Ces dernières années, le débat sur les ovnis a continué de plus belle dans les médias. Principalement aux Etats-Unis avec des échos de par le monde, mais aussi avec des prolongements spécifiques pour la francophonie. En 2007 puis en 2010, deux conférences de presse à Washington, très favorables aux ovnis, ont contribué à relancer le débat. D’abord, celle des journalistes Leslie Kean et James Fox, en novembre 2007, puis celle de Robert Hastings en septembre 2010, celle-ci centrée sur la surveillance du nucléaire par les ovnis. Des témoins très crédibles ont remis au devant de la scène la réalité des ovnis, et leur possible origine extraterrestre. En 2010 également, Leslie Kean a publié un livre solide et convaincant, UFOs. Generals, Pilots and Government Officials Go on the Record (“OVNIS. Des généraux, des pilotes et des officiels gouvernementaux témoignent”), reprenant et complétant les témoignages de la conférence de 2007. Un physicien réputé, Michio Kaku, l’a salué en ces termes : « Enfin un livre sérieux et réfléchi sur ce sujet controversé », et il est même resté quelque temps sur la liste des best-sellers du New York Times.
Le livre de Leslie Kean
Ainsi, aux Etats-Unis et dans d’autres pays, la cause des ovnis a fait quelques progrès dans les médias. Cependant, d’autres livres, tels que Mirage Men de Mark Pilkington, et Final Events, de Nick Redfern, sont venus embrouiller de nouveau le dossier ovni aux Etats-Unis. N’en soyons pas surpris : la « bataille des ovnis » continue !
En France, un livre d’un psychologue universitaire, Gilles Fernandez, très sceptique sur Roswell mais aussi sur les ovnis dans leur ensemble, est venu ajouter une note « bien de chez nous » au tableau, avec quelques échos favorables, jusque dans le petit monde ufologique. Ce n’est peut-être qu’un épiphénomène, mais il est nécessaire, malgré tout, d’en parler. En décembre 2010, un autre livre, canadien cette fois, traduit en français sous le titre Le phénomène OVNI. Faits, mythes et désinformation, de John Michael Greer (à ne pas confondre avec le Dr Greer !) est venu renforcer encore le camp des sceptiques. Il faut également en dire un mot, mais commençons par les contributions favorables aux ovnis.
2007 - 2010 : Des actions positives aux Etats-Unis
Le dossier de Roswell a encore progressé
Rappelons d’abord le livre important de Tom Carey et Donald Schmitt, Witness to Roswell, dont j’ai beaucoup parlé dans la dernière édition de mon propre livre, réédité en janvier 2009, sous le titre Le crash de Roswell. Fruit de nombreuses années d’enquêtes discrètes, le livre de Carey et Schmitt a révélé ou confirmé une série de nouveaux témoins qui ont renforcé le scénario du crash, et il a remporté un succès mérité aux Etats-Unis, même dans de grands médias. L’éditeur, qui initialement n’y croyait pas, s’était permis de faire des coupes sombres dans leur manuscrit, m’ont-ils raconté. Devant le succès du livre, il leur a alors réclamé d’urgence une mise à jour ! Ainsi, ils ont pu citer encore d’autres témoins dans la réédition de mai 2009, ce qui m’a amené à améliorer ce scénario du crash, dans mon livre de 2010 OVNIS. Vers la fin du secret ?
Je renvoie aussi aux articles publiés sur mon blog : Ici et ici
A Washington, une importante conférence de presse en novembre 2007
Il faut insister sur la conférence de presse de Leslie Kean et James Fox, tenue en novembre 2007 dans la grande salle du National Press Club à Washington. Présidée par l’ancien gouverneur l’Arizona Fife Symington, elle a réuni quatorze témoins importants. Je l’ai déjà racontée dans mon livre de 2010 OVNIS. Vers la fin du secret ?, mais je crois utile de citer ici, également, quelques-uns de ces témoins, pour ceux qui ne les connaîtraient pas encore. En voici cinq, parmi les plus solides et les plus connus, dans l’ordre chronologique.
La conférence de presse à Washington le 12 novembre 2007
1976 : Le général iranien Parviz Jafari et son interception d’un ovni
C’est un cas « historique » de confrontation militaire avec un ovni. Le soir du 18 septembre 1976, un ovni était repéré dans la région de Téhéran, et un chasseur reçut l’ordre de décoller pour tenter de l’intercepter. L’avion, un F-4 Phantom II, était l’un des plus modernes de l’époque, dont était équipée l’armée de l’Air de l’Iran, alors allié des Etats-Unis. Or, dès qu’il s’approcha de l’ovni, tous ses instruments et moyens de communication étaient tombèrent en panne, mais il put ensuite rentrer à la base.
Le général iranien Parviz Jafari et Fife Symington
Notre témoin, le Major Parviz Jafari – à présent général à la retraite – reçut l’ordre de décoller à son tour et s’approcha de l’ovni, qui clignotait intensément avec des lumières rouge, verte, orange et bleue. Son radar de bord lui indiquait la cible à environ 40 km, de la taille d’un Boeing 707. Quatre objets s’en sont alors séparés et l’un deux a foncé vers lui. S’estimant menacé, il a tenté de lancer un missile air-air, mais son armement est tombé en panne. En s’éloignant, il a pu rentrer à la base à son tour, sans dommage. Un autre objet détaché de l’ovni s’est alors posé au sol dans une zone désertique, en émettant une lumière si intense qu’il a éclairé le sol à des kilomètres à la ronde. Le lendemain, Jafari a été entendu par des enquêteurs, dont un colonel américain qui a fait un rapport détaillé, maintenant déclassifié, à la DIA (Defence Intelligence Agency). Celle-ci a transmis à son tour un rapport à la NSA, à la Maison Blanche et à la CIA : tout le monde en a été informé aux Etats-Unis, même le Président !
