[France Nucléaire] Mesures de radioactivité indépendantes : iode 131 et cesium 137 relevés !

Publié le 04 avril 2011 par Yes

Cette page est mise à jour fréquemment en fonction de l’obtention de nouveaux résultats.

Contrôle des éventuelles retombées en France consécutives au passage du nuage « radioactif » en provenance du Japon

Résultats du contrôle du couvert végétal en divers lieux

Afficher Contrôle couvert végétal France sur une carte plus grande Les éléments recherchés prioritairement correspondent aux radioéléments prépondérants dans le panache
de rejets mesuré à proximité de la centrale de Fukushima : iode-131 (131I), césium-134 (134Cs) et césium-137 (137Cs)

Télécharger le communiqué de presse ACRO du 4 avril 2011

Dès l’annonce de l’arrivée de gaz et de particules radioactifs en provenance du Japon, l’ACRO a organisé un suivi des retombées en France métropolitaine. Des  « préleveurs volontaires » de l’ACRO et de Greenpeace ont prélevé de l’herbe de façon méthodique et régulière en divers points du territoire national et les résultats sont mis en ligne aussitôt.

Constats pour la 1ère semaine, du 23 au 31 mars 2011

De l’iode radioactif (iode-131) est détecté en différents endroits du territoire national, dans le couvert végétal (herbe). Des valeurs comprises entre 1 et 4 Bq par kilogramme de matière fraîche sont mesurées. . Les conditions météorologiques du moment et du lieu devraient expliquer les différences entre les régions explorées. Du césium-137 est également observé dans les environs de Strasbourg à une concentration inférieure à 1 Bq/kg frais. Afin d’apprécier sa relation ou non avec les rejets de Fukushima, des investigations complémentaires vont être effectuées ; Néanmoins il est à noter que sa présence correspond à la plus forte concentration en iode 131.

Une rapide comparaison avec ce qu’il en est dans l’air permet de dire que la contamination des végétaux par l’iode radioactif (iode-131) peut être 1000 fois, voire 10 000 fois, plus élevée que celle de l’air ; le 27 mars, pour moins de 0,001 Bq par m3 d’air (soit environ 1 mBq par kg d’air), on retrouve plus de 1 Bq par kg de végétaux frais.

Même si les rejets gazeux sont en baisse à Fukushima,  des masses d’air contaminées continuent à arriver et les dépôts s’accumulent. Les deux associations maintiennent donc leur surveillance citoyenne.

Tchernobyl nous a appris que nous étions tous « riverains » d’une centrale nucléaire malgré la distance. L’arrivée de masses d’air contaminées en provenance de Fukushima (Japon) confirme cette règle.

De ces premiers constats, il en découle les conclusions suivantes :

Origine : l’iode radioactif témoigne de la présence des masses d’air contaminées en provenance des réacteurs nucléaires accidentés de Fukushima (Japon).

Irradiation externe : ce dépôt radioactif est actuellement trop faible pour augmenter significativement le niveau du rayonnement ambiant dû à la présence d’éléments radioactifs naturels contenus dans les sols. Il n’y a donc pas de risque particulier à séjourner dehors. Enfin, pour répondre aux nombreuses demandes reçues à l’ACRO, il faut préciser qu’aucun compteur Geiger ne peut mettre en évidence l’actuel dépôt radioactif.

Contamination du lait de vache : La concentration dans le lait correspond généralement à environ 0,5 à 1% de la quantité d’iode radioactif (iode-131) ingérée quotidiennement par l’animal. Aussi, elle ne devrait pas excéder 2 Bq/L compte tenu de ce que nous avons mesurés. De telles valeurs n’impliquent pas actuellement de contre-mesure particulière.

Contamination des légumes feuilles : généralement elle est du même ordre de grandeur que celle mesurée dans l’herbe. Pour l’instant, de telles valeurs ne devraient pas conduire à s’abstenir de consommer des légumes et fruits frais. Un simple lavage est suffisant.

Persistance – accumulation : du fait de sa courte demi-vie (8 jours), l’iode radioactif (iode-131) ne persistera pas dans l’environnement comme c’est le cas avec le césium-137 (30 ans). Ceci ne signifie pas que les niveaux observés n’augmentent pas dans l’avenir. L’intensité des dépôts radioactifs dépend d’abord de l’ampleur de la contamination de l’air et de sa persistance. Or, l’accident nucléaire de Fukushima est à l’origine de rejets radioactifs continuels ; la situation n’est toujours pas maîtrisée.

Remerciement et poursuite :

L’ACRO tient à remercier toutes les équipes qui ont œuvré à l’échelle du territoire français pour collecter de manière méthodique et codifiée les échantillons indispensables à obtenir une vision synthétique de la situation des dépôts radioactifs sur le territoire Français.

Considérant l’évolution de la situation, la vigilance reste de mise et une nouvelle campagne de prélèvements vient d’être effectuée ce dimanche 3 avril 2011.

L’ACRO est énormément sollicitée en ce moment et c’est compréhensible.

