Trois publications récentes pour Cédric Demangeot : Ferraille aux éditions Aldébaran, un poème dans Sans mots sur une suite de dessins de Ena Lindenbaur chez fissile et Sale temps, à l’Atelier La Feugraie (lire ici une note de lecture de ce livre par Jean-Pascal Dubost).
On a fondu les semelles des morts
de l’année dernière : on a fait
la nouvelle route avec. On a
rapiécé la route de la mer avec
des bouts de la peau des morts
du dernier hiver. On a refait
longtemps tête en bas des
kilomètres dans le
mauvais sens parmi l’ébullition
du bitume à blanc : rien
ne dit ni où ni vers quelle
impasse de l’histoire à récrire
(à B.)
Cédric Demangeot, Ferraille, Les Éditions d’Aldébaran, 2011, p. 27.
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regarde dehors c’est
deux mille sept dit-on le soleil
brille le soleil
brûle tout – le totalitarisme
a changé de visage : il n’a plus
de visage
que le nôtre – eh
Chérie, viens
voir : c’est
une ère nouvelle
qui s’ouvre : l’ère
de la terreur blanche
et du sens vidé
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& vois : le totalitarisme
a inventé son invisibilité
il n’est pas plus visible
que nous ne le sommes
depuis qu’il accorde à chacun
la liberté de se choisir un visage
et que nous choisissons tous le même ;
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décidément, Chérie, ce nouveau mal,
a des traits de génie dans le pire :
une main te condamne à la liberté, l’autre
te refuse d’elle d’en contester la réalité ;
et tous les moyens sont bons, depuis
le berceau, pour entretenir en toi la peur
d’en user. Et
le tour est joué – tu
me suis, mon Cœur ?
Cédric Demangeot, Sale temps, Atelier la Feugraie, 2011, pp. 44 à 46.
Cédric Demangeot dans Poezibao :
bio-bibliographie, une recension de Ravachol, par Mazrim Ohrti, extrait 1 (Eleplégie), note de lecture Eléplégie, Philoctète (parution), & ferrailleurs (par Julien Martin)
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