1980 : Le commandant péruvien Oscar Santa Maria et son interception d’un ovni
Le commandant péruvien Santa Maria
Le 11 avril 1980 au matin, tout le personnel de la base aérienne de La Joya, au Pérou, a pu observer un objet inconnu en vol stationnaire, se trouvant à environ 5 km de là et à quelque 600 m d’altitude. Le commandant Santa Maria reçut l’ordre de décoller pour l’intercepter, lui aussi à bord d’un avion très performant, le Sukhoï SU-22 de fabrication soviétique. Ce témoin est particulièrement intéressant pour le public français car on a pu le voir, interviewé dans le documentaire OVNIS. Quand l’armée enquête, diffusé sur la chaîne Canal Plus en mars 2008.
Santa Maria raconte comment il s’est approché de l’ovni, qui avait la forme classique d’une soucoupe, et lui a tiré tous ses obus de 30 mm, sans effet apparent. L’objet a alors commencé à prendre de l’altitude. Le chasseur péruvien l’a suivi jusqu’à se retrouver à son plafond de 19 000 mètres, où l’ovni semblait l’attendre. Il a pu ainsi l’observer de très près, à moins de cent mètres. L’engin avait environ dix mètres de diamètre, était d’aspect métallique avec un dôme de couleur crème. Il se laissait manifestement regarder sous toutes les coutures (en l’occurrence, il n’y en avait pas !). Puis le chasseur, à court de carburant, a dû rentrer à la base, mais l’ovni est resté en vol stationnaire pendant près de deux heures. Non seulement il grimpait plus vite, et n’avait pas peur de le la mitraille, mais il pouvait rester en l’air beaucoup plus longtemps : il y avait là matière à réflexion…
1986 : John Callahan, enquêteur de la FAA, et l’observation d’un ovni géant par un avion de Japan Air Lines
Voici un témoignage d’un autre genre, mais tout aussi intéressant. C’est celui d’un ancien responsable de la Division Accidents, Evaluations et Enquêtes de la FAA (Administration Fédérale de l’Aviation) John J. Callahan, qui a confirmé comment on avait caché au public, en 1986, l’observation d’un ovni gigantesque par l’équipage d’un Boeing 747 de Japan Airlines (JAL). Le 18 novembre 1986, l’avion cargo 1628 de JAL volait au dessus de l’Alaska en direction du Japon quand son équipage, commandé par le capitaine Kenju Terauchi, pilote très expérimenté, a d’abord remarqué la présence de deux ovnis de forme rectangulaire, d’une taille comparable à celle d’un DC-8, qui semblaient accompagner leur avion. Après avoir exécuté quelques manœuvres, les deux ovnis se sont éloignés rapidement. L’équipage a alors découvert, sur écran radar puis visuellement, qu’ils avaient rejoint un autre ovni, cette fois de taille gigantesque ! Lors du « debriefing » qui a suivi à Anchorage, Kenju Terauchi l’a même comparé à … deux porte-avions. L’équipage, passablement secoué par cette confrontation impressionnante, a été cuisiné par la FAA et deux agents spéciaux. L’un d’eux, James Derry, a précisé par la suite que le réseau de surveillance radar du NORAD avait bien suivi l’avion et l’ovni. Malgré la consigne de silence sur l’incident, l’équipage en a parlé publiquement un mois plus tard, ce qui a amené la FAA à rouvrir l’enquête. C’est là que se place le témoignage de John Callahan. Il a révélé qu’il avait participé à une réunion à Washington, à laquelle participaient également le FBI, la CIA et même une équipe scientifique du Président Reagan. On sait, incidemment, que celui-ci s’intéressait beaucoup aux ovnis, en ayant observé un lui-même. A cette réunion, des rapports d’enquête, des enregistrements radar et radio ont été fournis, puis la CIA a tout confisqué et a intimé l’ordre aux autres participants de faire silence sur cette affaire, expliquant que “cela effraierait le public”. Mais Callahan avait gardé une copie des bandes audio et vidéo, qu’il a montrées à la conférence de presse de 2007. Une illustration flagrante, non seulement de la présence d’ovnis, et même pour certains de taille gigantesque, mais du maintien du secret à ce sujet. C’était peut-être justifié…
John Callahan, enquêteur de la FAA, face aux journalistes
1989-1990 : Le général Wilfrid de Brouwer et la vague de “triangles” » en Belgique
A la conférence de Washington, le général Wilfried de Brouwer a pleinement confirmé la réalité de la vague d’ovnis, de forme souvent triangulaire, observés en 1998 et 1990 au dessus de la Belgique. A l’époque, il était en première ligne, colonel et chef adjoint de l’armée de l’Air belge. Il avait tenu une conférence de presse du 11 juillet 1990 qui avait fait grand bruit, au cours de laquelle il avait confirmé le décollage d’intercepteurs F-16 dans la nuit des 30 et 31 mars 1990. Il avait même montré des images enregistrées des écrans radar des avions. Des ovnis avaient bel et bien été repérés, mais les tentatives d’interception avaient échoué. Une fois de plus !
1997 : Fife Symington et l’observation d’un ovni géant au dessus de Phœnix, en Arizona
Le dernier des cinq témoins cités ici n’est pas le moindre : il s’agit de l’ancien gouverneur de l’Arizona Fife Symington, qui présidait justement la conférence de presse de 2007. En 1997, il avait nié publiquement que la ville de Phœnix, où il résidait, ait été survolée par un très grand ovni, le soir du 13 mars 1997, contrairement à ce qu’avaient affirmé de nombreux témoins. Or, il est revenu complètement sur ses dénégations de l’époque, a même avoué qu’il en avait été témoin lui aussi, et a présenté ses excuses ! A l’époque, il avait jugé que son devoir de gouverneur de l’état était de calmer la tension qui montait dans les médias.
