ENQUÊTE SUR LA DISPARITION D'ÉMILIE BRUNET
Tous les ingrédients pour me plaire étaient réunis:
1) l'auteur, Antoine Bello, que je vénère depuis Éloge de la pièce manquante, pour son originalité, son imagination, son génie, un auteur qui ne m'a jamais déçue dans mes attentes et qui m'avait même sauvée d'une panne de lecture!
2) le concept du récit, qui me semblait franchement original:
a) c'est un amnésique qui mène l'enquête, et bien qu'ancien inspecteur de police, cette perte de mémoire handicape sérieusement sa tâche (et la nôtre par la même occasion, vu qu'on aimerait bien participer à la résolution de l'énigme). Cerise sur le gâteau qui participe encore plus à l'originalité du récit, des passages du texte sont surlignés en noir bien gras, effaçant tout supplément d'indices, ou du moins d'informations, qui pourraient nous aiguiller sur une piste. J'ai adoré ce délire de l'auteur, bien qu'il puisse générer un peu de frustration.
b) on a un suspect idéal
c) on a ce qui s'assimile à un meurtre parfait
d) ce roman est un joli clin d'oeil à l'oeuvre d'Agatha Christie, en particulier aux Hercule Poirot, que je dévorais il fut une époque. Souvenirs, nostalgie, j'ai beaucoup aimé l'idée d'un roman policier dont la résolution de l'enquête repose entre autres sur l'univers et les oeuvres de la reine du crime.
Et pour ne rien gâcher 3) ce roman n'est pas trop épais (252 pages), et donc tout à fait idéal pour une lecture divertissante mais non moins subtile.
Voilà pour les ingrédients du roman. Après mixage de tous ces éléments, le verdict du goûteur pas forcément fin gourmet:
J'ai bien aimé les nombreuses allusions aux romans policiers, entre autres les codes qui les régiraient (la théorie selon laquelle par exemple un bon roman policier ne peut faire plus de 250 pages), mais j'avoue que j'ai commencé à me lasser vers la fin des innombrables références aux romans figurant Hercule Poirot.
Mais ce qui m'a surtout laissé un goût amer, c'est la fin, qu'on pressent au fur et à mesure que l'enquête "avance", et si elle est certes originale, j'ai ressenti une véritable déception en tant que lecteur car personnellement, je m'évade par la lecture, non pour me replonger dans la réalité, dans ce qu'elle a de plus noire du moins (bien que j'attache énormément d'importance à la crédibilité d'une fiction, à son côté réaliste justement), mais pour rêver un peu, en particulier à un sentiment de justice accomplie, surtout dans un roman policier.
Bémol toutefois très léger, j'entends par là que je confirme ne pas avoir aimé la fin ni l'évolution du récit, mais ça n'enlève rien pour moi au talent de cet auteur qui a finalement bien le droit de développer et terminer ses récits comme il l'entend, et que je continuerai à suivre. Heureusement cela dit que je ne l'ai pas découvert par ce roman-ci.
Aaah, sinon un moment que j'ai trouvé ex-cel-lent aussi dans ce récit, ce sont les théories du neurologue sur la mémoire. J'ai eu du mal à expliquer en quoi à mon entourage ou à les décrire, mais je les ai trouvées excellentes vraiment!
Une lecture qui vaut le détour rien que pour ça!