, c’est celle qui fait la première partie.
Dodivers, à ce que j’ai compris devait ouvrir pour les Dodoz dont le concert prévu la veille a été reporté.
Pas sûr que c’était lui rendre service de le faire jouer devant un public qui n’avait rien, mais alors vraiment rien à secouer de sa chanson réaliste quelque part entre les Têtes Raides et le regretté Jean Meyrand.
20 minutes d’incompréhension polie et notre troubadour à banane finit son dimanche sous de maigres applaudissements.
Quelques galettes vintages plus adéquates plus tard, nous y sommes, les Crocodiles viennent percer le mur du son et montrer de quel bois ils se chauffent.
Depuis l’écoute enthousiaste de leur récent « Sleep forever » puis l’annonce de cette date, j’étais très curieux de voir ces émules de Jesus & Mary Chain en action et pas de suspense, c’est bien la claque attendue.
Dans le genre groupe qui n’invente rien mais le fait super bien, Crocodiles se posent là, usant de toutes les recettes (ficelles ?) des groupes shoegaze et garage qui les ont inspiré mais arrive par sa puissance et son style à sonner tout sauf réchauffé.
Si la chemise ensoleillée du chanteur peut amuser, leur rock est résolument noir anthracite, plein de reverb, de fuzz, sec et nerveux.
Le son de très bonne qualité permet d’apprécier pleinement ces bombinettes que sont « Mirrors », « Summer of hate », « Stoned to death » ou l’énorme « I wanna kill ».
Les murs de guitares et la voix d’outre tombe qu’on devine ne font pas tout, on est scotché par cette basse qui claque, cet orgue Farfisa qui accentue le coté psychédélique des compositions et cette étonnante batteuse que rien ne semble perturber.
Aucun temps mort ou flagornerie pour le public qui se régale pendant tout le set, cloturé par une reprise du « Beat On The Brat » des Ramones avec qui ils partagent le goût de la concision et du cuir, le nom du groupe allant à merveille à ces Californiens mordants à souhait.