L’ancien gouverneur Fife Symington
Il y avait eu en fait deux observations, l’une vers vingt heures et l’autre vers vingt-deux heures, chaque fois avec de nombreux témoins. A vingt heures, ils avaient vu passer au dessus de la ville un immense ovni en forme de boomerang, entouré de lumières et silencieux. C’est cette première observation qui a été confirmée par Symington. Puis, deux heures plus tard, on avait observé une série de lumières qui s’étaient allumées les unes après les autres, au loin, au dessus de la montagne à l’horizon. Cette seconde observation, pour laquelle on dispose de plusieurs vidéos, reste controversée, l’armée de l’Air ayant affirmé qu’il s’agissait d’un exercice d’allumage de fusées éclairantes (flares). Cette explication a été contestée car ces lumières étaient bien alignées, mais des experts indépendants, tel le physicien Bruce Maccabee, l’ont estimée plausible. Bien entendu, les sceptiques ont fait l’amalgame entre les deux observations et ont tout écarté en bloc. On peut se demander si un tel exercice de fusées éclairantes, potentiellement dangereux à proximité d’une grande ville, n’était pas, tout simplement, une manœuvre de diversion.
La déclaration internationale au gouvernement américain
La conférence de presse de 2007 s’est terminée avec la présentation d’une déclaration internationale au gouvernement américain, signée par dix-neuf personnalités, américaines et étrangères, affirmant la réalité des ovnis et appelant le gouvernement à se joindre aux efforts déjà lancés dans de nombreux autres pays, pour informer le public et le monde scientifique, et pour percer le mystère des ovnis. La déclaration se terminait par un “appel à l’action” (Call-to-Action) dont voici un extrait significatif :
« Nous, les soussignés, demandons aux Etats-Unis de se joindre à une coopération avec les gouvernements qui, reconnaissant la réalité des objets volants non-identifiés et les risques entraînés pour la sécurité aérienne, ont déjà mis en pace leurs propres services d’enquêtes. Nous proposons que les Etats-Unis reprennent l’effort de recherche de l’ancien “Projet Livre Bleu”, ou que l’Administration Nationale de l’Aéronautique et de l’Espace (NASA) initie un tel effort de recherche, pour répondre aux soucis exposés ici, fournir les assurances nécessaires, et accroître la connaissance scientifique. »
Parmi les dix-neuf signataires, figuraient des personnalités civiles et militaires qui, n’étant plus en activité, jouissaient d’une certaine liberté de parole. Citons quelques noms, dont trois Français, qui donnaient un certain poids à cette déclaration :
Général Vasily Alexeyev, de l’armée de l’Air de russe
Général Ricardo Bermudez, de l’armée de l’Air du chilienne
John Callahan, ancien chef de la Division accidents, évaluations et enquêtes - auprès de de la FAA aux Etats-Unis
Général Wilfried de Brouwer, de l’armée de l’Air de belge
Richard Haines, Ph.D, ancien responsable à la NASA
Colonel Charles Halt, de l’armée de l’Air américaine
Général Parviz Jafari, de l’armée de l’Air iranienne
Général Denis Letty, de l’armée de l’Air française, et président de l’association COMETA
Nick Pope, du ministère de la Défense britannique (1985-2006)
Jean-Claude Ribes, astronome au CNRS (1963-1998)
Yves Sillard, ancien Directeur Général du CNES, président du comité directeur du GEIPAN, France
Fife Symington, ancien gouverneur de l’Arizona (1991-1997.
Le livre important de Leslie Kean, publié en août 2010
La conférence de presse de 2007 a eu une suite importante, le livre de Leslie Kean, UFOs. Generals, Pilots and Government Officials Go on the Record, (“OVNIS. Des généraux, des pilotes et des officiels gouvernementaux témoignent”), publié le 10 août 2010 aux Etats-Unis. Les témoins de la conférence y figurent, bien entendu, et ils sont rejoints par d’autres témoins tout aussi solides et remarquables. La somme de ces témoignages ainsi rassemblés constitue un document particulièrement solide et convaincant sur la réalité des ovnis.
Le livre s’ouvre sur une préface élogieuse de John Podesta, personnage politique connu et respecté qui collaboré avec les président Clinton et Obama. Podesta est connu également dans l’ufologie américaine, pour avoir notamment soutenu les actions de Leslie Kean et de son organisation, la « Coalition pour la liberté de l’information » (The Coalition for Freedom of Information). Elle a ainsi obtenu gain de cause en justice pour obliger la NASA à rendre publics les documents relatifs au crash d’un mystérieux engin à Kecksburg en 1965, soupçonné d’être un satellite soviétique, ce que les documents NASA n’ont pas du tout confirmé, de sorte que l’hypothèse ovni reste ouverte. Podesta approuve le plaidoyer qu’elle fait à la fin du livre pour la mise en place d’un nouveau service officiel d’étude des ovnis, qui pourrait collaborer avec d’autres organismes analogues à l’étranger, tels que le Geipan français.
Leslie Kean ne se prononce pas sur la nature extraterrestre, ou autre, des ces mystérieux ovnis, et elle laisse aussi de côté des aspects difficiles comme la question du secret, ou celle des enlèvements, dont nous savons pourtant qu’elle très au courant. C’est une démarche tactique, sans doute judicieuse, pour mieux se faire entendre dans le public et les grands médias. Les réactions depuis la parution, avec de nombreuses invitations à des radios et télévisions, donnent à penser qu’elle y a bien réussi.
Cependant, plusieurs témoins importants cités dans le livre ne se privent pas de mettre en avant l’hypothèse de leur origine extraterrestre, tout en reconnaissant qu’elle n’est pas encore prouvée de manière irréfutable. Mais cela invite bien le lecteur à la prendre très au sérieux. En voici quelques exemples.
Commençons par le général Denis Letty, bien connu en France pour avoir dirigé les travaux du COMETA, dont le rapport paru en 1999 avait fortement impressionné Leslie Kean, et est à l’origine de ses dix années d’enquêtes sur les ovnis, comme elle le raconte dans son livre.
Le général Letty a reçu Leslie Kean et James Fox, chez lui en 2008, et leur a confirmé la position du groupe : « Le rapport COMETA montre, sans détours, que l’hypothèse extraterrestre est l’explication la plus rationnelle bien que, évidemment, elle n’ait pas été prouvée » (p. 17).
