Quoi qu’il en soit de leur acceptation sociale telle qu’elle peut apparaître dans divers sondages de l’opinion publique, et même si l’évolution vers leur acceptation légale à court ou moyen terme ne fait pas de doute, l’euthanasie, ou dans sa forme simplifiée l’assistance médicalisée à mourir, ne sont de fait toujours pas à ce jour inscrites officiellement dans nos lois. Plusieurs pays ont d’ailleurs devancé le notre dans cette inclination, faisant du pays « où il fait bon vivre » un de ceux où « il ne fait pas bon mourir ».
Pour toutes les raisons déjà évoquées dans ses précédents billets, qu’elles soient morales, sociales, psychologiques, mais aussi tenant pragmatiquement à un réalisme économique bien pensé, le Groupe Charon s’est donné mission d’accompagner cette évolution, non seulement dans sa voie vers la légalisation, mais aussi dans sa mise en œuvre effective aussitôt que le cadre légal en aura été ouvert. La première étape de ce parcours reste néanmoins celui de la légalisation de la pratique euthanasique sous une forme ou sous une autre.
Il s’en est fallu d’un cheveu lors de la dernière élection présidentielle de 2007 pour que soit élu un candidat qui lui soit ouvertement favorable. Le simple fait que chacun des candidats se soit à l’époque senti obligé d’afficher une position sur ce sujet durant la campagne montre d’ailleurs suffisamment la présence de ce questionnement dans la réflexion socio-politique nationale. Il s’en est fallu d’un autre cheveu que ne fut acceptée la proposition de loi présentée en Janvier 2011 sur ce sujet. Nul doute qu’avec l’approche de la prochaine campagne présidentielle, le même sujet subira les assauts encore répétés de la sollicitation euthanasique, indépendamment des contextes de crises diverses, sociale, économique, internationale, qui baignent le quotidien de nos concitoyens.
Afin de préparer cette échéance, tout autant que d’entretenir sur la durée le terreau sur lequel cette attente d’un droit nouveau prend racine et vigueur, une action vaste et profonde d’explication, de sollicitation, de conviction, est encore aujourd’hui, et peut-être surtout aujourd’hui, nécessaire. Pour être efficace, cette action doit porter sur plusieurs fronts, tant nationaux qu’internationaux, tant auprès des décideurs politiques qu’auprès des forces sociales, morales, et intellectuelles. Une entreprise de lobbying de cette ampleur peut difficilement se concevoir d’une manière improvisée mais se doit, si elle veut porter ses fruits dans un temps limité, de respecter un programme et une planification solides. C’est ce plan de lobbying dont le Groupe Charon entend présenter ici l’ébauche :
Organisation des Nations Unies : - mise en place d’une Journée Mondiale de l’Euthanasie, à l’image de la Journée Mondiale des Soins Palliatifs, calquée sur le modèle des Journées Mondiales de la Femme, de l’Eau, des Tuberculeux, …,- rédaction d’une annexe à la Déclaration universelle des droits de l’homme, en particulier dans son article premier : « Tous les hommes naissent et meurent libres et égaux en droits »,- adoption d’une résolution déclarant le droit à l’euthanasie comme un droit humain fondamental,
Organisation Mondiale de la Santé :- constitution d’un groupe de travail sur l’euthanasie,- validation de protocoles euthanasiques accessibles quel que soit le niveau de développement économique du pays,
Organisation Mondiale du Commerce :- ouverture d’un chapitre spécifique sur les prestations et services relatifs à la mort, avec objectif de coordonner la circulation des compétences, des outils et produits spécifique à son activité, la concurrence nationale ou internationale, les taxes et impôts afférents, …,
Comité Nobel :- proposition de candidature du Dr Kevorkian, pionnier de l’assistance médicalisée au suicide, au Prix Nobel de la Paix,
Organisations Non Gouvernementales :- inscription d’un chapitre « atteinte à la liberté de mourir » dans les tableaux de suivi des atteintes à la liberté produits par des organismes tels que Amnesty International, Human Right Watch, …,
Commission européenne :- idem Gouvernement français,
Parlement européen :- idem Parlement français,
Gouvernement français (Ministères de la santé, du travail, de l’économie et des finances, des personnes âgées, de l’éducation nationale) :- adresse à chaque membre concerné du Gouvernement d’un argumentaire individualisé selon son poste ministériel sur le contexte et les incidences socio-économiques et sanitaires du choix euthanasique,- remise en main propre du dossier argumentaire à chaque membre concerné du gouvernement ou à son Chef de Cabinet,
Parlement français (Sénat et Assemblée nationale) :- adresse à chaque parlementaire d’un argumentaire, individualisé en fonction de son appartenance politique, sur le contexte et les incidences socio-économiques et sanitaires du choix euthanasique,- incitation à l’expression de questions orales au Gouvernement en séance publique relativement à l’euthanasie,
Conseil économique et social :- incitation à la production d’un rapport sur l’euthanasie et l’assistance à mourir- adresse à chaque membre du Conseil d’un argumentaire sur le contexte et les incidences socio-économiques du choix euthanasique,
Académie (Académie de médecine, Académie des sciences morales et politiques) : - incitation à la présentation de communications sur les expériences euthanasiques étrangères, sur la réalité de l’euthanasie non déclarée en France, sur les protocoles euthanasiques médicamenteux,
Partis politiques :- développement d’un argumentaire spécifique selon la sensibilité du parti concerné (schématiquement insistant sur les aspects de liberté commerciale et industrielle, de taille du marché, auprès des partis de droite, ou sur les problématiques de conquête de droits nouveaux, de libertés nouvelles, auprès des partis de gauche),- soumission d’une déclaration préliminaire à la campagne électorale présidentielle 2012 pour chaque candidat en faveur de l’euthanasie ou de ses formes dérivées,
Organes de presse :- diffusion de communiqués de presse sur les avancées du programme de lobbying,- adresse de dossiers documentaires sur les argumentaires en faveur du choix euthanasique, sur des cas exemplaires d’euthanasie réussie ou refusée, sur les exemples de mise en pratique à l’étranger,- traduction et diffusion de la littérature médicale belge et néerlandaise relative à l’euthanasie,
Personnalités (Journalistes influents, Philosophes, Syndicalistes, Artistes, …) :- adresse individualisée d’un argumentaire sur l’euthanasie centré sur leur domaine de compétence : aspects économiques, aspects moraux, aspects sociaux, aspects professionnels, …,- organisation de colloques en partenariat avec des organisations spécifiques de ces domaines de compétences (Association Française des Journalistes, Collège National de Philosophie, Conférence Intersyndicale, …) ou en marge d’évènements symboliques (FIAC, Salon du Livre, Fête de la Musique, Salon de la Mort, …),