MÉTAMORPHOSES I
Invente tes métamorphoses
Il est toujours temps de dépister l’éclair
De t’arracher aux paroles stagnantes
D’abreuver le coeur drainé par trop de soifs
D’écarter l’écorce pour surprendre le noyau
Des confins de la terre et du ciel
Jusqu’aux menées de l’âme
Il n’y a pas de grille à la poursuite
Ni aux fictions.
MÉTAMORPHOSES II
Où est l’homme
En ce vacarme
En cette lande crevassée ?
Sa voix se perd
Parmi les stridences
Sur sa toile impénétrable
Les fils se sont usés
Quelle main peut le saisir encore
Quel langage le traduire
Quel oeil le fixer ?
Seuls des fragments d’images
Surgissent du repaire des ombres
Écartent de funestes fagots
Infiltrent quelques lueurs
Métamorphosent quelques paroles
En brasiers.
MÉTAMORPHOSES III
L’homme décline puis se recrée
Loin des preuves et des ruines
De chantiers en chantiers
Sous le tain sous l’écorce
I1 s’extrait du chaos
I1 retisse des jardins
Pour goûter à l’avenir
A sa flore fugitive
A ses grappes éphémères
Et au chant des matins.
(Andrée Chedid)