Le général Denis Letty et Leslie Kean
Monsieur Yves Sillard, ancien Directeur général du CNES et aujourd’hui président du comité d’orientation du GEIPAN, conclut pour sa part :
« Espérons que nos efforts conjoints inspireront les esprits ouverts à considérer l’hypothèse extraterrestre avec le sérieux et la rigueur qu’elle mérite, tant qu’aucune autre interprétation crédible n’aura été formulée » (p. 121).
Yves Sillard, ancien Directeur général du CNES
Le général Wilfrid de Brouwer (voir plus haut), commentant la fameuse vague des ovnis triangulaires en Belgique, en 1989-90, ne veut pas se prononcer catégoriquement sur leur origine mais, ayant écarté celle d’engins de fabrication humaine, en particulier celle d’engins secrets américains, conclut que « la recherche ne devrait pas exclure l’option extraterrestre » (p. 22).
Le général Wilfried de Brouwer
Le général Ricardo Bermudez, qui a créé en 1997 le service officiel d’enquêtes au Chili, rejoint clairement les positions du COMETA : « Personnellement, du mieux que je puisse en juger, je suis en accord avec les positions du rapport COMETA français : il y a une haute probabilité que les ovnis soient d’origine extraterrestre ». Mais il ajoute que « nous devons la soumettre à une analyse scientifique rigoureuse pour arriver à des conclusions viables » (p. 193).
Le général chilien Ricardo Bermudez
Le général José Carlos Pereira, qui a été commandant en chef de l’armée de l’Air brésilienne, dit pratiquement la même chose : « Les preuves montrent que des phénomènes inexpliqués se produisent et cela conduit beaucoup d’entre nous à croire à la présence d’engins alien visitant La Terre ». Mais, ajoute-t-il, nous n’en savons pas assez et il faut que des études scientifiques soient poursuivies (pp. 204, 205).
Le général brésilien José Carlos Pereira
L’ancien gouverneur de L’Arizona Fife Symington (voir plus haut) commente ainsi son observation d’un énorme ovni au dessus de la ville de Phoenix, le 13 mars 1997 : "En tant que pilote et ancien officier de l’Air Force, je peux dire avec certitude que cet appareil ne ressemblait à aucun engin de fabrication humaine que j’aie jamais vu » (p. 262).
Pour conclure, espérons qu’un « bon éditeur » français va faire traduire et de le publier ce livre important.
En septembre 2010, nouvelle conférence de presse, sur les ovnis et le nucléaire
Il faut aussi évoquer une autre conférence de presse, tenue également à Washington en2010, consacrée sur le sujet très « chaud » de la surveillance des armes nucléaires par les ovnis.
C’est une affaire qui a commencé à être mise en avant il y a déjà longtemps, dans les années 70, grâce à des docments militaires déclassifiés à l’époque en application de la loi sur la liberté de l’information (FOIA).
Cette conférence, organisée par Robert Hastings, un spécialiste du sujet très actif et combatif qui a enquêté pendant des années sur le sujet, a réuni un groupe de témoins très crédibles, tous anciens militaires qui ont été en poste sur des bases de lancement de missiles nucléaires. Ce ne sont ni des comploteurs ni des agitateurs, en dépit d’attaques virulentes des sceptiques, comme il se doit pour tout sujet qui dérange. En voici simplement la liste, qui commence par Robert Salas que je connais et dont l’honnêteté ne fait pour moi aucun doute :
Robert Salas, à la « X conference » de 2007
Robert Salas, ancien officier de lancement de missiles nucléaires ;
Dwynne Arneson, lieutenant-colonel, officier responsable du Centre de communication ;
Robert Jamison, ancien officier responsable du ciblage des missiles nucléaires ;
Charles Halt, lieutenant-colonel, ancien commandant de base adjoint ;
Jérome Nelson, ancien officier de lancement de missiles nucléaires ;
Patrick Mac Donnough, ancien officier chargé des repérage géodésiques sur les sites de missiles nucléaires ;
Bruce Fenstermacher, ancien officier chargé du lancement de missiles nucléaires.
Signalons aussi le livre de Robert Hastings, UFOs and Nukes (2008, « OVNIS et armes nucléaires ») dans lequel il a rassemblé de nombreux témoignages sur ce sujet si important de la surveillance des armes nucléaires par les ovnis. En France, Jean-Jacques Velasco y a d'ailleurs consacré un chapitre dans son livre Troubles dans le ciel. (nelle édition 2007).
Le livre de Robert Hastings UFOs and Nukes
Une nouvelle vague de publications sceptiques
Ne soyons pas surpris de voir que les actions positives de ces dernières années ont été contrebalancées par des ouvrages sceptiques. Ceux-ci ont donné de nouveau du grain à moudre au scepticisme, encore prédominant dans les grands médias. En voici quelques exemples.