Cependant, nos actions ont un coût et nous avons besoin de votre soutien pour continuer. Si vous pensez que l’ACRO est utile, adhérez ou envoyez un don !

Bulletin d’adhésion

Contexte :

Les évaluations faites par les autorités prédisent un impact très faible du panache radioactif en France. Celles-ci sont confirmées par les mesures dans l’air effectuées en France et par différents pays sur le passage du nuage. Cependant, la situation reste critique au Japon, et les rejets continuent à la centrale de Fukushima dai-ichi.

L’ACRO, qui a été créée à la suite de la catastrophe de Tchernobyl afin d’analyser les retombées de son nuage, se doit d’être vigilante. Les prélèvements d’herbe réalisés permettent d’évaluer les potentielles retombées sur le sol des particules radioactives qui pourraient être présentes dans l’air en provenance du Japon. Les prélèvements seront renouvelés pendant les prochaines semaines, en fonction de la situation au Japon.

Les analyses sont effectuées au laboratoire de l’ACRO. Chaque analyse demande plusieurs heures de comptage (12 à 24h).

Quelques éléments de compréhension :

L’air transporte toutes sortes de substances radioactives sous la forme de gaz, ou associées aux particules les plus fines et dénommées aérosols. Avec la distance, le niveau de contamination de l’air diminue. L’une des raisons tient dans l’existence de dépôts. Par temps sec, les éléments sous forme d’aérosols ou de gaz contenus dans une masse d’air vont se déposer lentement le long du parcours. On parle de « dépôts secs ». Le relief, la nature du couvert végétal et le vent influencent l’intensité de ces dépôts.

Par temps de pluie, les gouttes d’eau en se formant emprisonnent les aérosols puis lors de leur chute précipitent ceux contenus dans la masse d’air située entre le sol et les nuages. On parle alors de lessivage dans et sous le nuage, finalement de « dépôts humides ». Les quantités déposées par temps de pluie sont toujours plus importantes que par temps sec.

Les dépôts vont d’abord être en partie captés par les surfaces végétales comme les feuilles, les brins d’herbe, etc.

Pourquoi s’intéresser à l’herbe

Le couvert végétal, notamment l’herbe, va être concerné (au premier plan) par les dépôts. Son analyse par spectrométrie gamma renseigne bien souvent mieux sur la situation globale que l’analyse directe de la masse d’air (les aérosols) compte tenu des différences dans les méthodes d’analyses.

Contrôler l’herbe qui sera broutée par les vaches, brebis, … c’est également la possibilité de savoir si la chaîne alimentaire, particulièrement la viande et le lait pourront être concernés. Contrôler l’herbe, c’est aussi la possibilité d’en savoir plus sur le niveau de contamination éventuel des légumes feuilles comme les salades par exemple.

En conclusion, organiser un contrôle du couvert végétal (de l’herbe) c’est donc accéder à la connaissance de ce qui va réellement « retomber » et se permettre d’estimer préventivement le risque lié à la consommation de divers produits alimentaires.

Méthodologie

Sur le terrain :

Il est indispensable de choisir un endroit assez éloigné des arbres, haies, maisons. L’endroit doit être le plus possible dégagé, particulièrement dans un rayon d’une vingtaine de mètres. Généralement, on privilégie le centre d’un champ car les différents obstacles modifient les retombées.

Le couvert végétal ne doit pas s’apparenter à de hautes herbes ; ce peut être un gazon non tondu ; il est souhaitable que la hauteur de l’herbe soit au moins d’une dizaine de centimètres.

Une surface de 1m2 est délimitée. Pour chaque site, les 2 premiers centimètres (le mât) sont systématiquement écartés et la collecte concerne un nombre d’unité d’1m² suffisant pour couvrir les besoins (au moins 250 g).

Au laboratoire :

Au sein du laboratoire ACRO, les échantillons font l’objet d’une analyse qualitative et quantitative par spectrométrie gamma selon méthode interne. Les brins d’herbe sont coupés en longueur d’environ 5cm dans un bac propre puis homogénéisé manuellement.

Après quoi, une quantité de 250g de matière fraîche est conditionnée dans un conteneur SG500 comme le montrent les photos ci-dessous. En attente d’un créneau d’analyse, les échantillons sont conservés à 4°C ; l’analyse est réalisée le plus rapidement possible.

Cette méthode interne garantit :

Øl’absence de pertes des halogènes et autres volatils car il n’y a pas de séchage notamment avec une étuve ventilée ;

Ød’avoir des échantillons comparables car tous d’une densité de 0,5 ce qui n’est pas le cas après séchage et broyage ;

Øde ne pas trop « diverger » par rapport à la courbe d’efficacité théorique (densité 0,5 contre 1) et de pouvoir en conséquence faire une correction d’atténuation

Øune évaluation rapide

Qualifications du laboratoire ACRO

Le laboratoire de l’ACRO est agréé pour la mesure des radioéléments émetteurs gamma dans différentes matrices et la mesure du tritium dans l’eau, dans le cadre du réseau national de mesure de la radioactivité dans l’environnement (RNM).

Contrôle couvert végétal France.