DES LAPINS GRANDS RACEURS
LA PUISSANCE DU MÂLE
Revenez rapidement à la conception de la bête de race, mâle et femelle, qui soit raceur, ce qui est facile aujourd'hui. En premier lieu, songez au mâle qui, tenant un rôle de sultan, exerce son influence amplifiée par le nombre de ses descendants. En gén6ial, pour être raceur, le mâle doit imposer sa dominance dans sa descendance. Il exerce d'autant plus cette dominance qu il se présente sans tare, avec un important bagage héréditaire en raison de sa longue ascendance directe dans la même lignée. Car, avec la race pure ou purifiée, c'est toujours la lignêe qui compte.
A défaut de celle‑ci, choisissez géniteurs mâles et femelles autant que possible conformes au prototype de la race, en n'apportant d'adoucissement à votre sévérité sur ce point que pour des détails secondaires ; surtout en limitant les indulgences en ce qui concerne le mâle, en raison de la répercussion étendue de son influence régentant un harem. Admettez éventuellement chez la mère, à défaut de sujets parfaits, tel minime défaut, lequel peut disparaître ou s'atténuer sous l'influence dominante, massive et protectrice, du géniteur dans une succession de portées.
SELECTION SEVERE ET CONTINUE
Cette condition étant observée, soyez sévère pour chaque échelon de la descendance. Eliminez impitoyablement les sujets qui ne répondent pas aux conditions du prototype. Constituez‑en, à défaut de mieux, des chefs de familles temporaires, destinés à amplifier une production latérale, ces familles ne devant pas créer de souches, mais seulement parer à l'immédiat. Faites résolument disparaître ces sujets de seconde zone en raison du but poursuivi, quand les géniteurs prévus pour dominer seront en nombre et en état de manifester leur supériorité, ce à quoi vous pouvez aboutir assez vite.
Réservez donc le surchoix dans les portées successives, pour constituer ces souches indispensables, par une sélection d'autant plus sévère qu'elles marquent les étapes amélioratives vers la perfection, même si celle‑ci ne peut être atteinte rapidement. Cela aux multiples points de vue :
1 ) du type parfaitement conforme au modèle le plus rapproché du modèle idéal,
2 ) de la vitalité, de la vigueur et de la robustesse,
3 ) de la précocité et de la régularité de croissance,
4 de la productivité : portées nombreuses 6, 8, 10 lapereaux, quitte à ne pas les conserver tous,
5) de la résistance aux affections et aux maladies.
NE CRAIGNEZ PAS LA CONSANGUINITE
Elevez les sujets en consanguinité étroite, au besoin en deux lignées collatérales en éliminant ceux porteurs de la moindre tare et en apporiant à cette méthode trop décriée par entraînement et habitude tous les correctifs requis. Alimentez copieusement et rationnellement les animaux choisis. L'élevage en consanguinité étroite et prudente, s'il additionne les tares pour les porteurs envers qui vous vous montrez souvent par trop libéral, additionne aussi les aptitudFis et les qualités, qu'il amplifie et fixe.
La consanguinité fait ainsi franchir en quelques générations, à une allure accélérée, ce qui, même avec toute la rigueur voulue dans le choix des sujets aux particularités moins spécifiquement fixées, nécessiterait des années pour se manifester. Vous fixez ainsi, en peu de générations, des caractères héréditaires à peu près immuables d'une façon si marquée qu'ils ont chances de ne pas disparaître, s'il se produit un écart par l'introduction imprévue et intempestive (et combien indésirable) d'un reproducteur ou d'une reproductrice dont le standing est inférieur.
Opérez ainsi, éleveurs, qu'il s'agisse d'un lapin angora à la toison merveilleuse, d'un lapin pour la chair d'une précocité et d'une rapidité de croissance marquées, ou d'un lapin qui joigne à cet avantage économique celui d'être doté d'une belle fourrure.