Révélations sensationnelles de Nick Redfern dans son livre Final Events
Nick Redfern est un auteur britannique qui s’était fait une bonne réputation, il y a une dizaine d’années, avec plusieurs livres de qualité sur les ovnis. Puis, émigré aux Etats-Unis, il a « évolué ». Rappelons seulement son livre de 2005, Body Snatchers in the Desert, qui racontait les révélations d’une série d’agents secrets sur le crash de Roswell. Oubliez la soucoupe, avait-il expliqué : mes sources m’ont expliqué qu’il s’agissait en réalité d’une méprise des aviateurs de Roswell qui avaient découvert, non pas un ovni écrasé, mais un engin bizarre, dérivé des ailes volantes allemandes et des ballons Fugo japonais, à bord duquel des chercheurs américains avaient fait de sombres expériences, très secrètes évidemment, d’irradiation en vol de prisonniers, récupérés à la fin de la guerre au camp japonais de Harbin en Mandchourie! Or, ce pays ayant été « libéré » par les Soviétiques en dix jours avec 5 000 chars, les Américains n’y avaient pas mis les pieds, et toute l’histoire était absurde de A à Z. J’ai été l’un de ceux qui l’ont démolie, sur Internet, au cours de l’été, et j’ai même fait un article à la demande du Mufon UFO Journal, paru en novembre 2005, dont on peut lire la version française sur mon blog
Ce magazine, connu en ufologie, a publié en mars 2006 la réplique, furieuse, de Redfern. Incidemment, c’est le même mois qu’a commencé une campagne violente contre moi sur Internet, anonyme mais dont l’auteur a été vite identifié : un journaliste français émigré, lui aussi, aux Etats-Unis… Curieux « hasard ». En juillet 2007, Nick Redfern présentait encore son histoire à dormir debout au festival de Roswell, auquel j’étais également invité comme conférencier. Lors du débat final, questionné par un spectateur, il avait avoué du bout des lèvres que personne ne le soutenait. Mais voilà, dans un nouveau livre, paru en 2010, Redfern révèle à présent qu’il était déjà sur une nouvelle piste : celle des ovnis diaboliques, soutenue notamment par l’organisateur de cette conférence, un certain Guy Malone, aux allures de MIB avec ses lunettes noires. Malone et Redfern étaient visiblement en bons termes à Roswell, et Malone m’avait d’ailleurs mal reçu lors du cocktail offert aux auteurs. Il y avait déjà, en 2007 à Roswell, d’autres partisans de cette école des ovnis diaboliques, tels que Joe Jordan qui s’est penché particulièrement sur les enlèvements – diaboliques, évidemment – (ne pas raconter cela à un enlevé, svp), et le bibliste Michael Heiser, que j’ai rencontré aussi à Roswell. Il était vain d’essayer de discuter avec cet homme plein de certitudes.
Le titre de ce nouveau livre de Nick Redfern annonce un vaste programme : Final Events and the Secret Government Group on Demonic UFOs and the Afterlife (« Événements finaux et le groupe secret gouvernemental sur les ovnis démoniaques et l’après-vie »).
Essayons de résumer les choses. C’est encore toute une série d’agents de services secrets, ou de personnages proches de ceux-ci, qui révèlent progressivement à Redfern qu’un groupe hautement secret, appelé bizarrement « the Collins Elite », composé à la fois de civils et de militaires, a découvert depuis plus de cinquante ans la nature diabolique des ovnis. C’est le secret des secrets, qu’il faut absolument cacher au public pour ne pas provoquer la panique !
Le premier de ces informateurs est un prêtre anglican, Ray Boeche, connu dans l’ufologie américaine. Il n’exclut pas qu’il y ait - aussi – de vrais extraterrestres, mais cette prudence est écartée par les informateurs suivants, qui ne voient plus que des démons. Redfern apprend qu’il y a un grand responsable de tout cela, Jack Parsons, ingénieur et ésotériste, disciple d’Aleister Crowley, qui avait ouvert par mégarde en 1947 une « porte interdimensionnelle » lors d’une dangereuse expérience qui lui avait coûté la vie. C’est par cette porte, ou « portal » qu’aurait pu pénétrer dans notre monde une nuée de démons, avec leurs fausses soucoupes qui déferlèrent peu après aux Etats-Unis ! C’était le « rituel de Babalon » auquel avait participé un autre personnage sulfureux, Ron Hubbard, qui allait créer plus tard l’ « église » de scientologie…
Ce sont ces démons, explique-t-on à Redfern, qui nous trompent en se faisant passer eux-mêmes pour des aliens. Par exemple, le crash de Roswell a droit à une nouvelle explication, que lui raconte Ray Boeche (p. 174) : « … l’accident a peut-être été concocté cosmiquement et alchimiquement dans des régions lointaines, puis placé soigneusement et délibérément sur le terrain désertique du ranch Foster » !
Pourquoi toutes ces mises en scène compliquées ? L’objectif des démons est de s’emparer de nos âmes et de préparer le retour de l’Antéchrist, puis les « événements finaux » : l’Armagedon (la grande bataille finale entre forces du Bien et du mal), l’Apocalypse et la fin des temps, etc. Ainsi, en accueillant avec enthousiasme des bienfaiteurs extraterrestres, nous adorerons en fait des démons ! On reconnaît là les croyances de toute une frange chrétienne fondamentaliste qui a fait un retour en force ces dernières années, principalement aux Etats-Unis.
A un moment, Redfern semble perplexe et se demande s’il ne se fait pas désinformer, comme pour sa précédente histoire des Body Snatchers, mais cette interrogation ne dure pas longtemps. Avec ce triste livre, il se positionne ainsi parmi les auteurs qui font la jonction entre ufologie et fondamentalisme religieux. Faut-il le souligner, un tel livre ne peut qu’apporter de l’eau au moulin des sceptiques rationalistes. Heureusement, il ne semble pas faire beaucoup de bruit, pour le moment. Mais voici un autre livre sceptique de la cuvée 2010, qui a eu plus de succès, semble-t-il.
Le livre de Pilkington Mirage Men
Voici un autre livre, Mirage Men, de Mark Pilkington, paru également au cours de l’été 2010, qui s’en prend aux ovnis, avec beaucoup d’habileté mais sous un autre angle : en gros, les ovnis sont des mensonges, fabriqués habilement dans les ateliers de désinformation militaire pour nous faire croire aux extraterrestres et cacher de vrais secrets ! Le titre complet du livre donne le ton : Mirage Men. A Journey in Disinformation, Paranoia and UFOs (“Les hommes du mirage. Un voyage dans la désinformaion, la paranoïa et les ovnis »).
