La journée avait pourtant mal commencé : retour tardif de week-end la veille, passage à l'heure d'été difficile (ben, oui, c'est qu'on vieillit...), réveil matinal puis quelques mots désagréables échangés entre collègues. Enfin, il y eut le sourire de Laetitia...
Le Piano / La Guitare - La musique classique / Le rock
Chez moi, il y avait beaucoup de musique classique. Quand j'étais petite, je me prenais pour un chef d'orchestre. A la maison, quand mes parents n'étaient pas là, ce n'était pas le rock, c'était la musique classique. J'ai commencé le piano à l'âge de 12 ans. J'ai un rapport très affectif avec cet instrument. Je ne suis pas allée au conservatoire. Je ne m'en suis pas dégoûtée. J'aime encore beaucoup le piano et je compose encore beaucoup au piano. A l'âge de 18 ans, j'ai composé ma première chanson à la guitare, mais en anglais. Pendant assez longtemps, j'ai chanté en anglais, dans des groupes, mais c'était du rock. Très, très rock. Je ne me suis pas du tout révoltée de façon classique. J'aime autant la musique classique que le rock. Les deux sont très importants pour moi. Tu ne peux pas les dissocier.
La musique / Le théâtre - Le français / L'anglaisLa musique a toujours été dans ma vie mais pas au premier plan. Au premier plan, c'est depuis ce disque, il y a trois ans simplement. Finalement, c'est relativement récent. Le théâtre, je me trouvais très vite limitée dans l'expression. Ce qui m'intéressait, c'était de pouvoir toucher les gens avec une émotion qui m'était propre. Je trouvais qu'avec le théâtre, il y avait beaucoup d'intermédiaires entre soi-même et les gens : le texte, la psychologie des personnages. Il faut que le personnage te corresponde. Je n'étais pas le genre de comédiennes à savoir tout jouer. La musique a toujours été là. Quand j'ai repris le piano, je me suis mise à composer sans arrêt. Et puis, Dominique A, pour son disque "L'Horizon" a pris deux de ces morceaux : "Antaimoro" et "Adieu Alma". Avec l'anglais, je tournais en rond parce que je n'étais pas bilingue donc je ne pouvais pas m'exprimer autant que je le voulais. Avec le théâtre non plus. C'était des frustrations et avec des frustrations... Quand tu chantes en français, la voix se pose différemment, elle sonne moins. En anglais, tu peux chanter un peu tout ce que tu veux. Je n'ai pas la même voix en anglais et en français. Du coup, je me suis adaptée. J'ai vu que ça prenait ce pli là et je suis allée là-dedans. Mais ça n'empêche pas que sur scène, il y a des morceaux très rock.
Dominique ADominique a fait tous les arrangements et dès que Dominique fait de la musique, on reconnaît sa griffe. Il a une griffe assez marquée à la guitare. Il ramène ses boîtes à rythme. Certaines sont les mêmes que celles qu'il a utilisées pour "La Musique". C'est le même matériel, ce sont les mêmes sons. La grosse différence, c'est que Dominique, c'est un conteur. Moi, c'est vraiment une plongée dans mon inconscient. Après, on ne va pas pouvoir empêcher la comparaison. Je comprends tout à fait : on est tous les deux sur un registre mélancolique. On s'entend bien, et les personnes qui s'entendent ont une sensibilité commune. Il a beaucoup plus d'expériences que moi, donc je reçois beaucoup plus de lui. Mais, tout cela s'est fait naturellement.
Les eaux profondesQuand j'écris mes textes, c'est souvent au bord de l'inconscient, juste avant de m'endormir. Souvent, j'ai eu des textes qui sont sortis complètement spontanément, en écriture automatique. Ma première chanson, "Retournez-vous", elle est sortie avec la guitare, comme ça. Avant, j'arrivais moins à m'exprimer en tant que personne, en tant qu'artiste. Donc, j'étais pleine de frustrations. Il y a mon vécu qui bouillonnait à l'intérieur. Et à un moment donné, il a fallu que ça sorte. Mais quand c'est sorti, ça a été une complète libération, ça m'a fait beaucoup de bien.
La scèneLa tournée a déjà commencé au mois de mars. On n'est que deux sur scène : Dominique et moi. Lui, il apporte tous ses effets à la guitare, son jeu de pédales et ses boîtes à rythmes et moi, je suis au clavier. On a dû réadapter car il y a beaucoup moins d'arrangements que sur le disque. Avant de tourner à deux, on était quatre. Il y avait un batteur, un bassiste, un guitariste - Dominique - et moi. Les circonstances de la vie ont fait qu'il y a une personne qui est décédée : Denis, le batteur des Girls in Hawaï. On a dû faire ce deuil là. On n'allait pas continuer à trois, ça faisait bizarre. On voulait rechercher des nouvelles personnes mais il fallait recommencer tout le côté humain. Et puis, on a essayé à deux. J'ai fait la première partie de Dominique à La Réunion. C'était une façon d'essayer, ça a très bien marché, donc on a continué. C'est juste un heureux hasard. [...] J'apprends énormément à chaque concert. Forcément, quand on débute, chaque pas est un grand pas. Les retours que j'ai eus entre les tous premiers concerts et maintenant - pourtant, il n'y en a eu que vingt, ça reste quand même les débuts - apparemment, c'est le jour et la nuit. Enfin, c'est Dominique qui m'a dit ça. Je prends de plus en plus de plaisir. Je commence vraiment à me sentir bien.
Ses indispensables
- Arcade Fire "Funeral"
- Philipp Glass "Solo Piano"
- Antony and the Johnsons "I am a bird now"
- Anna Calvi "Anna Calvi"
Ses disques honteux
Quand j'étais adolescente, j'écoutais les Cranberries. Et maintenant, la honte...
Retournez-vous
C'est ma toute première chanson en français. J'en suis très fière. J'aime bien la chanter aujourd'hui, comme les mots sortent. J'aime bien la sonorité des mots.
Ses dernières découvertes musicales
Agnès Obel, El Perro del Mar, Cascadeur - je trouve ça génial, sa chanson est magnifique, "Walker", c'est un morceau rêvé, c'est tout ce qu'on devrait entendre dans un morceau -, The Devics.
L'avenir
Dominique m'a dit, tu verras, quand tu défends le disque, tu ne composes plus rien. Et bien, pas moi. Il y a déjà pas mal de nouveaux morceaux. On entend la progression, l'évolution de la voix. Je ne chante pas de la même façon. Je chante beaucoup moins avec le souffle. C'est beaucoup plus timbré. Avec Dominique, on va jusqu'au bout sur ce disque et après j'ai envie de m'envoler de mes propres ailes, avec d'autres musiciens. Là, c'était comme un tremplin, et après je veux passer à autre chose. Je pense que ça sera nécessaire.