Vu hier ou avant-hier à la télé : il serait impossible, sur son propre terrain, de vivre dans un habitat dit "alternatif" : une yourte, une caravane, un teepee...
Comment cela ?? Sur son propre terrain ???
Mais oui, des gens qui ne demandent rien à personne, qui ne dérangent quiconque, qui s'efforcent de peser le moins possible sur le bilan CO2 de la planète, sont menacés d'expulsion, parce que leur "habitation" n'est pas une maison traditionnelle !!!
Mais qu'est-ce qu'une maison traditionnelle ? Et jusqu'où s'arrêtera la manie de légiférer, la manie d'interdire ? Faudra-t-il bientôt des volets bleus, ou verts, et de tel vert précis, ni plus ni moins foncé, et des haies de telle dimension, pas davantage, et gare au rouge-gorge qui viendrait s'y poser...
J'avais toujours cru que ma liberté s'arrêtait lorsqu'elle piétinait celle des autres. On en est loin.
Et pas seulement dans l'habitat. Une gamine a été renvoyée de l'école parce que sa jupe était trop longue, une autre parce que ses talons étaient trop hauts. Un de ces jours, un garde-chiourme surveillera les entrées des collèges et lycées, mesurant au double-décimètre les cheveux des garçons et les ourlets des filles. Pour les gars, deux millimètres de poil, et bien dégagé sur les oreilles ! Pour les filles, 2,75 cm au-dessus du genou, ni plus ni moins, et 1,785 cm de talon !...
L'on va bientôt traquer les clients des prostituées dans la rues ; un jour on le fera à domicile. Un pandore viendra frapper chez vous, et vérifier que la dame qui dort dans votre lit est bien votre épouse légitime ; faute de quoi l'on épluchera les comptes de l'un ou de l'autre, au cas où vous lui auriez glissé un petit billet... Offrir une bague ou un bouquet à sa copine sera-t-il bientôt assimilé à un paiement en nature ?...
L'on multiplie les caméras de vidéo-surveillance ; vous êtes suivi à la trace partout où vous allez. Bientôt il vous faudra un permis pour aller dans telle ville où vous n'habitez pas, dans telle rue où vous n'avez rien à faire... Et gare à vous si vous tentez d'échapper à Big Brother : des gens se sont retrouvés en prison, suspectés de terrorisme, pour avoir lu un livre même pas interdit, et refusé téléphone portable et carte bleue...
Vivre, c'est courir des risques. Mais au nom de la sécurité, on vous emprisonne, on vous enserre dans un réseau d'interdits qui rendent la vie irrespirable. Ne pas manger trop salé, trop sucré, trop gras, trop... Ne pas boire, même raisonnablement (la dernière trouvaille : même un consommateur sans excès est coupable de se mettre en danger !). Ne pas faire l'amour sans préservatif, ne pas le faire du tout, d'ailleurs. Ne pas rouler trop vite, ni trop longtemps, ne pas rouler en voiture : cela tue la planète. Ne pas faire de bruit, ne pas écouter trop fort la musique. Ne pas...
Ressembler à tout le monde ; surtout ne pas se distinguer, ni par sa tenue, ni par son mode de vie, ni par la forme de sa maison.
Mais le premier mot de la République n'est-il pas LIBERTÉ, justement ? n'est-ce pas d'abord pour elle que se sont battus les Révolutionnaires de 1789, de toutes les révolutions du 19ème siècle, les résistants de 1939-45 et tant d'autres ? n'est-ce pas d'abord pour elle que les dissidents chinois prennent tous les risques, que les "Chababs" libyens affrontent les chars de Kadhafi, que partout au Maghreb, en Syrie, au Yémen, en Jordanie des hommes et des femmes prennent le risque de la torture et de la mort ?
Et nous, qui l'avons si chèrement conquise, nous la laissons grignoter, par frousse, par frilosité, par veulerie ?