Son auteur, Mark Pilkington, est un journaliste et auteur britannique, qui a fait une enquête aux Etats-Unis avec son ami John Lundberg. Notons, pour situer ces deux hommes, qu’ils sont connus en Grande-Bretagne, et ne s’en cachent d’ailleurs pas, comme circlemakers c’est à dire comme auteurs de faux « cercles de culture ». On sait aussi que Lundberg a des « relations » avec la CIA, et Pilkington se plaint, en s’en moquant, qu’on le soupçonne d’être un agent du MI6. Une chose est sûre : comme Nick Redfern, d’ailleurs, ils s’y connaissent en matière de services secrets et de désinformation. Est-il bien utile de parler d’un tel livre ? Oui, car il est bien écrit, fait état de nombreux contacts et d’une abondante documentation, et semble avoir eu des échos assez favorables dans la grande presse, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
Mark Pilkington reprend dans son livre toutes les idées, dont certaines circulent depuis longtemps, selon lesquelles les ovnis sont en fait un mythe qui a été créé et entretenu depuis 1947, essentiellement par des services militaires américains, pour camoufler toutes sortes d’opérations secrètes. Il faut lui rendre justice, cependant, en signalant qu’il avoue, vers la fin du livre, sa perplexité devant certains faits et témoignages difficiles à expliquer. Mais on peut se demander si ce n’est pas là, de sa part, une dernière « habileté ».
Les sceptiques ont toujours brodé sur les thèmes des méprises avec tout ce qu’on voit dans le ciel, depuis les modestes ballons jusqu’aux planètes telles que Vénus et Jupiter. Un autre thème classique est l’influence des croyances ésotériques, et de la science-fiction. Ces thèmes sont présents ici également, mais l’argument majeur du livre, développé également par certains auteurs septiques plus récemment, est que beaucoup de confusions ont été entretenues, et même favorisées pas de fausses annonces et même de fausses apparitions d’ovnis. Un exemple classique, repris bien entendu par Pilkington, est le discours tenu en 1997 par l’historien de la CIA, Gerald Haines, qui a expliqué que les services secrets avaient discrètement favorisé les confusions avec des avions d’espionnage, comme l’U-2 et le SR-71 Blackbird. Ce discours, aussitôt adopté par la grande presse en 1997, a été encore tenu en 2007 par Haines à un jeune journaliste de France 3 pour l’émission « Pièces à conviction » d’Elise Lucet. Bornons-nous à souligner que l’avion U2, au demeurant d’allure on ne peut plus classique, fit son premier vol en1955 à Groom Lake, à l’abri des regards dans le désert du Nevada, et ne peut donc pas expliquer les observations d’ovnis antérieures. Ni postérieures, d’ailleurs car, construit à seulement cinquante exemplaires, il a été basé surtout en Allemagne et en Turquie pour aller survoler les pays de l’Est. Si l’explication était la bonne, c’est par là qu’auraient dû avoir lieu la plupart des observations d’ovnis, ce qui n’est pas du tout le cas. Mais qu’importe : cette fable peut encore servir !
Pilkington met en avant l’opinion d’un physicien américain, Leon Davidson, qui s’était persuadé, avec d’obscurs arguments, de la justesse de la théorie des faux ovnis mis en scène par les services secrets américains, notamment pour tromper les Russes. Il reprend aussi à son compte l’histoire échafaudée par Jacques Vallée autour d’une lettre écrite en 1952 par l’ingénieur Howard Cross, de l’Institut Battelle, à l’armée de l’Air, dont il avait trouvé une copie qui dormait dans les archives de son patron de l’époque, l’astronome Allen Hynek. L’institut ayant été chargé de faire une étude statistique sur les observations d’ovnis (qui fut bien faite, et publiée plus tard sous le nom de « Rapport 14 » de la commission Livre Bleu), l’ingénieur Cross suggérait que l’on mette en scène, à titre de contrôle, des passages d’avions et autres aéronefs sur une zone choisie pour surveiller les ovnis, et voir s’il y avait beaucoup de méprises. Vallée, qui a donné à cette lettre le nom mystérieux de « mémo de Pentacle », a spéculé que cette idée avait été ensuite appliquée à grande échelle … pour faire croire aux ovnis ! Or, toute l’histoire de la politique militaire américaine a été, et est encore aujourd’hui, tout au contraire, de nier l’existence des ovnis.
Voir à ce sujet mon article sur mon blog, en deux parties : Ici et ici
Comment Pilkington s’y prend-t-il pour « expliquer » la première vague de « soucoupes volantes » de 1947 ? En ressortant les vieilles histoires éculées de soucoupes néo-nazies, et d’ailes volantes Flying Flapjack, dont le prototype ne fit que quelques sauts de puce sur la côte Est. Et en racontant les mésaventures de Kenneth Arnold à Maury Island, où il se serait fait désinformer par un mystérieux « homme en noir ». L’histoire est glauque, en effet, mais un peu courte pour évacuer la vague de 1947, dont la réalité se trouve confirmée par de nombreux documents militaires ou du FBI, déclassifiés depuis des années. L'incident de Maury Island suggère cependant qu’il y avait peut-être déjà des services secrets au courant des ovnis et pratiquant la désinformation à leur sujet. Mais pas pour faire croire aux ovnis !
Sur Roswell, Pilkington flirte notamment avec la théorie de Redfern (que celui-ci a déjà abandonnée, nous l’avons vu) qui supposait que le communiqué de presse visait à faire croire eux soucoupes pour cacher d’horribles expériences d’irradiation en vol ultra secrètes (p. 41). Cet exemple montre comment une fable absurde continue à vivre, même après avoir été abandonnée par son auteur. Il y a un commentaire intéressant, cependant, quand Pilkingon souligne que le colonel Weaver, qui a dirigé l’édition des deux gros rapports du Pentagone sur Roswell, en 1995 et 1997, était un spécialiste de la désinformation, et supérieur hiérarchique de l’agent spécial Richard Doty, dont Pilkington fait dans son livre un personnage de première ligne dans son vaste scénario de désinformation.
