Des scientifiques de la Johns Hopkins ont identifié la digoxine, un traitement de l'insuffisance cardiaque, comme un traitement possible du cancer de la prostate, en utilisant pour leur étude, une combinaison sans précédent de recherches en laboratoire et d'analyse épidémiologique. Ces résultats qui montrent une réduction de 24 à 46% du risque de cancer de la prostate chez les patients utilisateurs de digoxine, sont publiés dans l'édition inaugurale de la revue Cancer Discovery, revue de l'American Association for Cancer Research, lancé lors de la 102è séance annuelle de l'AACR.
"Les épidémiologistes et les spécialistes des sciences fondamentales ont souvent des difficultés à se comprendre…", commente le Pr Elizabeth Platz, professeur d'épidémiologie et spécialiste en prévention du cancer à l'Université Johns Hopkins. Pourtant, ces scientifiques se sont réunis pour identifier les médicaments existants qui pourraient être utilisés pour traiter le cancer de la prostate dans un processus de repositionnement.
"Si vous utilisez des médicaments qui sont déjà disponibles alors vous bénéficiez d'un historique très complet de recherche de sécurité qui n'a pas nécessairement besoin d'être refait, et vous pouvez vérifier plus rapifement l'efficacité du médicament dans un nouveau contexte clinique"
Les Prs Platz, Yegnasubramanian et leurs collègues de la Johns Hopkins et d'Harvard ont donc combiné une recherche en laboratoire et les données d'une grande étude prospective de cohorte. Dans la première étape, les chercheurs ont effectué une analyse de toxicité sur des cellules de cancer de la prostate pour 3.187 molécules, et la digoxine, un médicament de la famille des digitaliques, utilisé dans le traitement de l'insuffisance cardiaque est apparu comme un candidat de premier plan en raison de sa puissance d'inhibation de la prolifération cellulaire in vitro.
L'utilisation de la digoxine permet une réducion du risque de 24 à 46%: Dans une seconde étape, l'équipe d'épidémiologie a observé l'utilisation du médicament sur une cohorte de 47.884 hommes, suivis de 1986 à 2006: Les utilisateurs réguliers de digoxine présentaient un risque plus faible de 24% de cancer de la prostate et ceux qui avaient utilisé le médicament pendant plus de 10 ans présentaient un risque réduit de 46%.
L' équipe multidisciplinaire travaille aujourd'hui à identifier les cibles de la digoxine dans le cancer de la prostate. Les identifier permettra de confirmer ou non, que la digoxine ou des molécules agissant sur les mêmes cibles permettrront de développer de nouveaux traitements du cancer de la prostate.
Sources : American Association for Cancer Research « Digoxin may be a possible treatment for prostate cancer »Johns Hopkins Medical Institutions(Vignette) « Heart drug cuts prostate cancer risk; holds potential for therapeutic use »
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