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[France Sarkozyste] Deux ans après, la bataille des « Conti » se poursuit

Publié le 04 avril 2011 par Yes

Ils ont fait la une de l’actualité sociale tout au long du premier semestre 2009. Deux ans après, que sont devenus les « Conti » ? France Info a enquêté sur les 1100 salariés de l’usine de pneus Continental de Clairoix (Oise), à qui l’on avait annoncé brutalement la fermeture de leur site. Aujourd’hui de nombreux ouvriers peinent à retrouver du travail.

La bataille des « Conti », deux ans après : le reportage de Florent Guyotat (4’55″)


Des salariés du Comité de lutte devant l’usine de Clairoix
© RADIO FRANCE / Florent Guyotat

Pour beaucoup, c’est le sentiment de vide qui est le plus difficile à supporter. Les occasions de retrouver les collègues, les manifestations et les assemblées générales se font plus rares. L’usine est quasi-déserte désormais.
Nicolas continue malgré tout de se rendre de temps en temps dans les locaux syndicaux sur le parking en face des ateliers. Il raconte ce qu’il a vécu après la fermeture de l’usine et la perte de son emploi : « ma vie familiale en a pris un coup, j’ai divorcé, je suis même retourné vivre chez mes parents car ma paye a beaucoup diminué. On se replie sur soi-même et on s’écroule. » Les problèmes de couple, les divorces sont courants ici, confirme Régis, un ancien de l’usine de Clairoix. Lui s’en est bien sorti, il a repris un commerce, il s’est installé à son compte dans une boucherie d’une commune voisine. Mais l’une de ses connaissances est toujours en grosse difficulté professionnelle et familiale : « sa femme ne supporte pas de le voir rester en permanence à la maison. C’est difficile de ne rien faire de la journée, on n’a plus rien à raconter, plus de sujet de discussion. » Et les délégués syndicaux de Continental affirment qu’ils sont confrontés en permanence à ce genre de situation. « On a beaucoup de copains qui sont devenus des épaves, on joue les assistantes sociales pour les aider et éviter de sombrer », assène Christian Largue, de la CGT.

Une cellule de reclassement a été ouverte à Compiègne, à quelques kilomètres de l’usine de Clairoix. Comme on s’y attendait la recherche d’emploi est difficile dans une zone où le taux de chômage est déjà supérieur à 10 %. Continental a missionné un cabinet privé, Altedia.
Marie Descamps, la responsable de la cellule, insiste sur les moyens mis en œuvre : « Il y a des psychologues, on propose plus de cent formations différentes, des cours de remise à niveau et d’informatique. C’est rare d’avoir un tel budget, environ 8000 euros par salarié ». Mais l’efficacité de cette cellule de reclassement fait débat. Devant l’entrée du bâtiment, deux ouvriers jugent son action « très positive » et se réjouissent d’avoir pu passer leur permis poids lourd. Ils espèrent trouver rapidement du travail dans le transport routier. Mais pour d’autres anciens ouvriers de Clairoix, le bilan est nettement moins positif : l’un d’eux se plaint d’avoir été « très mal conseillé » pour sa formation d’aide-soignant.

France Info - La cellule de reclassement, située à Compiègne (Oise), à quelques kilomètres de l’usine de Clairoix © RADIO FRANCE / Florent Guyotat

La cellule de reclassement, située à Compiègne (Oise), à quelques kilomètres de l’usine de Clairoix © RADIO FRANCE / Florent Guyotat

Il y avait un peu plus de 1100 salariés à l’usine de Clairoix. Pour l’instant, 367 d’entre eux ont été reclassés selon les derniers chiffres obtenus par France Info (voir le détail ci-dessous) : soit un seulement un tiers du total. Et encore, tous ne sont pas en CDI, il y a aussi des CDD et de l’intérim.
Pour ceux qui n’ont encore rien trouvé, le temps presse. Pour le moment, ces salariés de Continental Clairoix sont toujours payés par l’entreprise, grâce à un congé de mobilité. Mais cette aide ne durera que jusqu’en décembre prochain. D’où l’inquiétude des délégués syndicaux : « S’ils se retrouvent chez Pôle Emploi, ils seront livrés à eux-mêmes », prévient Pierre Sommé (Force Ouvrière). La colère est toujours là chez les « Conti », même s’il y a moins de manifestations : « L’entreprise continue de faire des bénéfices, la production se poursuit en Roumanie, les machines de notre usine de Clairoix sont partie ailleurs », s’énerve Antonio Da Costa (CFTC).
Et la bataille juridique continue. Plusieurs dizaines de salariés ont déposé leur dossiers aux prud’hommes pour contester leur licenciement.


  • France Info - Le fichier qui fait le point sur le reclassement des
    Le fichier qui fait le point sur le reclassement des « Conti » de Clairoix (PDF – 122.9 ko)

Reportage : Florent Guyotat
Page web : Florent Guyotat, Gilles Halais

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