Mark Pilkington s’étend longuement sur le rôle, effectivement ambigu, joué pendant des années par Richard Doty. D’abord quand il était en poste comme agent spécial de l’AFOSI sur la base de Kirtland, où il montra à Linda Howe un « briefing pour le Président », censé l’informer sur les secrets ovni. Il s’étend aussi, sans suprise, sur les manœuvres qui firent perdre la raison au pauvre ingénieur Paul Bennewitz. Sur ces histoires complexes, je renvoie le lecteur à mon livre OVNIS. Vers la fin du secret ? Pilkington a rencontré Doty plusieurs fois, avec son ami Lundberg, et en garde l’impression que celui-ci continue à jouer un rôle dans des histoires plus récentes de désinformation amplifiante, telles que le très douteux dossier « SERPO » (voir mon livre également). Il est, pour Pilkington, l’un de ces « hommes du mirage », avec deux autres personnages qu’il a aussi rencontrés : Walter Bosley, un ancien officier qui lui « révèle » le secret des voyages temporels, et le médecin Kit Green, censé faire partie de la fameuse « volière », qui semble lui confirmer la réalité de contacts extraterrestres. Ce sont « …des hommes à divers niveaux de connaissances de l’intérieur, entrainés aux techniques de dissimulation, habiles dans l’art du secret, qui nous racontent des choses allant du bizarre à l’étrange » (p. 287). Cependant, Pilkington admet, à la fin de son livre (p. 306), que Kit Green, en particulier, l’a impressionné et troublé : se pourrait-il qu’il y ait une part de vérité dans certaines de ces histoires ? Concédons que c’est un livre presque sceptique, mais pas totalement…
Encore un livre sceptique,sur le "Phénomène OVNI"
Mentionnons rapidement un autre livre sceptique, canadien cette fois, qui vient d’être traduit et publié en français, en cette fin d’année 2010 : Le phénomène OVNI. Faits, mythes et désinformation, de John Michael Greer (The UFO Phenomenon, 2009. Ne pas confondre cet auteur avec l’enthousiaste Dr Steven Greer !). Espérons qu’il va faire une courte carrière en France car c’est un livre sceptique « en béton ». John Greer nous livre la clé de son analyse à la fin du livre. Selon lui, il n’y a presque aucune chance pour qu’une éventuelle civilisation extraterrestre puisse nous rendre visite. Bien d’autres disent la même chose, mais pas toujours pour les mêmes raisons. Le zététicien Henri Broch, par exemple disait, à la fin de l’émission d’Elise Lucet, déjà citée, que les étoiles sont trop loin, tout simplement. Mais Greer avance un autre argument :
« … les chances que des espèces intelligentes aient eu accès à une réserve suffisante d’énergie concentrée - l’énergie nécessaire à une civilisation industrielle qui aurait progressé jusqu’à développer la technologie du voyage spatial – pour atteindre une autre étoile sont quasi nulles. (souligné par moi). Et l’absence de vaisseaux extraterrestres dans les cieux de la Terre s’explique peut-être ainsi » (p. 330).
Sans même parler d’ovnis, comment peut-il affirmer cela ? En posant les limites du progrès, dans son dernier chapitre « La fin d’un rêve », il explique que, lorsque nous aurons fini de brûler les combustibles fossiles, nous aurons peut-être perdu la bataille de l’énergie. Et, bien sûr, il en va de même pour d’autres civilisations éventuelles. Quel pessimisme ! On peut lui répondre que la réalité des ovnis, et la probable origine extraterrestre d’au moins une partie d’entre eux, nous indique au contraire que d’autres sources d’énergie existent (l’énergie « du vide » ?) et que des civilisations plus avancées que nous savent s’en servir !
On comprend dès lors pourquoi cet auteur s’emploie à mettre en doute tous les aspects du dossier ovni. Les ovnis ne peuvent exister, et il faut donc leur trouver des explications ! Sa thèse principale est qu’ils proviennent de la science-fiction, des croyances ésotériques, et d’un engouement populaire pour ce genre d’histoires qui font rêver. Dès le début, il s’étend longuement sur les écrits ésotériques précédant la vague de soucoupes volantes de 1947. Il cite un exemple parmi cent autres : les communications médiumniques de Mark Probert, à San Diego, avec une « entité extraterrestre, E Yada Da Shi’ite, l’émissaire du Haut Conseil interplanétaire », qui attirèrent l’intérêt d’un cercle d’étudiants mené par le grand occultiste Meade Layne. Ces révélations ésotériques seraient à l’origine « d’une nouvelle mode : celle des intelligences extraterrestres » (p. 38), Ce qui l’amène à conclure ainsi son premier chapitre :
« Sur l’ensemble de la scène spirituelle américaine, on se mit à lever les yeux, attendant de voir dans ciel les signes de cette venue extraordinaire. Bientôt, Kenneth Arnold apercevra neuf appareils étranges au-dessus de la chaîne des montagnes Cascades. Le phénomène des ovnis allait enfin naître ».
Incidemment, Arnold était un homme d'affaires pas du tout porté à l'ésotérisme, mais qu'importe !
C’est ensuite un véritable jeu de massacre auquel se livre John Greer, reprenant tout le fonds des arguments sceptiques mais passant sous silence les aspects qui le gênent. Par exemple, les documents militaires et du FBI, dont bon nombre ont été déclassifiés depuis des années, qui prouvent, dès 1947, la réalité des ovnis. Il évoque bien la commission « Livre Bleu » mais ne cite même pas le nom du capitaine Ruppelt. Il est prolixe, en revanche, sur les « contactés » de l’époque, comme Dorothy Martin et ses « enseignants extraterrestres natifs de la planète Clairon » (Clarion), qui l’avaient avertie en 1954 : « la moitié Est des Etats-Unis allait être détruite par des marées gigantesques le 21 décembre ». Remarquons au passage d’une annonce de ce genre a été faite de nouveau, récemment, par un « contacté » français !
La désinvolture de John Greer atteint son comble sur des dossiers encore controversés, tels que les enlèvements (des fabulations) ou les mutilations de bétail (fortement exagérées), sur le crash de Roswell, expédié en une demi-page. Le Major Marcel y est rétrogradé au rang de sergent-major, et le général Ramey, qui commandait la région aérienne à Fort Worth, se retrouve « commandant des opérations à Roswell Field » (p. 44) !
