Magazine Culture

Art paris

Publié le 04 avril 2011 par Artgalerie

Si l'on cherche une comparaison culinaire, la Fiac, en octobre, c'est de la cuisine moléculaire, et Art Paris, en ce moment, du chou farci. Quand sa grande soeur vise une clientèle internationale, la foire Art Paris se veut plus modeste, plus accessible, mais non moins savoureuse. Avec, cerise sur le gâteau, deux projets extérieurs : des semi-remorques peints par des artistes, et qui circulent dans Paris, et un parcours en nocturne dans divers lieux luxueux de la capitale. Certes, dans les 125 stands du Grand-Palais, on trouvera son content d'artistes chinois, indiens, mais aussi des Ecossais (le photographe Albert Watson), des Américains (Dean Tavoularis, le décorateur de Coppola). Mais on y voit surtout ceux que d'autres foires négligent : les anciens oubliés, les jeunes méconnus. Et les artistes locaux, entendez les Français.

La société Artprice, spécialisée dans l'économie du marché de l'art, publie à l'occasion un rapport intitulé Les artistes français dans le monde. Le constat y est sévère pour notre orgueil national : aucun ne figure dans la liste des cent meilleurs en termes de chiffre d'affaires. Le premier, Jules de Balincourt (né en 1972) est 105e. Encore a-t-il grandi et travaille-t-il aux Etats-Unis. Il est suivi, dit le rapport, par Philippe Pasqua (né en 1965), Mr Brainwash (l'inénarrable vedette du film de Banksy Faites le mur), ou JR (né en 1983). De ce quarte, on ne trouvera à Art Paris que Pasqua. Mais là, impossible de le rater : il y en a aux cimaises de la galerie RX, mais aussi sur le stand de Laurent Strouk, surface immense dominée par une voiture de sport recouverte de cuir tatoué et accrochée au mur, ou encore un cendrier gigantesque, ponctué d'un crâne, en marbre de Carrare. Gros succès : le stand était pris d'assaut mercredi 30 mars, jour du vernissage.

Nombreux sont les stands, peut-être moins spectaculaires, à avoir fait ainsi de gros efforts de présentation. Celui de Daniel Templon présente par exemple une sélection de son programme avec, en majesté, une découverte, le peintre allemand Norbert Bisky, né en 1970. Celui de Louis Stern, une excellente galerie basée à Hollywood, montre une très intéressante sélection d'artistes qui travaillaient en Californie dans les années 1970 dans l'esprit du "hard edge" - l'abstraction géométrique américaine. Celui d'Alice Mogabgab, de Beyrouth, regroupe autour du thème de l'arbre quelques artistes que l'on retrouve avec plaisir, comme le peintre Charles Belle ou le sculpteur Jean-Bernard Susperregui. Celui de Lélia Mordoch associe deux artistes de générations différentes, François Morellet (né en 1926) et Emmanuel Fillot (né en 1957) dont les assemblages subtils et délicats sont - pour nous - une découverte. Ils rappellent un peu l'esprit d'un Joël Kermarrec, heureusement exposé par la galerie luxembourgeoise Nosbaum & Reding, qui montre également un grand relief, impressionnant, de Damien Deroubaix. Toujours au chapitre des découvertes, pour ceux qui l'auraient raté au Palais de Tokyo, les dessins époustouflants d'Emmanuel Régent sont présentés par Caroline Smulders, dans sa galerie au nom évocateur, "I love my job". Nous aussi, surtout quand il consiste à arpenter cette foire. Dieu sait si elle a été vilipendée, la pauvre - le qualificatif le moins méchant étant celui de "refusés de la Fiac". Ce n'était pas faux, et cela va devenir encore plus vrai : la Fiac est condamnée à s'amaigrir, en se repliant sur le seul Grand-Palais, qui ne pourra pas contenir tout le monde. Il est à prévoir une réduction drastique des effectifs, qui iront naturellement nourrir ceux d'Art Paris.

On espère seulement qu'elle conservera l'éclectisme et l'ouverture qui permettent, par exemple, d'apercevoir les papiers peints de Carsten Höller disposés sur la mezzanine par Ikono Tv, de revoir avec plaisir Degottex chez Berthet Aittouarès, les Hans Hartung de la galerie Sapone, les photographies mais aussi les tableaux de Nils-Udo chez Claire Gastaud, les Richard Prince exposés par Mark Borghi, ou de s'arrêter devant les sculptures d'un pionnier de la vidéo, Nam June Paik (1932-2006), qu'a déniché le galeriste Guy Pieters. Si on cherche des chefs-d'oeuvre dans cette foire, ils sont là.   bruno michaud - art paris

art paris - animisme - bruno michaud

art paris - corbotte - bruno michaud


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine