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Janette, une (Z) avant tout le monde

Publié le 04 avril 2011 par Lesimparfaites
Janette, une (Z) avant tout le monde
Janette Bertrand, je ne la connaissais pas beaucoup. Pas plus que ce qu'on lit et entend d'elle un peu partout. Je savais qu'elle avait écrit. Beaucoup. Et qu'elle écrivait encore. Admirable à 86 ans, quand même! Je connaissais ses séries cultes: Quelle famille! et bien sûr L'amour avec un grand A. Je me rappelais les émissions Parler pour parler que ma mère écoutait à Radio-Québec (dans le temps!). Je savais qu'elle avait écrit quelques romans - Le bien des miens et Le cocon - et tout dernièrement Ti-Boutte, un album pour enfants. J'ai son livre de recettes et elle prépare de la même façon que moi son rôti de palette. Je savais qu'elle était une pionnière, qu'elle avait été partout, mais sans plus. Les vedettes, ça ne m'excite pas plus que cela!
Bref, j'avais une idée de la femme de carrière. Il y a un peu plus d'une semaine au Salon du livre de Trois-Rivières, j'ai eu la surprise (et la chance!) de participer à une table ronde avec elle, Hélène Vachon et Louise Portal. Et c'est là que le déclic s'est produit! Wow! Quelle femme! Quelle femme d'écriture, bien sûr! Écrire toute sa vie, pour la gagner en plus alors qu'elle évoluait dans un monde très fermé et très «homme», c'est époustouflant! Mais en plus, elle était une jeune maman dans le temps qu'elle écrivait Toi et Moi, entre autres. Elle nous a raconté ne pas avoir besoin d'une bulle pour créer. Et elle ne pouvait pas. Elle avait des enfants. Il fallait bien s'en occuper. Surtout que dans ce temps-là, pas de garderie pour les déposer le matin! Et l'été, il n'y avait pas de camps de jour. Alors Mme Bertrand a raconté qu'elle s'installait au bout du quai avec une planche de bois sur les genoux en guise de table de travail pour pouvoir écrire tout en surveillant ses enfants. Elle a avoué écrire quelques lignes, devoir lever la tête et crier à sa progéniture dans l'eau «Lâche ton frère! Tu vas le noyer!» et pencher la tête pour renouer avec son projet. C'est fou comme je me suis retrouvée là-dedans. Écrire dans une bulle, m'nerfermer loin de tout, avoir besoin de la seule compagnie du silence: non merci pour moi! C'est ni nécessaire, ni possible. J'aime bien mieux faire comme Janette et écrire dans la vie. Tout simplement! Et c'est ce qu'on fait depuis trois ans chez les (Z)!
J'ai trouvé un écho à ce que je suis... et ce qu'on est toutes finalement! Du coup, j'ai compris que Janette Bertrand était officiellement une (Z)imparfaite avant son temps! Elle ne faisait rien comme tout le monde. Alors que les mères restaient plus souvent qu'autrement, elle travaillait. Et pas dans un milieu traditionnellement féminin! Loin de là! Elle écrivait! Elle devait elle-aussi déroger sans culpabilité aux règles de la perfection et ne pas suivre ce que les livres et le discours ambiant lui disaient de faire. Mieux encore, elle a abordé à la télévision à des époques où les tabous étaient encore forts des thèmes qui faisaient grandement jaser! Tant mieux! Elle a bousculé les conventions et n'a pas eu peur de faire les choses à sa manière.
Dieu merci, elle continue à faire comme elle l'entend et tant pis pour les qu'en-dira-t-on! Car à 86 ans, je vous ai dit, qu'elle enseignait encore tout en préparant un gros roman! Qu'elle avait traversé une épreuve double de cancer du sein avec sa fille Dominique! Mais elle continue. J'ai envie de lire son autobiographie - Ma vie en trois actes - pour connaître d'autres pans de sa vie.
J'ai trouvé en elle un écho à notre désir de faire les choses à notre manière, sans honte et sans culpabilité. On choisit notre route, chacune et on poursuit nos rêves. Ce n'est pas vrai qu'on néglige des parts de nous si on fait des réels choix. Alors, quand vous penserez que vous ne faites pas ce qu'il faut, que certaines personnes vous rabrouent de commentaires culpabilisants ou qui tentent de vous décourager, pensez à Jeannette. Quand on est (Z)imparfaites, notre route n'est peut-être pas droite. Peut-être même pas écrite sur une carte officielle. Mais c'est la nôtre et si on la suit avec bonheur, franchement c'est bien mieux que d'imiter pâlement les autres.
Merci madame Bertrand... de la part de toutes les (Z)!

(Crédit photo: Les éditions La Bagnole)

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