John Greer s’intéresse aussi à l’idée, décidément assez répandue, que certaines agences ont favorisé la croyance aux ovnis pour cacher des opérations secrètes. Ainsi, il croit possible que la vague de 1947 ait eu pour origine un programme russe de ballons de reconnaissance, un projet inspiré par les ballons incendiaires Fugo des Japonais. Et il en tire argument pour le crash de Roswell : « Cela pourrait expliquer pourquoi les autorités américaines ont rapidement récupéré ce qui s’est écrasé à Roswell pour l’amener à Wright Field ». Ainsi, le communiqué de Roswell n’aurait été qu’une opération de camouflage d’un ballon russe ! C’est quand même mieux, n’est-ce pas, que le train de ballons « Mogul » et ses ridicules petits ballons météo.
Autre exemple : Greer soutient encore l’idée que l’affaire de Rendlesham – l’observation d’un ovni au sol, en décembre 1980 en Angleterre, avec plusieurs témoins militaires solides, tels que le colonel Halt et le sergent Penniston (présents dans le livre de Leslie Kean)– n’aurait été en fait qu’un atterrissage d’urgence d’un prototype secret près de la base amériaine de Woodbridge. Ainsi, la « mythologie des ovnis », explique Greer, « fournissait une couverture idéale pour mettre les Soviétiques sur une mauvaise piste »! Incidemment, Jacques Vallée a déjà joué avec une idée du même genre. Sur l'affaire de Rendlesham, je renvoie à mon article Rendlesham et le risque de désinformation
En France, encore un livre sceptique sur Roswell.
Beaucoup d’ufologues convaincus de la réalité des ovnis – quelle que soit leur nature - restent sceptiques sur la possibilité d’un événement aussi étrange, incongru, qu’un accident d’ovni. Ils pourraient donc être séduits par le livre Gilles Fernandez Roswell : Rencontres du premier mythe, totalement sceptique sur le crash de Roswell. Sa diffusion risque d’être assez faible, cependant, car on ne peut se le procurer que sur Internet. Je connais un peu les arguments de cet universitaire car il m’a critiqué l’année dernière, avec virulence, sur mon blog, au point que j’ai dû finalement refuser ses messages. Messages anonymes, d’ailleurs, qu’il signait seulement de ses initiales.
Gilles Fernandez soutient, après bien d’autres, l’explication militaire d’un train de ballons « Mogul ». Je dois admettre qu’il a creusé la question, mais pas assez ! J’ai essayé lui montrer qu’il faisait des erreurs, mais cela n’a fait qu’augmenter sa colère. Il se trouve que je connais bien la discussion sur Mogul, à laquelle j’ai participé avec les spécialistes américains, comme Kevin Randle, David Rudiak et Brad Sparks. Pour moi, le débat était clos depuis 2005 environ. Je l’avais exposé dans mon livre de 2004, mais je l’avais fortement réduit dans l’édition de 2009. J’ai donc refait un exposé détaillé, que l’on peut lire sur mon blog, sous le titre « L’imposture des ballons Mogul » :
On peut faire plus court, en achetant une baguette de balsa, de 8 mm de section comme celles sur lesquelles étaient montées les fragiles cibles radar censées avoir été trouvées par le commandant Marcel et le capitaine Cavitt, et la casser avec la plus grande facilité entre ses doigts. On saisit immédiatement le ridicule de l’explication « Mogul » !
Reconstitution d’un lancer de ballon « Mogul », avec ballons météo et cibles radar
Depuis que le livre de Fernandez est paru, quelques critiques élogieuses ont été publiées, notamment dans la revue Ufomania, avec un article de Didier Gomez intitulé « Roswell démystifié ». Je suppose que le livre de Fernandez y est bien résumé, sur deux pages et, s’ajoutant au débat sur Mogul, cela m’en dit assez sur ce livre et m'en épargne la lecture. Si j'en crois l'article, tout y est déformé, caricaturé ou simplement erroné.
Donnons juste un exemple : Fernandez, cité par Gomez, dit que Stanton Friedman, lorsqu’il rencontre Jesse Marcel en 1978, pense « qu’il a enfin trouvé le témoin idéal d’un crash extraterrestre qui pourrait rouvrir un débat ». La vérité, racontée en 1992 par Friedman dans son livre Crash at Corona, est tout autre. Il était de passage en Louisiane pour y faire une conférence, et c’est presque par hasard qu’un ami de Marcel le lui a signalé. Quand il l’avait appelé au téléphone, il était tombé des nues car il ne savait rien sur Roswell et, en fait, il n’a vraiment commencé à enquêter que six mois plus tard, grâce à son ami Bill Moore qui avait retrouvé des articles de journaux de l’époque.
Et voici l’interprétation de Gilles Fernandez : « Dans la communauté ufologique pro-extraterreste, une énorme fanfare débute » ! En réalité, c’est seulement à la fin des années 80 que les enquêtes ont pris de l’ampleur, avec notamment Kevin Randle et Donald Schmitt. Ceux-ci étaient assez sceptiques au départ, car le premier livre sur Roswell, publié trop vite par Moore et Berlitz en 1980, ne les avait pas convaincus. Ils étaient allés à Roswell pour le compte du CUFOs, pensant déblayer l’affaire en deux ou trois semaines, mais ils furent très surpris de retrouver rapidement des témoins importants, comme le fils du fermier Brazel et les voisins, qui racontèrent tous la même chose. Voilà pour la "fanfare" médiatique.
Pour dire les choses franchement, j’en ai plus qu’assez de ce genre de massacre ufologique. Je fais remarquer que ce Gilles Fernandez est en fait complètement sceptique sur les ovnis.
Cela dit, il y a eu, heureusement, d’autres livres et articles dignes d’intérêt, ces dernières années, mais dont la liste serait un peu longue, et je ne voudrais pas risquer d’en oublier. Cet article se limite donc à quelques livres, dont le livre important de Leslie Kean, que je voulais commenter.
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Gildas bourdais - 25 décembre 2010
Le blog ufologique de Gildas Bourdais