L’Autre. Jamais rencontre n’aura été plus attendue, appréhendée, désirée, fantasmée, reportée, re-attendue, sur-appréhendée, over-désirée, plus-que-fantasmée… Jamais.
Nous avions engagé depuis quelques mois une relation épistolaire et délicieuse. Et l’occasion faisant le larron, il me propose de « prendre un café lors de son prochain passage à Paris »
Le premier rdv –qui me terrifiait littéralement avait été proposé peu de temps après ma première « rencontre irl de bloggueur ». Peut être –surement, pour maîtriser l’angoisse et le stress par l’expérience.
Mais le premier rdv a dû être reporté : l’école m’ayant prévenu de la chute de mon petit garçon. Dent cassée, Rendez vous immédiat chez le dentiste, annulation / report du rendez vous.
C’est un peu comme si le destin avait tout fait pour que la rencontre n’ait pas lieu ce jour là. Ni le suivant, ni celui d’après…
C’est comme ça que notre relation épistolaire est devenue téléphonique. Entre deux personnes qui auraient dû se voir, c’est un peu comme si on s’était vus, en ce sens que nous nous étions rapprochés.
Les semaines ont passé apportant leur lot de vacances et de distance. C’est d’ailleurs au cours de ces vacances là que j’ai fait n’importe quoi avec x1 –mais ceci est une autre histoire. Avec du recul, je pense avoir transposé le x. Comme si passé à la matrice, l’un pouvait devenir l’autre.
Après ces vacances de toussaint, l’Autre est à nouveau revenu à Paris. C’est donc avec le plus grand naturel que nous nous sommes fixé rendez vous. Comme des amis de longue date, comme si nous ne nous étions pas vus depuis longtemps, mais certainement pas comme des inconnus.
Nous avons gardé le même endroit, la même heure. Même si cette fois-ci l’autre n’avait pas rendez vous avec le directeur du musée.
Nous ne nous étions jamais vu, et pourtant, sans autre indication qu’un lieux et une heure, au milieu des centaines de touristes, nous nous sommes reconnus. Oui, re-connus. Comme si nous nous connaissions déjà.
Je me rappelle de cet instant où j’ai croisé son regard. Pas un regard interrogatif : « c’est toi ? ». Non, un regard qui disait « me voilà ». Et ce sourire, qui fait rider le coin de ses yeux.
Je me suis dit « quel beau mec », ce qui ne gâche rien. Un peu petit… mais je suis entourée de géants dans ma vraie vie…
Nous nous sommes naturellement dirigés vers le troisième étage. Il avait rendez vous avec Turner, je voulais lui monter Courbet. Nous nous sommes arrêtés face aux tahitiennes, et avons décidé de fuir la masse nippone déambulant au pas de course….
Nous avons longtemps errés sur les quais. S’arrêtant devant un bouquiniste, se demandant si nos livres seraient dans ces bacs là après notre mort. Que laisserons-nous de nous ?
…
Le temps a passé. Ce jour là, et les suivants. A ce rendez vous se sont succédé d’autres. Quelques autres. Des disputes aussi, des bouderies, des querelles d’influence. Qui a gagné, peu importe, à un moment donné, l’autre ou l’un est revenu. Puis moins. La raison l’a emporté, le temps à estompé. C’est mieux ainsi.
…
Il me manque.
Surtout depuis qu’il est parti aux antipodes.
Surtout depuis qu’il est parti sans qu’on se revoit.
J’ai fuit. J’ai trouvé le premier prétexte pour cela. « Non, ce midi, ce n’est pas possible… Non, même pour un café, ça va être compliqué… » Bon vent, et bonne chance.
Un an que nous ne nous sommes pas vus. Il se passe tant de choses en un an. Et rien à la fois.
J’allais juste raconter la rencontre. Avec l’Autre. Le teasing d’il y a un mois… ou deux. Mais les souvenirs se sont faits trop intenses. Et comme à chaque fois que mes pensées vont vers lui, il prend contact. Et je doute.
Je voudrais comprendre le mystère de certaines connexions.