J'ai profité de mon jour d'arrêt suite à ma perfusion d'herceptine pour aller voir le film "Ma Compagne de nuit". Il m'a déçue. Il traite d'un sujet délicat, la fin de vie lorsqu'il n'existe plus aucun traitement pour espérer des jours meilleurs. Lorsque la médecine ne peut plus guérir mais seulement soulager les douleurs en attendant la mort. L'héroïne, Julia veut mourir chez elle. Le cancer l'a isolée. Elle prend une jeune fille au caractère bien trempé, pour l'accompagner sur ce dernier chemin. Sa déchéance physique est très épurée. Le film fait surtout un gros plan sur la relation entre l'héroïne et sa compagne de nuit.
Le problème c'est que ce film ne m'a pas touchée, il ne m'a pas fait vibrer. Je n'ai pas ri, ni pleuré alors que le sujet aurait du m'émouvoir. L'histoire ne cherche pas à expliquer, à illustrer ce que les personnes atteintes d'un cancer peuvent vivre psychologiquement. On voit bien qu'elle a du mal à dormir, aucune discussion sur ce sujet, ni sur ses angoisses. On assiste essentiellement au lien qui se créé entre les deux femmes. Je n'ai pas aimé une scène où elle a un pansement sur le pac à gauche et le lendemain, il est à droite. Et puis pourquoi ce pansement sur son pac puisque justement comme il ne sert plus à rien, on lui enlève quelques jours ensuite. J'ai un pac depuis 5 ans et je n'ai un pansement dessus que le jour de ma perfusion, une fois que l'infirmière a enlevé l'aiguille piquée dedans.
Pourquoi avoir voulu que la jeune fille couche avec le frère de Julia, pourquoi lui avoir fait couler du lait de ses seins pendant tout le film alors qu'elle n'est pas enceinte ? Peut-être pour qu'elle représente la vie, la jeunesse et Julia la mort, la maladie ? En tout cas ça ne m'a pas remuée, j'ai au contraire trouvé ça absurde et hors contexte.
Je ne me suis pas ennuyée pendant ce film qui dure 1H40 mais il ne m'a rien apporté, il ne m'a pas interpellée et pourtant c'est un sujet qui me touche particulièrement par mon vécu au chevet de mon père.
Ce film reste trop extérieur à ce que vivent ces personnes, il effleure seulement leurs pensées, ce qui les secoue intérieurement. Il est bien loin du Bruit des glaçons qui avait le mérite de se moquer du cancer. J'avais adoré rire d'un tas de répliques qui devraient devenir des citations. Là, ce film a glissé sur moi. J'étais allée le voir avec mon mari, il a ressenti la même chose.
Il reste trop superficiel, sans âme.
Une seule phrase prononcée par Emmanuelle Béart alias Julia a trouvé une résonance en moi. Elle dit à Marine, sa compagne, qu'une fois qu'elle sera morte, il faudra la brûler, brûler son corps et surtout cette pourriture qui est en elle pour n'en laisser aucune trace. C'est à peu près une des rares fois où elle exprime ce qu'elle ressent. Je me suis dit que c'était très juste. Effectivement, je pense que je n'aurais pas envie d'être enterrée pour l'éternité avec le cancer qui m'aura volé ma vie. Aucune envie de faire durer cette cohabitation une fois mon dernier souffle expiré. En même temps ce cancer mourra en même temps que moi, il me prendra la vie et par là-même sa source de vie. Il se coupera tout seul les vivres. Le cancer est vraiment une absurdité totale.
Je pense que c'est à mes proches de choisir ce qu'ils voudront faire de ma dépouille, plus rien ne m'importera alors. Je me verrais bien rejoindre mon père pour l'éternité. Lui on ne l'a pas incinéré, il est allé dans son dernier lieu de résidence avec son glioblastome, enfin anéanti, mais le prix était trop élevé.
Je ne sais pas si vous avez parlé de ce que vous souhaitiez après votre mort. Je pense que c'est un sujet qu'il convient d'aborder au moins une fois. J'étais surprise d'apprendre que mon mari voulait que sa dépouille reparte dans le caveau de famille, à l'Ile Maurice. Nous arrivons à en parler sans pleurs, sereinement car nous ne sommes pas dans une optique de projet à court terme... La mort nous semble lointaine, absolument pas d'actualité et pourvu qu'elle le reste.
Je vous mets la bande annonce :