À Rome, l'homme étant le dominant dans la société, il doit dominer la femme dans tous les domaines, donc même dans les relations sexuelles : un vrai homme est dessus et pénètre ! Quinze siècles après, en France, les aristocrates de la Renaissance ont les mêmes valeurs de hiérarchie sociale : leurs comportements se référeront aux mêmes principes.
Dans son oeuvre, "Les Dames galantes", Brantôme constate que tout homme domine la femme qu'il "possède", même s'il est son inférieur dans la hiérarchie sociale : "L'homme allègue... que la victoire est bien plus grande quand il tient sa douce ennemie abattue sous lui, et qu'il la subjugue et la dompte à son aise et comme il lui plaît ; car il n'y a si grande princesse ou dame qui, quand elle est là, fût-ce avec son inférieur ou inégal, n'en souffre la loi et la domination ordonnées par Vénus parmi ses statuts ; et la gloire et l'honneur en demeurent très grands à l'homme... Pour une femme, c'est une fâcheuse souffrance que d'être subjuguée, ployée, foulée, ... et de devoir dire : Un tel m'a mise sous lui..."
Mais certaines femmes de la noblesse sont trop orgueilleuses pour accepter qu'un homme les domine à un moment quelconque, même dans l'amour, surtout s'il est de naissance égale ou inférieure à elles. Quant aux seigneurs de rang supérieur à elles, elles n'ont d'autre solution que s'arranger pour ne jamais avoir à leur céder : "J'ai ouï parler - dit le même Brantôme - d'une fort belle et honnête dame, fort adonnée à l'amour et à la lubricité, qui pourtant était si arrogante et si fière et si brave de coeur qu'elle ne voulait jamais souffrir que son homme la montât et la mît sous soi et l'abattît, ...attribuant à une grande lâcheté de se laisser ainsi subjuguer et soumettre : elle voulait toujours garder le dessus et la prééminence. Jamais elle ne voulut s'abandonner à un plus grand que soi, de peur qu'usant de son autorité et puissance il pût lui imposer sa loi, et la tourner, virer et fouler ainsi qu'il lui eût plu ; mais pour l'amour elle choisissait ses égaux ou ses inférieurs". Elle pouvait ainsi leur dicter leur comportement, de sorte que : "debout ou assis, ou couchés, jamais ses amants ne purent se prévaloir sur elle de la moindre humiliation, ni soumission, ni inclination qu'elle leur eût rendu".
Ce qui donne à d'autres des idées pour ne pas avoir à mentir à leurs maris : "Cette dame voulait toujours faire l'amour en étant dessus et soumettre à soi son homme... Elle disait que, si son mari ou autrui lui demandait si untel lui avait fait l'amour, elle pourrait ainsi toujours jurer et nier, et protester en toute sécurité sans offenser Dieu, que jamais il n'était monté sur elle".
Dans une société donnée, en fait, les individus ne sont pas libres de choisir pour le simple plaisir les positions dans lesquelles ils s'accoupleront : toujours les positions ont une signification, symbolisent quelque chose, sont l'objet d'idées reçues. En particulier, être dessus n'est jamais anodin : jusque dans l'intimité, les relations sociales de pouvoir sont présentes, et conditionnent les comportements.
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