Face à l’absentéisme rampant chez certaines catégories de personnel de l’Education Nationale, le ministre Luc Chatel annonce un plan ambitieux dans un entretien donné à notre confrère Le Figaro : les proviseurs auront toute latitude pour recruter eux-mêmes des remplaçants.
La fonction invite d’ordinaire son titulaire à la plus grande discrétion. Habitués à occuper ce qu’ils croient être une sinécure, les enseignants tolèrent en effet fort mal les interventions de leur ministre de tutelle.
La complaisance dont les gouvernements de gauche faisaient autrefois preuve à l’égard de la frange la plus extrémiste de leur électorat a toutefois disparu depuis le retrait de la vie politique du Parti Socialiste en 2002. Le gouvernement n’hésite aujourd’hui plus à rappeler à l’ordre les quelques desperados qui sabotent l’éducation des jeunes Français à force de grasses matinées improvisées et d’attouchements sexuels, et leur remémore cette intangible vérité : les cimetières sont remplis de gens irremplaçables.
Ainsi, Luc Chatel s’est prononcé dans une interview au Figaro pour une refonte intégrale du système de recrutement des enseignants remplaçants, en en excluant les enseignants : « les vacataires, étudiants ou jeunes retraités, peuvent très bien remplir ce rôle ».
Une proposition qui tombe sous le sens : est-il nécessaire de former pendant des années des personnes qui n’assureront au mieux que quelques jours de présence auprès d’un groupe d’élèves donné ? L’investissement semble déraisonnable dans le contexte économique actuel, et les Français accepteraient mal de voir une caste de privilégiés bénéficier d’études prolongées alors que l’éducation de leurs enfants est elle-même compromise par la réduction des effectifs enseignants.
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Le recrutement de chômeurs de longue durée permettra à de nombreux abîmés de la vie de retrouver la dignité.
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M. Chatel est toutefois conscient des limites actuelles du système : la majorité des étudiants succombe aux sirènes du secteur privé, où les salaires sont meilleurs et les perspectives d’évolution de carrière plus évidentes que dans l’Education Nationale, et la plupart d’entre eux préfèrent postuler dans le secteur de la restauration rapide plutôt qu’à un quelconque poste de fonctionnaire. Quant aux jeunes retraités, il s’agit d’une espèce en voie de disparition, du moins en l’absence d’invalidité débilitante — une image du monde du travail qu’il serait malsain d’exposer aux regards des enfants et des adolescents.
C’est pourquoi le ministre propose d’accorder plus d’autonomie aux proviseurs, qui pourront eux-mêmes faire leurs emplettes à l’agence locale de Pôle Emploi.
La solution est élégante : outre un recrutement basé sur des compétences reconnues, et qui œuvre dans le sens d’un rapprochement du monde éducatif et du monde professionnel, elle permettra de restaurer la confiance entre les enseignants et les parents d’élèves.
L’assise locale de ce mode de remplacement permet en effet aux proviseurs de se porter personnellement garants du personnel recruté en choisissant de n’embaucher que des individus qu’ils connaissent personnellement, comme par exemple une nièce qui peine à trouver un emploi après de longues études en médiation culturelle ou encore un cousin que ses problèmes d’alcoolisme ont malheureusement éloigné un temps du monde de la machinerie lourde mais qui est bonne pâte, dans le fond.
La libéralisation du marché de l’enseignement — qui est le premier poste du budget de la France avec près de 61 milliards d’euros en 2010 — offre en outre au gouvernement un formidable levier d’action sociale exonéré des diktats mondialistes de Bruxelles et Washington.
Pour ne considérer que l’épineux problème du chômage, cette flexibilité permettra ainsi à plusieurs dizaines de milliers de personnes d’accéder chaque année à la catégorie B, bien plus digne et valorisante que la catégorie A.
Le même procédé pourra être exploité pour désengorger des prisons surpeuplées ou encore garder les militaires occupés en temps de paix.
A terme, il n’est question de rien de moins que du fonctionnement harmonieux d’une société dans laquelle chacun est acteur d’un avenir commun, à la mesure de ses moyens.